Connaissant une globale baisse de moral, les officiers de l’Armée de l’air semblent se désinvestir progressivement de leurs fonctions. Divers facteurs exogènes et endogènes, parmi lesquels figurent la réduction du champ des responsabilités, les difficultés à exercer l’autorité, ou encore un manque de reconnaissance socioprofessionnelle, peuvent expliquer le mal étrange dont souffre ce corps. Vécu sur le mode d’une crise d’identité et de légitimité, ce malaise pourrait être jugulé grâce à une redéfinition des prérogatives de l’officier, ainsi qu’à une revalorisation de son statut.
Malaise dans le corps des officiers de l'Armée de l'air
Unease amongst Air Force officers
Experiencing a widespread lowering of morale, [French] Air Force officers seem to be progressively losing interest in their role. A number of factors, both internal and external to the service, including fewer responsibilities, difficulties in exerting authority and a loss of socio-professional recognition, might explain this strange unease afflicting the officer corps. Perceived as a crisis of identity and legitimacy, this unease could be arrested by a redefinition of the prerogatives of an officer and by a boosting of his status.
« Faut-il rappeler que les grandes crises sont des crises de sens ? »
Alexandre Dorna, Le leader charismatique
Malaise dans le corps…
Indices et signaux faibles
Le refus d’intégrer le corps
Divers indices convergents semblent révéler que le corps des officiers traverse actuellement une grave crise. En amont, ce malaise s’exprime par un refus croissant d’intégrer ladite communauté. Les concours externes, tel celui de la prestigieuse École de l’air (EA), ont vu baisser régulièrement les chiffres relatifs au nombre de candidats inscrits de près de 30 % en sept ans, passant de 1 347 en 1997 à 988 en 2004. Cet infléchissement, qui pourrait aisément s’expliquer dans une conjoncture économique faste, entraînant une sérieuse concurrence des salaires offerts par le secteur civil et les entreprises privées, se conçoit assez mal eu égard à la situation actuelle, dans laquelle sévissent chômage et précarité de l’emploi. La plupart des autres concours de l’État ne cessent d’ailleurs de voir augmenter le nombre d’impétrants aux postes (1). Ainsi, le recrutement global des jeunes militaires des autres corps (VMDR, MTA, etc.) connaît, à l’inverse, un engouement non démenti.
Les concours internes, eux aussi, voient le nombre de postulants diminuer de manière significative. Ainsi, celui de l’École militaire de l’air (EMA), permettant notamment à des sous-officiers ainsi qu’à des officiers sous-contrat d’accéder au statut d’officier de carrière, est-il passé de 688 candidats en 1995 à 468 en 1999, pour atteindre 328 en 2005, soit une baisse de 52 % en dix ans. Les candidats officiers issus du rang sont également moins nombreux à postuler, puisqu’ils étaient 158 en 1996, et ont atteint un record de 233 en 2002, contre 86 en 2005 comme en 2006. Ce phénomène ne peut se comprendre que par des problèmes intrinsèques au corps ou liés à son image.
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