Depuis la professionnalisation, les armées recrutent des contractuels (53 % des effectifs), dont les deux tiers n’accéderont pas au statut de carrière ; plus de la moitié n’auront pas droit à pension. Que faire de ces partants (8 % des effectifs chaque année) ? Les reconvertir, mais qu’est-ce que la reconversion ? Quelle politique en la matière ? Cet article tente d’examiner les données de la situation actuelle, les questions qu’elle pose et les réponses qui pourraient être apportées.
La reconversion des militaires, mythe ou réalité ?
Military resettlement: myth or reality?
Since ‘professionalisation’, the armed forces have recruited personnel on fixed-term contracts (53 per cent of their strength), two-thirds of whom will not complete a full career in the services; over half of them will not be eligible for a pension. What should be done for those leaving (8 per cent of the services each year)? The answer is resettlement, but what is that and what is the policy on it? This article looks at the current situation, the questions it raises and possible answers.
Au premier rang des attraits de la condition militaire figure, certes, une grandeur qui peut conduire au sacrifice et masquer une servitude souvent astreignante. Cette carrière présentait naguère d’autres qualités et d’abord celle de la stabilité professionnelle. Sauf à être tué ou avoir massacré père et mère, on restait dans l’armée ou dans la marine toute la vie, ou presque. Au moins n’en partait-on qu’avec des droits à pension. Au besoin d’un personnel très jeune pour une durée, par définition, brève répondait la conscription.
Elle a disparu. Nos armées sont « de métier ». Il leur faut cependant continuer de faire appel à des jeunes. On les rendra à la vie civile après une période plus longue que celle de l’ancien service militaire mais plus restreinte que les quinze ans qui ouvrent droit à la retraite. Ainsi, ne choisit-on plus toujours le métier des armes pour la vie mais une fraction de vie. Le haut comité d’évaluation de la condition militaire (HCECM) l’a bien vu dans son premier rapport (1). Il y souligne que « 53 % des militaires… servent actuellement sous contrat à durée déterminée alors que les contractuels ne représentent que 7 % de l’effectif de la fonction publique de l’État ».
Que vont-ils devenir ces anciens militaires jetés sur le marché du travail, souvent sans droits à la retraite, après avoir passé quelques années sous les drapeaux ? Cette question, si elle n’a pas de réponse, ne risque-t-elle pas de diminuer l’attrait de la condition militaire pour ceux qui en envisageraient le choix ? Il y a une réponse. Elle figure à l’article premier du Statut général des militaires. « Il offre à ceux qui quittent l’état militaire les moyens d’un retour à une activité professionnelle dans la vie civile », même si l’article 62 (pour l’accès à la fonction publique civile) et surtout 65 conditionnent ce droit à un agrément préalable. Pourtant, la politique actuelle, et peut-être, ce serait plus grave, la politique projetée de la reconversion font l’objet de critiques, paraissent manquer de hauteur de vue, coûtent cher pour des résultats parfois discutables. Quels constats ? Quelles réponses envisager ? Quelles remarques formuler ?
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