Quatre mots-clés semblent essentiels : l’espace, l’Europe, la dualité et la compétitivité. Ceux-ci sont liés les uns aux autres. Le ministre de la Défense, Michèle Alliot-Marie les a ainsi repris dans son introduction au rapport du Gosp (Groupe d’orientation stratégique de politique spatiale de défense) ⁽¹⁾, concernant les perspectives ayant trait à l’activité spatiale de défense. « En ayant recours autant que possible », déclare-t-elle « à la coopération européenne et à la dualité, un effort national accru de 50 %, doublé d’un effort similaire au niveau européen, permettra de franchir une première étape clé dans le cadre d’une politique spatiale européenne ambitieuse ». Par ailleurs, du point de vue de l’industrie, le thème de la compétitivité est indispensable et ce, afin d’assurer le maintien des compétences, des emplois, des capacités de recherche et développement. Cette ambition est difficile à mettre en œuvre étant donné la concurrence très forte auxquelles les entreprises de ce secteur doivent faire face, notamment de la part d’industriels implantés dans des pays où les taux de change sont plus favorables que ceux de l’euro. Depuis quelques années, les entreprises européennes souffrent de cette situation monétaire ; elles ont ainsi mis en place des plans de compétitivité pour assurer leur avenir ainsi que celui des emplois.

La compétitivité doit s’appuyer sur deux piliers majeurs. Tout d’abord sur les synergies entre les domaines civil et militaire, autrement dit la dualité des activités spatiales. Et d’autre part, sur un second pilier qui est celui de la recherche de coopérations structurées au niveau européen. Il est nécessaire de préciser que la dualité est beaucoup plus importante dans le cadre des industries européennes qu’aux États-Unis. En effet, l’industrie américaine, dans ce domaine, peut envisager son développement en se basant uniquement sur les contrats de défense. Il n’en va pas de même pour l’industrie européenne, qui doit être présente sur les marchés civils. Quant aux recherches de coopérations structurées, elles sont fondamentales. Or, la plupart des programmes de défense sont nationaux. Pour renverser cette tendance, il est nécessaire d’envisager le développement de programmes en coopération multi-pays et de programmes duaux. En outre, au niveau de la construction de ces coopérations européennes, la France doit conserver un rôle moteur. Aucun autre pays ne semble être en mesure de tirer de la même manière la construction européenne au-delà du domaine civil, pour se rapprocher de celui de la défense.

La dualité

Dualité des technologies et des techniques spatiales

Les technologies du spatial sont par nature duales. Dans ce domaine, de nombreux points communs existent entre les solutions proposées pour les deux secteurs de la défense et du civil. Les plates-formes de satellite en sont un bon exemple. Ainsi, elles sont identiques pour le programme Spot (dans le civil) et le programme Helios (défense) ; les programmes ont d’ailleurs été développés en parallèle par le ministère de la Défense et le Cnes. Il en va de même pour les plates-formes de satellites de télécommunications. La plate-forme Spacebus, base des satellites commerciaux, a également servi pour le programme Syracuse. Il existe beaucoup de points communs également en matière de charges utiles et d’instruments.