L'auteur avait déjà fait paraître dans la revue un excellent article sur « l'industrie d'armement : formation des prix, évolution des coûts et performances économiques ». Poursuivant ses recherches dans ce domaine, il publie aux Éditions Economica un livre très complet intitulé L'industrie française de l'armement, dont certains passages sont repris dans le texte ci-dessous.
Activités dans l'armement et stratégie d'entreprise
L’intervention de l’État, qui s’exerce principalement par l’intermédiaire de la délégation générale pour l’armement, est déterminante pour l’activité et le développement de l’industrie française de l’armement. La DGA, à la fois fournisseur des armées et client des entreprises industrielles, occupe une place centrale dans le système militaro-industriel ; si, d’un côté, elle oriente les besoins et les exigences des états-majors, de l’autre, elle joue, pour l’ensemble de l’industrie d’armement, un rôle de chef d’orchestre et coordonne l’exécution par les entreprises d’une grande partie de la recherche, des développements et de la fabrication.
Ce serait cependant un raccourci hâtif que de considérer les entreprises du secteur comme de simples bureaux d’étude ou unités de production dépendant d’un centre de décision unique qui serait la DGA. C’est peut-être vrai en ce qui concerne les arsenaux relevant directement des directions opérationnelles de celle-ci, c’est sans doute à nuancer dans le cas du GIAT qui dispose d’une certaine autonomie, c’est, de toute évidence, inexact pour les entreprises industrielles, qu’elles soient publiques ou privées. Ces dernières sont elles-mêmes des centres de décision stratégiques qui disposent d’une autonomie réelle de gestion ; elles entretiennent avec la DGA des relations de nature contractuelle et ne lui sont pas hiérarchiquement subordonnées ; elles peuvent accepter ou refuser de s’engager dans tel ou tel programme comme de développer telle ou telle activité nouvelle.
Cette liberté des entreprises n’est, bien évidemment, pas totale ; elles sont soumises à la tutelle de la DGA, au contrôle de leurs actionnaires, c’est-à-dire notamment, pour les plus importantes d’entre elles, l’État, et à tout un ensemble plus diffus d’interventions, de pressions, parmi lesquelles les incitations financières ne sont pas les moindres. Il n’en demeure pas moins que ces entreprises développent toutes des stratégies particulières qui ne sont pas sans effet sur l’évolution globale du secteur industriel de l’armement.
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