La République islamique d’Iran estime le contexte régional et international favorable à sa stratégie de « dissuasion asymétrique » à l’abri de laquelle se poursuit son programme nucléaire. Pour les dirigeants iraniens, les « déclarations de guerre » lancés par les puissances occidentales font partie d’une « guerre psychologique », ces puissances étant « dissuadées » de mener une quelconque opération préventive pour arrêter ou retarder le programme nucléaire iranien. En effet, Washington, Tel-Aviv et Paris, et avec eux la communauté internationale, sont exposés à la machine de guerre et de terreur iranienne. La « dissuasion » fonctionnera-t-elle pour autant, si l’Iran maintenait ses ambitions nucléaires ? La communauté internationale ne manquera pas de poser le problème actuel sous forme d’une opération de « pertes et profits », avant que l’Iran n’accède réellement à l’arme atomique et ne fasse jouer pleinement la dissuasion nucléaire.
République islamique d'Iran
The Islamic Republic of Iran
The Islamic Republic of Iran judges the regional and international context favourable to the strategy of ‘asymmetric deterrence’ which protects its nuclear programme. In the eyes of the Iranian leadership, the ‘declarations of war’ made by the Western powers are part of a psychological war, and these powers are ‘deterred’ from conducting preventive operations to halt or retard the Iranian nuclear programme. Washington, Tel Aviv and Paris, and with them the international community, are exposed to the Iranian war and terror machine. Will ‘deterrence’ work though, if Iran maintains its nuclear ambitions? The international community will continue to consider the problem in the form of a ‘profit and loss’ operation before Iran actually develops a nuclear weapon and is able to operate full nuclear deterrence.
L’Iran maintient le cap et son programme nucléaire progresse à l’abri d’une stratégie de dissuasion « non nucléaire », asymétrique, que les dirigeants iraniens pensent suffisamment crédible pour protéger la République islamique d’une attaque américaine, israélienne ou maintenant française. Pour les stratèges iraniens, Israël est à la portée des missiles iraniens (1). L’État hébreu de surcroît sous la menace permanente d’un regain de violence dans les territoires palestiniens noyautés par Téhéran via le Hamas notamment, et à partir du Liban, via le Hezbollah et en dépit de la présence d’une force d’interposition de l’ONU. La sécurité des forces américaines en Irak dépend désormais en bonne partie du bon vouloir des services iraniens et des Pasdarans présents dans ce pays. Les navires de guerre de l’US Navy présents dans le golfe Arabo-Persique, comme les installations militaires américaines, notamment à Bahreïn et à travers le Golfe, sont eux encore à la portée des attaques de missiles iraniens. Les Iraniens peuvent également compter sur les cellules du Hezbollah réparties dans des pays du Golfe (Arabie saoudite, Emirats arabes unis, Bahreïn, Koweït) et dans d’autres pays proches de Washington (Jordanie, Turquie) afin de déstabiliser l’environnement sécuritaire dans ces pays. Enfin, les dirigeants iraniens sont aujourd’hui conscients, alors que le cours du pétrole franchit de nouveaux records, que leur capacité de nuisance sur le plan énergétique et de l’économie globale est de plus en plus évidente pour l’Occident. L’Iran pense être ainsi protégé par ces « ceintures de sécurité », auxquelles il convient d’ajouter le regain d’intérêt de la Russie pour la région, qui profite à la République islamique dans le contexte actuel.
L’Occident tente de déstabiliser la stratégie iranienne, et la France est mise à contribution, en dépit des menaces qui pèsent sur ses intérêts, avec les perspectives d’en tirer quelque avantage sur le double plan géopolitique et économique. Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad parlait le 22 septembre 2007 de « guerre psychologique » contre son pays.
La « déclaration de guerre » lancée contre l’Iran par le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, la veille de sa visite à Moscou, qui fait suite à la sévère mise en garde adressée à Téhéran par le président Nicolas Sarkozy lors de la conférence annuelle des ambassadeurs, suscite des interrogations sur les risques réels d’une confrontation ouverte entre la République islamique et la communauté internationale. Plus particulièrement, ce ton, peu diplomatique, adopté par le chef de la diplomatie française, soulève de sérieuses interrogations sur les perspectives d’évolution des relations franco-iraniennes au cours des prochains mois. D’autant que le président français a maintenu un discours particulièrement ferme à l’égard de Téhéran, lors de son intervention télévisée du 20 septembre 2007, tout en évitant de parler de « guerre ».
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