Dans le prolongement de la première journée « Mer et Outre-Mer » organisée en juin 2009, il n’est pas inutile de se pencher un instant sur le rôle fondateur du commerce maritime dans l’économie mondiale. On connaît les chiffres : plus de 90 % des transports se font par mer, mais au-delà de ce simple constat on a probablement du mal à imaginer ce que représente la réalité historique de la mondialisation et de ses enjeux. Retour sur l’histoire de la route maritime qui relie l’Europe à l’Extrême-Orient, principal vecteur de la mondialisation.
Mondialisation et commerce maritime : une histoire multimillénaire
Le niveau de l’état de l’art de la construction navale, tel qu’il peut s’apprécier sur la magnifique barque solaire de Chéops enterrée il y a 4 500 ans au pied de sa pyramide au Caire, laisse peu de doute sur l’aptitude des hommes à naviguer en mer depuis des temps très reculés. La navigation maritime est pratiquée depuis des temps immémoriaux, mais les principales voies de communication par mer utilisées depuis des millénaires sont des routes dites côtières, en ce sens que les navigateurs suivaient alors les rivages sans trop s’en éloigner. Les marins d’alors suivaient la route côtière comme ils naviguaient sur les fleuves. Ils déroulaient simplement de port en port un routier ou périple linéaire, à l’image d’un road book de rallye automobile.
Le bon sens, qui guide normalement le marin averti, nous porte à imaginer avec quelque vraisemblance que les premières traversées volontaires au long cours ont été conduites en supprimant progressivement une, deux puis plusieurs escales sur une route côtière connue. Tant qu’il s’est agi de traversées de proche en proche, même hors de vue de terre pendant quelques jours, on peut penser que le pilote n’a pas réellement eu besoin de méthodes de navigation radicalement nouvelles. En Méditerranée au temps de l’empire Romain, un navire restait rarement plus de deux ou trois jours hors de vue de terre. Par ailleurs, cette Mare Nostrum de bien modestes dimensions était littéralement sillonnée par des flottes considérables en nombre de navires, comme l’étaient aussi les routes vers les Indes et même la Chine, de sorte que les navigateurs se trouvaient relativement peu isolés dans ces espaces maritimes fort fréquentés.
La plus célèbre des routes maritimes
Descendant le fil du Tigre et de l’Euphrate, les ancêtres des Mésopotamiens s’étaient peu à peu risqués dans ce golfe d’eau de plus en plus saumâtre qui prolonge vers le sud-est la voie fluviale jusqu’à l’océan. Leurs contemporains Indiens faisaient de même sur l’Indus, les Égyptiens sur le Nil puis la Méditerranée et la mer Rouge, et les Chinois sur la rivière des Perles ou le Yang-Tsé.
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