Le tarissement des réserves de gaz et de pétrole apparaissant inéluctable, l’Union européenne doit diversifier ses sources d’approvisionnement afin d’assurer sa relative indépendance énergétique. Quel serait dans ce contexte le rôle de la Turquie, qui est un petit producteur de pétrole mais un grand pont entre les sites de production et l’Europe ?
Énergies : trait d'union entre l'Europe et la Turquie ?
Energy supplies: a link between Europe and Turkey?
As a fall in oil and gas reserves seems unavoidable, the European Union has to diversify its sources of supply to ensure its relative independence. What role will Turkey, a small producer but a big bridge between areas of production and Europe, play in this?
Les besoins en énergies fossiles, gaz et pétrole, se sont accrus ces dernières années. Outre leur utilisation directe dans les transports et l’usage domestique, ces sources d’énergie primaires servent également à fabriquer de l’électricité grâce aux centrales thermiques, d’où une utilisation dont l’amplification suit la croissance économique. Aux anciens consommateurs comme les États-Unis, qui engloutissent 25 % des importations mondiales de pétrole, se sont joints de nouveaux macros-consommateurs comme la Chine, dont la croissance siphonne 9 % des ventes de pétrole (1).
Les réponses à ces besoins se trouvent principalement à l’est de l’Europe. Elles sont réparties sur deux régions : la Fédération de Russie qui a des réserves estimées à 16,8 milliards de tonnes (Mdt) et la zone regroupant le Moyen-Orient et l’Asie centrale avec des réserves évaluées à 101,2 Mdt. Il en est de même pour le gaz, avec 64,9 Mdt équivalents pétrole pour le Moyen-Orient, et 52,5 pour l’ex-URSS (2). Le transport de pétrole est relativement aisé par rapport à celui du gaz qui nécessite, outre des tuyaux, des stations de compression afin de maintenir la pression nécessaire à l’acheminement. Dans tous les cas les infrastructures sont à la merci des aléas géopolitiques et des menaces criminelles. Il convient donc d’anticiper au mieux les risques de conflits avant de décider des trajets des canaux et d’assurer ensuite leur sécurité par des moyens appropriés.
L’Union européenne (UE) doit assurer son approvisionnement stratégique en énergies fossiles quelles que soient les dissensions régionales. La flambée des besoins et le tarissement croissant des réserves créent des rivalités entre les pays consommateurs. Certains pays n’hésitent pas à utiliser leurs atouts énergétiques comme leviers politiques comme cela a pu être observé en 2006, de la part de la Russie vis-à-vis de la Géorgie et de l’Ukraine coupables de politiques non conformes aux désirs de Moscou. L’UE n’est pas à l’abri de telles pressions, d’autant plus que la Russie continue de développer des alliances ressemblant à une sorte de cartel du gaz. Une entente sur l’exploration, l’extraction, le transport, le développement d’infrastructures gaziers et l’exportation a été signée entre l’algérien Sonatrach et le russe Gazprom en août 2006. Cet accord n’a abouti jusqu’à maintenant à rien de concret, mais d’autres sont possibles (3). Afin de limiter les risques de coercitions, la diversification des fournisseurs de l’UE en gaz et pétrole s’impose. Pont naturel entre l’Union européenne et une bonne partie des lieux d’extraction de pétrole et de gaz, la Turquie peut contribuer à la diversification de l’approvisionnement de l’Europe en énergies fossiles.
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