Alors que la question de l’avenir de l’Otan demeure sur la table, au moins sur celle des chercheurs et du monde académique, cette organisation joue sa réputation et sa crédibilité en Afghanistan. Au plan national canadien, ce sont de nombreuses questions qui sont soulevées au sein des forces armées et des dirigeants politiques : les moyens vieillissants des forces canadiennes ; la place de l’Otan dans la stratégie diplomatique canadienne ou encore la marge de manœuvre vis-à-vis de son voisin et allié de toujours, les États-Unis. Cette question afghane est devenue l’enjeu prioritaire du gouvernement minoritaire de Stephen Harper, dans un climat politique agité par des rumeurs d’élections législatives anticipées et les pertes canadiennes en vie humaine.
Le Canada dans l'Otan : quels moyens pour quelle influence ?
Canada within NATO-what assets and for what influence?
Whereas the future of NATO is still being debated, at least by researchers and the academic world, the organisation itself is risking its reputation and credibility in Afghanistan. From the Canadian national point of view, this raises a number of questions with respect to its Armed Forces and political leaders: ageing equipment; the part NATO plays in Canadian diplomacy or even its room for manoeuvre vis-à-vis its long-term ally, the United States. The Afghan issue has become the primary concern of the minority government of Stephen Harper in a political climate troubled with rumours of early legislative elections and the loss of Canadian lives.
Pour la première fois de son histoire, le Canada rejoint en 1949 une alliance militaire en temps de paix. Parfois fortement impliqué, parfois en retrait notamment en fonction de l’état de ses relations avec son grand voisin du Sud, la politique canadienne de défense à l’égard de l’Alliance a été ambivalente. Au gré du rapport de force entre les deux blocs, les militaires canadiens traversèrent l’océan Atlantique dans un sens, puis dans l’autre. C’est ainsi que dans les premières années de l’Alliance, la contribution canadienne comprenait une brigade terrestre de 6 700 hommes, une division aérienne de 12 escadrons (près de 300 avions) stationnées de manière permanente en France et en Allemagne, ainsi qu’une quarantaine de bâtiments de guerre. Amorcée dans les années 70, le retrait définitif d’Europe est devenu effectif en juillet 1993.
La place de l’Otan, tant dans la politique de défense que pour la politique étrangère du Canada, ne peut être saisie qu’à travers l’importance pour ce dernier de vouloir défendre, par la voie du multilatéralisme, sa position de puissance moyenne héritée de la Seconde Guerre mondiale. L’unanimité étant la règle au sein de l’Alliance, cette structure politico-militaire était conçue à Ottawa « non seulement comme un renforcement (de sa défense), mais aussi comme un support politique, économique et psychologique supplémentaire (…). Elle constituait aussi une précieuse occasion pour le Canada de jouer un rôle international à la mesure de ses nouvelles ambitions » (1). La fin de la guerre froide qui eut pour conséquence un désinvestissement dans le domaine de la défense, mais surtout la crise économique traversée par le pays au cours des années 90 auront raison des ambitions canadiennes et des puissances moyennes dans l’action multilatérale (2).
Depuis, le Canada n’a jamais cessé de soutenir l’élargissement et la transformation de l’Otan et tente d’y jouer un rôle certes actif, mais limité.
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