À quoi servirait-il de mobiliser nos énergies, de renforcer la démocratie dans notre société, de chercher à accroître notre niveau de vie, si nous devions perdre notre indépendance ? La réponse est simple : à rien. L’indépendance est la condition de tout. C’est pourquoi la défense d’un pays, garante de son indépendance, est une préoccupation politique si fondamentale.

L’Europe n’est pas menacée de disparition, la France non plus. Mais une certaine vassalisation guette. Enjeu de lutte entre les superpuissances, souffrant d’un retard technologique, d’un taux de chômage élevé et d’un vieillissement de notre population, nous risquons d’être vulnérables aux pressions. L’existence d’un système de défense efficace est consubstantielle à notre avenir. Mais aucune armée, si puissante soit-elle, ne saurait suffire s’il n’existe pas une profonde adhésion de la population à des valeurs communes et au concept même de défense. Depuis 1981 le consensus sur notre politique de défense a été renforcé ; il a permis d’accentuer la modernisation de nos forces militaires. Il ne nous dispense pas de réfléchir aux adaptations nécessaires.

Car la défense d’un pays doit tenir compte du changement de l’environnement. Elle doit intégrer en permanence l’évolution des technologies, des politiques extérieures des États, des concepts stratégiques, des nouvelles tactiques militaires, des formes actuelles d’agression. À l’aube du XXI^e siècle il nous faut, en tenant compte de ces bouleversements du monde, tout faire pour préserver la paix, ce qui veut dire accentuer nos efforts en faveur du désarmement. Il nous faut savoir concilier la continuité de nos concepts stratégiques avec l’évolution de notre outil militaire. Il nous faut enfin avancer hardiment dans la voie européenne car je suis convaincu que la défense de la France sera de plus en plus étroitement liée à celle de l’Europe.