La création d’une École nationale d’Administration a constitué une innovation remarquable dans notre organisation administrative. Elle représente l’un des aspects les plus caractéristiques et peut-être la pièce maîtresse de la réforme de la fonction publique peu après la Libération.

L’existence éphémère d’une École d’Administration instituée sous la deuxième République, l’échec répété des projets qui avaient tendu avant guerre à faire revivre une semblable institution, les réserves que son principe même provoquait, montrent que l’entreprise n’était pas tellement aisée. Pourtant la réforme a été hardie et la nouvelle École a reçu une très vaste mission dont les répercussions sont capitales pour l’avenir de notre vie publique. Elle a été chargée de recruter et de former non seulement l’ensemble des fonctionnaires qui se destinent aux grands corps traditionnels de l’État, mais aussi les administrateurs civils, nouveau corps inspiré du « civil service » anglais qui doit constituer les cadres de la plupart des ministères et de certains de leurs services extérieurs. C’est ainsi qu’elle prépare à de nombreuses carrières parmi lesquelles le Conseil d’État, la Cour des comptes, les Inspections générales des finances et de l’administration, les corps diplomatique et consulaire, le corps préfectoral, les services civils d’Algérie, le contrôle civil du Maroc et les administrations centrales de presque tous les ministères.

L’École a maintenant quatre ans d’existence. Sans entrer dans le détail de son fonctionnement, ni rappeler les difficultés que sa mise en train a pu soulever, il est dès maintenant possible d’examiner utilement les problèmes essentiels auxquels elle a eu à faire face, les moyens qu’elle a employés pour les résoudre, et les résultats obtenus. Ces problèmes ont trait au recrutement des élèves, à leur formation, aux conditions de leur accès à la fonction publique.