La simulation informatique modélise aujourd’hui le terrain et les unités amies et ennemies permettant ainsi la préparation opérationnelle des forces. Bien conçue pour le combat conventionnel en zone ouverte, elle doit aujourd’hui faire face à l’impérieuse nécessité de permettre aussi la préparation des unités à affronter des situations de plus en plus complexes au milieu des populations, et face à un ennemi non classique. S’appuyant sur les nouvelles simulations comportementales, cet article décrit la manière dont la technologie essaie de répondre à ce défi, en restant toujours au service de l’homme.
Tout ce qui n'est pas la guerre est simulation
If it's not war, it's simulation
Today’s computer simulation models terrain and friendly and enemy units, and provides for operational preparation of forces. Such simulation has long been well designed for conventional combat in open areas, but now has to face up to an additional and pressing necessity to prepare units to confront not only increasingly complex situations in populated areas but also an unconventional enemy. This article looks at new behavioural simulation systems and describes how technology attempts to respond to this challenge whilst still serving man.
Les armées modernes du monde occidental ne trouvent plus aujourd’hui d’ennemi à leur mesure, d’ennemi symétrique. Et malgré leur supériorité apparente, les forces déployées dans les théâtres en crise semblent impuissantes à restaurer les conditions de la paix, du moins rapidement et seules. Il est alors tentant de se demander si la technologie n’a pas atteint ses limites, voire si elle n’a pas trompé l’homme sur ses réelles capacités. Peut-être aussi que cette approche un peu manichéenne est excessive et que, comme l’homme, la technologie doit s’adapter. En limitant nos propos au domaine de la simulation, nous chercherons à montrer en quoi la technologie a toujours un rôle à jouer et comment celle-ci aidera le soldat et le chef à mieux se préparer à cette nouvelle conflictualité. Après avoir mis en évidence la place centrale de l’homme dans les conflits actuels, puis rappelé ce qu’apporte la simulation dans la préparation des forces aujourd’hui, nous indiquerons les évolutions majeures à venir que devra connaître ce domaine.
L’homme au cœur de l’action
Dire que l’homme est au centre des conflits actuels est une évidence, et ceci n’est d’ailleurs pas réellement nouveau. Pourtant les conflits contemporains et le rôle que les armées sont amenées à y jouer sont tels que cela est encore plus vrai aujourd’hui. Dans un affrontement symétrique, le combat consiste principalement à détruire suffisamment l’adversaire pour le convaincre de renoncer, ou le forcer à céder un territoire. Ces objectifs atteints, la force militaire peut néanmoins être confrontée à une résistance susceptible de retourner la situation, a fortiori si elle est aidée de l’extérieur. En fait, les véritables et récentes évolutions portent sur le rôle joué par les populations, et celui joué par les médias. L’ennemi d’aujourd’hui a su mettre en place une stratégie qui, contournant sa très grande faiblesse en forces traditionnelles, place les armées modernes et leurs chefs dans des situations d’une grande complexité.
En transportant son action offensive dans les zones urbaines, en s’attaquant à toute sorte de cible y compris les plus injustes (femmes et enfants), l’ennemi a su amener les armées sur un terrain qui leur est défavorable. Dans le même temps, la présence des médias, permanente en ces lieux, donne un effet amplificateur aux événements, ce qui conduit à limiter la liberté d’action tant recherchée par le chef militaire. La population, tantôt victime ou tantôt complice, est plus que jamais l’enjeu de ces combats. Cette nouvelle stratégie, et les tactiques terroristes qui en découlent, conduisent les armées et le chef militaire à devoir faire face à ce que l’on nomme aujourd’hui la nouvelle conflictualité. La force militaire peut vivre simultanément en différents endroits d’un même théâtre, ou successivement dans de courts délais, des combats d’intensité et de typologie très variables. Le chef, à de multiples niveaux, doit donc faire preuve de capacités d’adaptation importantes et d’un sens élevé de la situation. La moindre erreur peut entraîner des conséquences lourdes, notamment parce qu’amplifiées et parfois portées au niveau politique. Cette complexité en opération impose donc d’adapter la préparation des forces, que ce soit dans le cadre de l’instruction ou de l’entraînement. Si les savoir-faire traditionnels ne sont pas remis en cause, de nouveaux sont à acquérir. Le processus de montée en puissance d’une unité destinée à être projetée suppose qu’elle soit à même d’affronter d’emblée l’ensemble des situations possibles.
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