Depuis 2000, le redéploiement des ventes d’armes russes illustre la présence renouvelée de la Russie sur tous les continents, conjuguée à un réel volontarisme politique. Or, Moscou est confrontée aux blocages structurels de son industrie d’armement et à l’insatisfaction de ses clients. La crise financière pourrait mettre un terme aux ambitions russes sur le marché international des armements. La perte d’un de ses leviers diplomatiques privilégiés risque de limiter fortement l’influence de Moscou sur la scène internationale ?
De l'influence internationale russe par les exportations d'armement
Russian international influence through arms export
The redeployment of Russian arms sales since 2000 illustrates Russia’s renewed presence on every continent, combined with real political voluntarism. But Moscow is faced with structural blockages in its arms industry and the consequent dissatisfaction of its customers. The financial crisis could call a halt to Russian ambitions in the international arms market. If its two privileged levers—arms and energy—disappear, what will remain in Moscow’s diplomatic arsenal to maintain its influence on the international scene?
Les exportations russes d’armements ont connu une hausse constante : de moins de 2 Md$ en 1998, on atteint les 5 à 6 Md$ en 2004, pour enfin viser les 8 Md$ en 2008. Si ces chiffres demeurent sujets à caution (1), ils reflètent cependant un profond changement par rapport aux années 90 : la concurrence fratricide qui régnait entre agences d’État et entreprises pour obtenir des contrats à l’exportation avait été préjudiciable au succès des exportations russes, par le manque de visibilité et de crédibilité qu’elle entraînait. L’État russe considère désormais que les exportations d’armement sont un outil essentiel de sa politique étrangère pour affirmer le retour d’une Russie puissante sur la scène internationale, dans des régions où elle était absente depuis la chute de l’URSS : Asie du Sud-Est, Amérique du Sud, Moyen-Orient, etc.
Depuis 2000, les exportations d’armement russes sont devenues un vecteur privilégié de la politique étrangère, en articulation avec la remise de dette des pays clients et les accords dans les secteurs pétroliers, gaziers et nucléaires. Les exemples récents d’accords signés avec l’Algérie, le Venezuela, l’Indonésie illustrent l’efficacité de cette combinaison de montages financiers complexes et d’une « offre globale de sécurité ».
La mise en place de cette politique a été précédée d’une rationalisation des structures administratives chargées de la « politique de coopération militaro-technique », essentiellement les trois entités : la Commission pour la coopération militaro-technique (CCMT), organe de pilotage au plus haut niveau de l’État fédéral ; le Service fédéral pour la coopération militaro-technique, chargé de délivrer les autorisations d’exportations, est rattaché au ministère de la Défense, mais rend compte directement au président de la Fédération (il applique les décisions de la CCMT) ; Rosoboronexport, entreprise d’État chargée de prospecter, négocier, conclure et exécuter les contrats de ventes d’armes.
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