De nombreuses évolutions récentes justifient de porter une attention renouvelée à la formation éthique du combattant. Les réponses apportées par le droit ne couvrent pas toutes les situations auxquelles le soldat peut être confronté, il faut donc éduquer sa conscience afin qu’il puisse adopter, face à des situations critiques, des comportements conformes au service d’un État de droit, et à l’honneur. Cette formation fait appel à la connaissance des textes, à l’exercice des qualités intellectuelles, et surtout à la pratique de la remise en cause personnelle.
Éthique et opérations : formation du combattant
Ethics and operations: training the combatant
A number of recent developments justify renewed attention being paid to the ethical training of combatants. The guidance given by the law does not cover all the situations with which a soldier may be faced. His conscience must therefore be educated so that, in a critical situation, he can adopt behaviour appropriate to the service of a constitutional state. This training is based on a knowledge of the law, the use of intellectual faculties and above all on the habit of self-questioning.
Dans l’environnement actuel, plusieurs facteurs nouveaux ont un impact sur le métier de soldat qui, pour E. de La Maisonneuve, « est avant tout affaire de circonstances [et] n’a de réalité qu’en épousant son temps » (1).
Le déclin des idéologies, d’abord, s’accompagne d’un accroissement de la demande morale, et les relations internationales sont régies par le droit beaucoup plus qu’auparavant. La judiciarisation de la société a également débordé largement sur le monde militaire. L’emploi de la force est de ce fait soumis à une plus forte exigence de légitimité et de justification.
La nature des conflits s’est également modifiée. Il s’agit aujourd’hui généralement de crises dans lesquelles le soldat n’a pas d’adversaire déclaré. L’ennemi d’un jour peut être celui avec qui il coopérera le lendemain. Les réponses à apporter à des modes d’action asymétriques (attentats, mise en avant de foules, emploi d’enfants soldats, etc.), dorénavant fréquents, sont souvent porteuses de dilemmes moraux. Plus encore, l’amoralité de certains acteurs ne doit pas conduire le soldat à s’exonérer lui-même des contraintes morales. Il a ainsi l’obligation d’utiliser la force avec discernement, avant tout pour ne pas se rabaisser au niveau de ceux qu’il combat. L’asymétrie des éthiques n’est pas nouvelle, mais les problèmes posés sont plus aigus dans un tel contexte.
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