L'exception ougandaise
Symbole tragique de « l’afro-pessimisme », l’Ouganda était devenu, dans les années 70, un pays ruiné et prisonnier d’une situation anarchique. Le retour à la stabilité politique au milieu des années 80 et le redressement économique qui a suivi ont donné à cette nation enclavée de l’Afrique centrale de sérieux espoirs de redevenir, à l’aube du XXIe siècle, la fameuse « perle de l’Afrique ».
Après la tragédie, l’espoir
L’enfer ougandais
Devenu protectorat britannique en 1894, l’Ouganda a connu depuis son indépendance, le 10 octobre 1962, une histoire particulièrement tragique. En février 1966, un premier coup d’État porte au pouvoir le Premier ministre Milton Obote et contraint à l’exil en Grande-Bretagne le roi président Mutesa II. Le nouveau président ougandais met en place un régime autoritaire et institue au profit de sa formation, l’UPC (Uganda People Congress), une Administration de parti unique à fortes connotations socialisantes. De nombreux riches propriétaires terriens, responsables de la plus grande partie de la production agricole du pays, émigrent alors vers d’autres nations moins dirigistes (Afrique du Sud, Kenya, Grande-Bretagne, Canada). Ce flux migratoire provoque une première secousse économique. Milton Obote est à son tour renversé par le général Amin Dada en janvier 1971. Le nouveau maître de l’Ouganda devient rapidement un dictateur sanguinaire qui n’hésite pas à faire massacrer tous ses opposants. Le tyran, qui s’est proclamé président à vie, expulse les travailleurs immigrés (notamment les 70 000 Indiens employés dans des secteurs dynamiques comme le petit commerce) et la plupart des conseillers étrangers (israéliens, britanniques, russes). Mis au ban de la communauté internationale et complètement isolé, le pays s’enfonce alors dans une crise économique et sociale catastrophique. Avec l’aide de la Tanzanie, les mouvements d’opposition parviennent enfin à s’unir sous la bannière de l’UNLF (Uganda National Liberation Front) et à chasser le despote en avril 1979.
Après les brèves présidences de Yusuf Lule et de Godfrey Bineisa (le premier est contraint de démissionner au bout de deux mois, le second est destitué après onze mois passés à la tête de l’État), Milton Obote revient au pouvoir en décembre 1980 après avoir truqué le résultat des élections et sur fond de meurtres politiques. Une nouvelle dictature prend place : le pays redevient une terre de carnages et de famine. La gravité de la situation dans la province du Karamoja déclenche même une opération humanitaire internationale à laquelle participe la France (envoi d’hélicoptères Puma pour acheminer les vivres). L’ancienne « perle de l’Afrique » est devenue un enfer impitoyable. C’est dans ce contexte d’anarchie que Yori Museveni prend le maquis et fonde le NRM (National Resistance Movement) et sa branche armée NRA (National Resistance Army). Milton Obote est à son tour renversé par le général Tito Okello en juillet 1985. Toutefois, le nouveau chef d’État ne peut contenir l’avancée des troupes de Yori Museveni qui s’empare de Kampala à la fin du mois de janvier 1986. Contre toute attente, l’Ouganda va enfin connaître la stabilité et sortir du gouffre du désespoir.
Il reste 85 % de l'article à lire
Plan de l'article