Logique historiquement, naturelle géographiquement, décisive opérationnelle, l’alliance géostratégique entre riverains de l’Atlantique Nord fut contractée pour faire pièce à l’expansionnisme soviétique. Depuis lors, l’Otan, vit au rythme de ses membres et évolue avec eux à la demande, mais sans réelle intégration institutionnelle. Le prochain sommet de Riga va poursuivre cette adaptation aux nécessités stratégiques du temps présent alors qu’une rupture s’imposerait sans doute.
C’est le véritable objet de cette réflexion composée à deux voix, américaine et française, reflet du dialogue que peuvent – et doivent – entretenir Nord-Américains et Européens pour adapter l’Alliance atlantique, leur alliance, aux réalités stratégiques du monde du XXIe siècle. Cette Alliance perdurera si ses membres savent agir en vrais partenaires partout où leurs analyses convergent, et s’ils apprennent à mieux réguler leurs interactions partout où leurs intérêts et leurs priorités divergent.
Transatlantic dialogue
Given the threat of Soviet expansionism at the time, the geostrategic alliance formed by North Atlantic countries was historically logical, geographically natural and operationally decisive. Its intergovernmental body (NATO), therefore, has been coexisting and evolving with its members, who have always preferred ad hoc adaptation to institutional integration. The upcoming Riga summit will most likely continue this tradition of adaptation to the current strategic requirements, although a break from past practices remains necessary. This article reflects this very point. As the work of two authors, one French and the other American, it highlights the sort of dialogue that North Americans and Europeans could–and should–hold if they hope to adapt their alliance to the strategic realities of the twenty-first century. The Alliance will have a future provided its members continue to work in partnership whenever their interests and approaches converge, and if they interact more effectively whenever their interests and priorities diverge.
Tout au long de sa longue histoire, l’Otan a fait l’expérience de crises internes, mais elle a survécu tant bien que mal à ses désaccords. La querelle de famille des années 2002-2003 sur la question irakienne, en mettant sa cohésion à rude épreuve, a constitué l’un des points culminants de ces différends. C’est l’une des raisons, mais pas la seule, pour laquelle on pouvait voir en 2005 l’ensemble atlantique peiner à se rassembler autour d’une « directive politique globale », celle qui sera présentée à Riga ce mois-ci. C’est que l’Otan a récemment enduré deux fortes perturbations, celle des années 90 puis celle qui a suivi le 11 septembre 2001. Et si tous les Alliés ont ajusté leurs capacités politico-militaires à ces bouleversements, chacun l’a fait à son rythme et à des degrés divers (1). En ce sens on peut soutenir que les actuelles tensions que connaît l’Otan proviennent non seulement de la crise irakienne, mais aussi de l’absence de synchronisation générale dans la transformation de l’Alliance qui a eu pour conséquence d’affaiblir la cohésion d’ensemble des Alliés.
Quand on critique l’Alliance, il faut certes avoir en mémoire ce manque de synchronisation, mais aussi reconnaître qu’elle a su s’adapter avec un certain succès aux réalités stratégiques rencontrées depuis quinze ans. La question de savoir si l’Otan pouvait opérer « hors-zone » est désormais dépassée ; les dispositions de l’article 5 s’appliquent aux agressions perpétrées par des acteurs non étatiques, comme les actes terroristes ; l’Alliance entretient avec la Russie une relation de travail évolutive et constructive, bien que fragile ; malgré les difficultés d’action dans un milieu aussi complexe, l’engagement de l’Otan en Afghanistan a permis le déroulement d’élections décisives ; le soutien de planification apporté à la coalition en Irak a constitué un début de présence de fait de l’Alliance au Moyen-Orient, prolongé aujourd’hui par un programme de formation des forces de sécurité irakiennes ; la Nato Response Force (NRF) enfin, « force de réaction de l’Otan » qui atteint sa pleine capacité opérationnelle, a permis de restructurer l’action collective notamment face à des catastrophes naturelles comme lors de l’ouragan d’août 2005 sur le golfe du Mexique et le tremblement de terre qui suivit en octobre au Pakistan. Les sceptiques se doivent de reconnaître ces évolutions maîtrisées, mais ils ont raison de relever qu’elles n’offrent aucune garantie d’avenir.
Pour que l’Alliance reste une organisation de sécurité utile au XXIe siècle, il faut encore que les 26 membres qui la composent maintenant clarifient leurs visions sur la nature et le rôle futur de son organisation opérationnelle, l’Otan.
Pour une Alliance atlantique durable, le dialogue dont nous avons besoin
Une Alliance en mouvement continu, qui prépare l’étape de Riga
Une vision commune mais nuancée
Positions européennes
Positions américaines
Un vrai dialogue qui requiert une véritable transformation culturelle
Dépasser nos divergences