Alors que la campagne présidentielle américaine entre dans sa dernière ligne droite dominée par la crise financière internationale, d’autres enjeux nous intéressent. En politique étrangère, les candidats des deux grands partis se sont exprimés sur le lien transatlantique. L’Otan et l’Europe sont concernées par ce débat et il semble opportun d’envisager, voire d’anticiper, le résultat de ces élections qui pourraient apporter des évolutions significatives pour les relations entre les États-Unis et l’Europe.
L'Otan, l'Europe et la campagne présidentielle américaine
Pour la première fois depuis 1953, l’élection présidentielle américaine va voir s’affronter deux candidats dont aucun n’est président ou vice-président sortant. À cette originalité s’ajoute celle d’une campagne électorale marquée par les questions d’ordre international auxquelles la récente crise financière mondiale vient donner un tour plus dramatique.
Dans une actualité internationale chargée, la campagne électorale est partie très tôt sur les questions de politique étrangère. Au début de l’été, elle s’est recentrée sur les problèmes intérieurs ; le conflit du Caucase du mois d’août a ramené avec force l’international au cœur de la campagne qui est maintenant dominée par la crise financière mondiale. Ainsi, le débat est animé entre les deux candidats sur les différents thèmes de politique internationale qui représentent autant d’occasions pour chacun des deux compétiteurs de pousser son avantage. Les deux finalistes s’affrontent dans un duel serré et leurs prises de position sur certains grands thèmes semblent parfois assez voisines. Qu’en est-il pour la politique étrangère et plus précisément, les relations transatlantiques et l’Otan ?
En matière de politique étrangère des États-Unis, Pierre Hassner et Justin Vaïsse ont identifié quatre grandes orientations par rapport auxquelles il est possible de positionner les responsables et théoriciens contemporains : le wilsonisme ou internationalisme (1), l’unilatéralisme (2), la « realpolitik » (3) et le multilatéralisme (4). Selon cette proposition de lecture, on peut placer les néoconservateurs qui ont inspiré le président George W. Bush et son vice-président Richard Cheney entre les courants (1) et (2) ; et la plupart des conseillers des précédents présidents, notamment Henry Kissinger et Zbigniew Brzezinski, entre les tendances (2) et (3). Cette approche met en relief le caractère peu conciliable, sur le plan des idées, entre l’Administration américaine actuelle et les précédentes ; elle souligne paradoxalement une certaine continuité de pensée, pour le présent et un passé récent, chez les différentes Administrations américaines, à l’exception de celle du premier mandat de G.W. Bush. Il est notoire que les frontières entre les Démocrates et les Républicains ne courent pas nécessairement le long des thèmes politiques, qu’une même prise de position peut être retenue par l’un ou l’autre parti, et que le brouillage politique est une constante de la vie des partis aux États-Unis.
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