L’armement est un secteur encore largement influencé par les logiques proprement nationales, malgré la rhétorique pro-européenne de certains États. Ainsi, la convergence ou l’harmonisation entre pays est encore, dans bien des cas, difficile à atteindre. Malgré ce constat, cet article analyse trois facteurs d’approfondissement de l’européanisation des politiques nationales d’armement : l’Agence européenne de l’armement, la Commission européenne et les industries européennes de défense.
L'Europe de l'armement : de la coopération à l'européanisation ?
European armaments: from cooperation to Europeanization
Despite the pro-European declarations of certain countries, defence equipment policies clearly remain the domain of national governments. Convergence or harmonisation among countries is still in many instances difficult to achieve. This article, however, looks at three players that can help the Europeanization of national armaments policies: the European Defence Agency, the European Commission and European defence industrial groups.
La coopération européenne en matière d’armement fut l’un des dossiers européens promus par la France lors de sa présidence de l’Union européenne. C’est en effet avant même la PESD, dès le début des années 90, que la question des secteurs nationaux de l’armement se pose à l’échelle européenne. On observe en effet des tentatives renouvelées d’institutionnaliser des mécanismes de coopération au niveau européen, tentatives soutenues et promues par les pays historiquement producteurs d’armement tels que la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne ou encore l’Italie. Ces mécanismes, au travers de l’Occar, la LoI ou encore l’AED, sont censés faciliter la convergence des politiques nationales au sein de programmes en coopération.
Pourtant, deux constats venant nuancer l’importance de l’Europe peuvent être tirés. Tout d’abord, de manière évidente, les politiques d’armement demeurent de la compétence des États : la coopération européenne est donc de nature intergouvernementale, laissant a priori peu de place à une logique d’intégration. Ensuite, malgré les appels et discours politiques prônant un renforcement de la coopération, on observe toujours de grandes difficultés pour les États à faire converger leurs politiques ; ira-t-on jusqu’à dire que ces difficultés sont paradoxalement allées grandissantes depuis la fin de la guerre froide, malgré tous les discours politiques et l’institutionnalisation de ce thème sur l’agenda européen ?
Pourquoi parler d’Europe ?
Ainsi se pose la question de la place de l’Europe dans les politiques d’armement nationales : compte tenu de la nature toujours intergouvernementale de la coopération et des difficultés, voire impossibilités, à faire converger les politiques nationales sur un même armement européen, que conclure sur le rôle de l’Europe ? Devant l’absence d’intégration ou de convergence systématique des politiques nationales, doit-on conclure à la nature chimérique ou proprement rhétorique de l’Europe dans le secteur ?
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