Extraits du rapport établi en avril 2008 par un groupe de travail du Comité d’analyse et de réflexion sur l’actualité (Cara) de l’Association des auditeurs de l’Institut des hautes études de défense nationale (AAIHEDN).
PESD, quelles priorités ?
What priorities for ESDP?
Extract of an April 2008 report by the IHEDN (Institute for Higher National Defence Studies) alumni association’s committee for the study of current affairs (CARA).
L’Europe est déjà l’un des grands acteurs mondiaux (1) même si elle n’est encore qu’un « nain politique ». Elle porte un message universaliste fondé sur la démocratie parlementaire, les droits de l’homme, le remplacement de conflits séculaires par une étroite coopération trans et supranationale basée sur la subsidiarité. Cela lui a créé un capital qu’elle doit utiliser pour : la stabilisation de ses voisinages Est et Sud (zone méditerranéenne) ; la sécurisation de ses approvisionnements énergétiques ; la lutte contre le réchauffement climatique et ses conséquences géopolitiques ; la lutte contre la fracture Nord-Sud ; des partenariats avec l’Afrique (démocratie, développement, économie, immigration, sécurité) ; des partenariats stratégiques ciblés (Russie-Chine-Inde-Brésil).
En effet, rien n’est plus important aujourd’hui que la réduction des vulnérabilités intrinsèques de l’UE et la consolidation de son environnement euro-méditerranéen, car la situation stratégique a bien changé : « La grande guerre et la vraie paix sont mortes ensemble et il n’est pas sûr que nous l’ayons assez compris » (général Beaufre). Il s’agit maintenant de crises liées à la résurgence de conflits locaux « gelés » par la guerre froide, à la déliquescence de certains États, à l’attractivité croissante du terrorisme et à l’essor de la criminalité organisée. Les perturbateurs ainsi créés (organisations radicales ou mafieuses, « semi-étatiques » ou « privées ») visent à exercer des menaces « asymétriques » : décalage des valeurs (2), utilisation des populations civiles comme otages ou comme cibles (3), décalage des moyens (en particulier en termes de durée et de détournement de systèmes ou de matériels civils). L’Europe devient ainsi une cible très tentante pour tous les extrémistes.
Pour éviter qu’une « fébrilité stratégique » occidentale ne rende le monde plus dangereux qu’il n’a de raisons de le devenir, il faut conjuguer de nombreuses fonctions civiles et militaires face à des risques et menaces dynamiques et globalisés : veille et prévision (renseignement et analyse), prévention (actions politiques et économiques, coopérations adaptées, déploiements dissuasifs), intervention (actions humanitaires, embargos, actions militaires), sortie de crise (aide à la reconstruction). D’où la nécessité d’une vaste adaptation de l’organisation de défense et de sécurité des États membres à cette montée en puissance des exigences européennes. On devra pour cela préciser les missions et les moyens, et vérifier au passage la sincérité et la profondeur de l’engagement des États membres…
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