Des trois composantes de notre dissuasion nucléaire, celle constituée des missiles mégatonnlques du plateau d'Albion semble actuellement remise en cause ; toujours est-il qu'une commission étudie cette question. L'auteur est un défenseur de la « triade », donc d'Albion : il nous donne très clairement ses raisons. Des extraits de ce texte ont par ailleurs fait l'objet d'une publication dans le bulletin de l'Association des anciens élèves de l'École navale.
Triade ou binôme stratégique, ou pourquoi Albion ?
Peu après sa prise de fonction, le nouveau président de la République annonçait deux décisions marquant une évolution sensible par rapport à la politique suivie par son prédécesseur. La première concernait la reprise des essais nucléaires. Largement commentée par les médias et hommes politiques, cette décision, se voulant dans la droite ligne du général de Gaulle, s’appuyait sur un argumentaire technique. Elle réaffirmait la doctrine de dissuasion française, sans pour autant méconnaître l’apparition de nouvelles menaces, position conforme au Livre blanc. La deuxième décision concernait la mise à l’étude de l’opportunité de fermeture du plateau d’Albion. Passée inaperçue des médias, elle n’a pas manqué en revanche de surprendre nombre d’experts nucléaires, car en totale rupture avec la cohérence de la « triade », présentée jusque-là comme essentielle. Celle-ci était en effet justifiée par la volonté politique, maintes fois réaffirmée, d’éviter toute « fenêtre de vulnérabilité » face à l’ensemble des menaces identifiées ou envisageables à terme.
Pourquoi la triade ?
Rappelons brièvement les justifications historiques de la « triade » telles qu’elles paraissent dans les positions officielles jusqu’ici soutenues dans la littérature ouverte spécialisée.
Les SNLE à la mer, à l’abri d’une frappe préemptive, sont invulnérables et donc en mesure d’exécuter en permanence une frappe de représailles ou « frappe en second », mais a contrario les sous-marins au port base ne relèvent pas de cette logique.
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