Sainte-Hélène, 15 octobre 1840

Embarqué sur la frégate la Belle-Poule, le D^r Rémy Guillard, médecin de Marine, fut chargé en 1840 par Thiers de diriger à Sainte-Hélène l’exhumation des « restes mortels de l’empereur Napoléon ». Il a laissé de sa mission le récit qu’on va lire, simple partie, mais capitale, de celui qu’il a rédigé au cours du voyage, sous forme de lettres à sa femme. Leur domicile était à Brest, dans ce calme et nostalgique quartier où tant de marins ont vécu leurs années de retraite, et qui n’est plus que ruine depuis la dernière guerre, ainsi que tout l’intra muros.

La relation entière est restée manuscrite. Seuls ont été publiés : d’une part, le bref rapport officiel reproduit avec d’autres annexes dans les ouvrages du baron de Las Cases et de l’abbé Coquereau sur le même voyage ; d’autre part, les extraits d’une lettre du docteur à sa femme datée du 29 novembre 1840 et beaucoup plus courte que le récit composé quelques heures après l’événement — quatre pages au lieu de quinze. — Encore ces extraits, insérés par le D^r Baume dans l’allocution qu’il lut le 16 août 1869 à Quimper à une société de médecins, trois mois après la mort de leur confrère et compatriote Rémy Guillard, ont-ils été çà et là retouchés, non pas probablement par l’auteur. Sous réserve de deux ou trois mots (l’écriture est jolie, mais très menue, surtout dans les interlignes, les ratures, les surcharges sont fréquentes, et l’encre a pâli), nous donnons le texte de Sainte-Hélène tel quel, en respectant les quelques particularités d’orthographe qui le datent, mais non les lapsus, les déformations de noms propres, les fautes de ponctuation ou d’accentuation dont le maintien n’eût pas facilité la lecture.