La mise en place d’une Politique européenne de sécurité et de défense (PESD) se fonde sur le pragmatisme et l’ambition pour transformer des capacités virtuelles en capacités réelles et réunir autour de projets concrets, utiles et crédibles ceux qui veulent, et qui peuvent, aller de l’avant. Si le triangle Londres-Berlin-Paris est le moteur de toute action, un dialogue nourri avec tous les autres partenaires est à développer. Au-delà, des forces européennes de soutien, de ravitaillement et de surveillance, placées sous commandement unique, sont à constituer tout comme des groupes communs de combat. Le renseignement est un autre enjeu de la coopération européenne.
L'avenir de la défense européenne
À la demande d’Alain Juppé, fin 2002, j’ai mené une réflexion sur l’avenir de la défense européenne. Pour mener à bien ce travail ambitieux, je suis parti de l’actualité du moment : la division de l’Europe autour de la guerre en Irak. Alors que certains pensent que cette guerre a été le révélateur de l’éclatement de l’Europe, il me semble qu’elle a plutôt montré les limites de la Politique étrangère de sécurité et de défense (PESD) et la difficulté qui doit à chaque fois être surmontée : s’entendre sur l’analyse d’une crise, sur la réaction à adopter face à une politique américaine et sur une politique commune. Dès lors, cette prise de conscience est de nature à faire de cette crise un accélérateur, les Européens prenant conscience qu’unis ils auraient été plus influents à Washington. La crise irakienne a permis de recentrer le débat sur les questions fondamentales : quels sont les objectifs poursuivis dans la recherche d’une véritable défense européenne ? Quel doit être le niveau d’autonomie de l’Europe de la défense ou de la PESD par rapport à l’Otan et aux États-Unis ?
Comment penser la sécurité de la France aujourd’hui ?
Dans un premier temps, la réflexion a porté sur les éléments fondamentaux de la sécurité française aujourd’hui tant cette analyse permet de fonder une stratégie et une politique française en Europe.
Tout d’abord, les Français doivent être convaincus que la France est une puissance, certes pas la première, mais assurément parmi les seules qui comptent ; que cette puissance a des intérêts, qu’il est légitime de les défendre ; et que, par ailleurs, l’engagement européen n’est pas un engagement fondé sur l’altruisme mais bien sur une relation gagnant-gagnant.
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