La France est engagée significativement en Afghanistan aux côtés de ses alliés américains et européens. Cet engagement reconnu et souhaité, se justifie par plusieurs intérêts stratégiques notamment celui de la solidarité transatlantique. Alors que le théâtre afghan semble être un concentré de problématiques politico-militaires et un laboratoire d’expérience sans précédent pour l’Alliance atlantique, la France peut créer la surprise stratégique en privilégiant dorénavant l’approche globale interministérielle, seule réelle clé du succès.
L'Otan et la France en Afghanistan
NATO and France in Afghanistan
France is heavily involved in Afghanistan alongside its US and European allies. A number of strategic interests, in particular transatlantic solidarity, justify this involvement, which is both recognised and wanted. While the Afghan theatre seems to be a mix of politico-military problems and an unprecedented test-bed for the Atlantic Alliance, France may create strategic surprise by now favouring an interministerial approach, which it sees as the only real key to success.
La France est engagée significativement, et pour l’essentiel militairement, dans les deux opérations multinationales qui se côtoient en Afghanistan. Conduisant leurs opérations en synergie malgré des mandats radicalement différents, l’une est une coalition menée par les États-Unis pour lutter contre le terrorisme, et l’autre est conduite par l’Otan. Bien que n’ayant pas a priori d’intérêt stratégique déclaré en Asie centrale, la France tient surtout à manifester sa solidarité vis-à-vis de ses alliés américains et européens. Elle n’a pas vocation à rester sur le sol afghan, mais a un intérêt stratégique à maintenir son engagement aux côtés des trente-neuf autres nations alliées ; tout du moins tant que la situation sécuritaire l’exigera et que les autorités afghanes n’assumeront pas de façon autonome leur sécurité et leur souveraineté sur l’ensemble du pays.
Un engagement significatif témoin de notre solidarité transatlantique
Dans le sillage de l’intervention américaine en Afghanistan, à la suite des attentats terroristes du 11 septembre 2001, la France décide de participer à la Coalition menée par les États-Unis dans le cadre de l’opération Liberté immuable (Operation Enduring Freedom-OEF) afin de prévenir la reconstitution d’un sanctuaire terroriste islamiste et l’émergence d’un narco-État. Sa contribution est significative, elle s’exerce dans les trois composantes terrestre, maritime et aérienne. À l’été 2003, alors que la France est vilipendée pour son opposition à l’engagement en Irak, un détachement de Forces spéciales est projeté dans le Sud de l’Afghanistan pour afficher surtout sa solidarité indéfectible à l’égard des États-Unis.
Parallèlement, l’Otan assure le commandement de la Force internationale d’assistance à la stabilité (Fias) depuis août 2003. Elle planifie dès le printemps 2006 son expansion géographique à tout le théâtre afghan en remplacement d’OEF, considérablement réduite et dont la phase d’éradication du terrorisme islamiste est déjà officiellement révolue. Au titre de la solidarité à l’égard des membres de l’Alliance, et en particulier les Européens, la France propose dès le début sa participation à la Fias en entreprenant la création d’un commandement régional à Kaboul, ville emblématique et cœur politique de l’Afghanistan. Elle assumera le commandement tournant de la région Capitale (RC-C) pendant huit mois dès août 2006 et y participera successivement avec la Turquie (avril 2007-décembre 2007) puis avec l’Italie (décembre 2007-août 2008). La France est liée à ses deux autres partenaires du RC-C par des accords trilatéraux jusqu’en août 2008.
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