Dans un constat lucide, le Haut responsable chargé de l’intelligence économique rappelle que l’information n’est plus constitutive du pouvoir, mais créatrice de valeur à partager. Aussi les entreprises et l’État doivent-ils s’adapter et mettre en place les organisations pour recueillir et partager l’information ; cela passe par l’orientation de la recherche, la synthèse et la diffusion de l’information. La compétition économique conduit à la fois à mettre en place des actions offensives, et symétriquement à défendre son patrimoine. La France étant en retard, il s’agit de passer de la défense économique active ; doctrine pouvant s’étendre progressivement à l’Union européenne.
Du renseignement à l'intelligence économique
Nous sommes dans un monde complexe et contradictoire, en évolution de plus en plus rapide, dans lequel le volume et la multiplicité de l’information transforment chaque individu, chaque entreprise, et chaque État, en acteur et arbitre d’un jeu qui souvent le dépasse. On sait plus, plus vite, et sur plus de choses tout en sachant que la vulnérabilité est en relation directe avec le volume du flux d’informations recueilli et que la réalité virtuelle prend parfois le pas sur la vraie. Face à la volonté de puissance d’entreprises ou d’États, nous trouvons d’autres États, des multinationales, et des organisations mafieuses ou terroristes. Il faut se souvenir que parmi les cent puissances mondiales les plus riches il y a plus d’entreprises multinationales que d’États. Il faut garder à l’esprit que les mafias et les organisations terroristes blanchissent leurs capitaux dans les entreprises et les organisations humanitaires ou charitables. Sous l’emprise des alliances politiques ou des accords commerciaux, des intérêts publics ou privés, de la pression internationale et des mouvements de capitaux, des approches philosophiques ou religieuses, du développement des organisations criminelles, l’ami peut être aussi l’ennemi, et le concurrent souvent partenaire.
Par ailleurs, comme le faisait remarquer récemment Jean-Marc de Leersnyder, la mondialisation et la dérégulation ont fondamentalement reconfiguré l’espace de la géopolitique en ajoutant les entreprises et autres acteurs de la société civile aux traditionnels acteurs publics et représentants du secteur non marchand. Pour exister comme acteur dans cet environnement instable, l’entreprise utilise l’anticipation par la pratique de l’intelligence économique et la diplomatie d’entreprise, qui inclut le lobbying, le développement durable et la citoyenneté d’entreprise. C’est à la suite de ce constat que les Anglo-Saxons, considérant que la sphère du commercial n’était plus distincte de la sphère du politique, ont fait rentrer la défense des intérêts économiques au cœur de la politique étrangère en application du concept de sécurité économique.
Enfin la capacité de travail des logiciels de traitement nous amène à devoir intégrer un changement de relation au temps et découvrir les contraintes de l’instantanéité. De même, le volume de données traitées nous fait découvrir que l’information n’est plus constitutive du pouvoir mais créatrice de valeur à partager.
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