Serions-nous passés de la guerre froide à la paix froide ? Comment en sommes-nous arrivés là ? Jusqu’où et comment ne pas aller trop loin sur cette route ? L’auteur tente de répondre à ces questions rappelant le conseil de Churchill : « N’humiliez jamais la Russie » !
Guerre et paix froides
Cold War ans Cold Peace
Is it possible that we have gone from Cold War to Cold Peace? How have we reached this point, and how far along this road is too far? The author attempts to answer these questions, recalling Churchill’s counsel: ‘Never humiliate Russia’.
Moins de vingt ans après la disparition de l’URSS, les relations entre le monde occidental et la Russie se sont profondément dégradées. Il ne se passe désormais guère de jours sans que la presse internationale ne vienne nous relater un nouveau sujet de friction ou faire état de menaces de la part de Moscou dans un style qui n’a rien à envier à celui en usage lors de la guerre froide. Comment en sommes-nous arrivés là ? Quelle est la part de responsabilité des personnalités au pouvoir à Washington et à Moscou ? S’agit-il de l’opposition de systèmes géopolitiques incompatibles ? Quelle est l’influence du débat électoral en cours en Russie ? Jusqu’où et comment ne pas aller trop loin sur cette route ? Pour tenter de répondre à ces questions, il convient tout d’abord de s’interroger sur les racines de la situation actuelle.
L’effondrement de l’URSS a constitué un ébranlement majeur du système géopolitique mondial. Pour Washington, il devenait possible d’établir des relations pacifiques et amicales avec Moscou dès lors que la Russie se doterait d’un régime démocratique — les démocraties ne se font pas la guerre — et adopterait le modèle de l’économie libérale. Mais, pour qu’il puisse en être ainsi, il fallait que la Russie cessât d’être un empire. Le devoir, tout comme l’intérêt du monde occidental était donc d’aider les Républiques nées de la désintégration de l’URSS à s’affranchir de l’influence de Moscou, à développer leur économie et à adopter des régimes démocratiques. Par exemple, la construction d’un réseau de transport des hydrocarbures permettra aux Républiques d’Asie centrale d’évacuer leur production vers la Turquie et de s’affranchir du monopole russe. De la même manière, l’élargissement de l’Otan étendra progressivement la stabilité et la démocratie sur le continent euroasiatique, ce qui à terme ne pourra être que bénéfique pour la Russie.
Qu’une telle politique provoquât quelques frictions était sans doute inévitable mais, pour ses concepteurs, la Russie n’avait guère d’autre choix que celui de s’aligner sur le monde occidental en raison de sa situation démographique. Ne perd-elle pas chaque année quelque 750 000 habitants, tandis que la population de ses voisins asiatiques ne cesse de croître ?
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