Après la création du marché unique et de l’euro, la mise en place d’une politique étrangère et de défense commune est vue comme le prochain défi de la construction européenne. Les crises internationales survenues cette dernière décennie, qui placent les Européens face à leur responsabilité, tel le Kosovo, témoignent de l’actualité de la question. Les progrès que la diplomatie et la défense européennes enregistrent au fil des traités, ainsi que les premières opérations menées sous bannière européenne, viennent la confirmer. Pourtant, comme toutes les questions de défense, peu susceptibles d’affecter directement la vie quotidienne des populations et sur lesquelles il existe un certain consensus entre les partis gouvernementaux, les questions sur l’Europe de la défense alimentent peu le débat public. Elles ne sont pas considérées comme des priorités et les opinions semblent désintéressées et sous-informées. Néanmoins, le sujet revient régulièrement dans les sondages, ce qui révèle au moins une préoccupation des responsables politiques. Qu’en est-il du côté du public français ?
Les citoyens et la défense européenne : attitudes et perceptions
Quel que soit le sondage (1) considéré, plus de 80 % des Français sont pour une politique européenne de sécurité et de défense (PESD) : 88,5 % selon le ministère de la Défense, 84 % selon Ipsos-EADS, 78,5 % selon l’Eurobaromètre (EB) pour ces six à huit dernières années. Ce plébiscite de l’opinion publique française est stable dans le temps et toujours supérieur à la moyenne européenne (qui est de 82 % pour le sondage Ipsos-EADS et de 74,5 % pour l’EB).
Il est possible de prendre deux postures différentes face à un tel soutien. Soit on considère qu’il est vide de sens et ne reflète pas d’authentique opinion. Soit on considère que des résultats aussi élevés ne peuvent être le fruit du simple hasard et révèlent un véritable soutien. Pour notre part, nous préférons parler d’une « connotation positive » de la défense européenne.
En effet, il nous paraît douteux qu’une politique européenne puisse rencontrer une telle ferveur quand le soutien au projet européen en général est à peine majoritaire. Selon l’EB depuis 2002, seulement 57,5 % des Français se disent attachés à l’Union européenne contre 40 % qui ne le sont pas. De même, la part des Français en faveur d’une évolution vers une union politique est relativement peu élevée et en dessous de la moyenne européenne : autour de 50 % de 2003 à 2006. Étant donné le décalage entre les deux séries de résultats, le niveau d’attachement au projet européen global ne semble pas déterminer le soutien à la défense européenne.
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