Le devoir de mémoire et le devoir d’histoire participent, par-delà leurs antagonismes, de la construction civique du citoyen. En ce sens, l’apport de ces derniers tant en termes de développement de la conscience critique que de responsabilisation de l’individu, renforce l’esprit de défense de la nation. Si la mémoire participe de la construction de l’identité d’un peuple, le devoir de mémoire témoigne d’un désir de réconciliation qui n’est pas repentance. C’est pourquoi, l’actuel contexte de guerre des mémoires qui fragilise l’identité républicaine doit être considéré comme une véritable menace. Ainsi, combattre le terrorisme mémoriel appelle le développement d’un devoir d’histoire au nom du devoir de défense.
Devoir de mémoire, devoir d'histoire, devoir de défense : réflexions sur un triptyque d'avenir
Duties of remembrance, of history and of defence
The duty of remembrance and the duty of history, beyond their antagonisms, contribute to the civic formation of the citizen. In terms of the development of a critical conscience and of making the individual aware of his responsibilities, they serve to reinforce the national defensive spirit. As remembrance is a part of the construction of a people’s identity, the duty of remembrance signifies a desire for reconciliation that is not penitence. The current ‘remembrance war’ weakens the sense of republican identity, and should be considered as a real threat. Combating this ‘memorial terrorism’ calls for the development of a duty of history for the sake of the duty of defence.
Devoir de mémoire, devoir d’histoire et devoir de défense sont trois notions dont la complémentarité devient évidente dans le cadre des valeurs donnant sens à l’esprit de défense. En effet, chacun de ces termes concourt à la fabrication de l’identité collective qui fonde pour partie l’identité individuelle. La mémoire rassemble et est vecteur de solidarité, tout comme le devoir de mémoire oblige et conduit à la réconciliation, tant que ces notions ne font pas l’objet d’une tentative d’instrumentalisation.
L’actuelle guerre des mémoires (1) ou terrorisme mémoriel (2) qui fait rage aujourd’hui tant au niveau national qu’international représente une menace pour le destin de la communauté des citoyens français. En ce sens, la nécessité d’un devoir d’histoire s’impose pour arbitrer les conflits idéologiques ayant pour enjeu la mémoire collective ou sa fragmentation.
S’interroger sur la place de la mémoire au sein de notre société revient inévitablement à s’interroger sur la notion de transmission du sens et sur la valeur accordée à celui-ci. Or, c’est ici que se pose avec acuité le problème de ce que d’aucuns nomment aujourd’hui la guerre des mémoires et dont l’enjeu est tout à la fois idéologique, politique, économique et culturel. La guerre des mémoires est un phénomène qui concerne de près la Défense en ce que cette dernière a pour mission régalienne la conservation des valeurs, des intérêts, des territoires, des traditions et des principes qui font l’existence même de la nation. C’est pourquoi, l’armée professionnalisée ne peut faire l’économie d’une réflexion approfondie sur l’impact et la résonance de la mémoire au sein de la société française, vecteur de sens des plus significatifs de ce qui fonde l’esprit de défense.
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