Il n'y a d'armée que nationale. Ce caractère national est aux prises, aujourd'hui, avec la professionnalisation de l'armée et avec l'internationalisation des opérations militaires. Survivra-t-il aux progrès de l'intégration et au déclin de l'idée de nation ?
Armée et Nation
Une armée ne se définit pas seulement par l’importance de ses effectifs, la qualité de son armement ou par son mode d’organisation. Pour percevoir ce qu’elle a de vivant et qui fait son unité, il faut aller au-delà de ce qui se mesure et de ce qui se compte.
QU’EST L’ARMÉE DEVENUE ?
C’est un étrange animal qu’une armée, quand on y réfléchit. Comme la langue d’Ésope, elle peut être la meilleure ou la pire des choses : la meilleure quand, au prix de son sacrifice, elle achète le salut de la patrie ; la pire quand, soldatesque débandée, elle répand sur son passage la ruine et le deuil à la manière de ces « grandes compagnies » dont du Guesclin fut chargé de débarrasser le royaume. Elle n’est rien d’autre, par elle-même, qu’un concentré de force conçu et organisé pour tuer et détruire, contraindre et dominer de façon aussi efficace que possible. Le soldat lui-même est un être à double face : il a le visage de celui qui est voué à risquer sa vie comme un héros, et il a celui de l’homme qui est dressé à donner la mort comme un criminel.
Il s’ensuit que ni l’institution militaire, ni les hommes dont elle se compose ne peuvent être livrés à eux-mêmes : tout dépend de la cause qu’ils servent. Ils ressemblent à ces caisses de dynamite qu’il est conseillé de manipuler avec précaution et qu’il ne faut ni laisser traîner n’importe où, ni laisser tomber aux mains de n’importe qui.
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