Pratiquement inconnu du grand public il y a vingt ans, le mot « logistique » est devenu aujourd’hui très à la mode, et il ne se passe pas de semaine sans que la grande presse ne nous le serve de diverses manières. Parfois pourtant, elle l’utilise à bon escient. Ce fut le cas il y a quelques années, lorsque se référant à son aspect militaire elle s’en servit pour décrire les préparatifs de la guerre du Golfe. En fait, c’est à cette occasion justement qu’elle le découvrit.

Cependant, il faut bien convenir que le terme est hélas ! plutôt galvaudé, et en ça les journalistes ne font que suivre le plus souvent les représentants mêmes de certains acteurs opérationnels de la logistique. Tel prestataire de transport, curieusement honteux de n’être qu’un transporteur, s’intitule logisticien. À l’inverse, tel autre, cherchant à se démarquer, rejette la logistique vers les opérations qui entourent le transport, comme si ce dernier devait être servi par la logistique. Aussi, une fois la surprise passée, il est inquiétant pour le logisticien de métier d’entendre si souvent confondre « prestation logistique » et « logistique » ou « démarche logistique ». En effet, s’ils ne connaissent pas l’étendue de ce domaine, et s’ils ne discernent pas la nature des préoccupations des logisticiens d’entreprises industrielles ou commerciales, comment ces prestataires, partenaires indispensables, et au demeurant efficaces dans leur spécialité, peuvent-ils prétendre répondre aux attentes logistiques des entreprises ?

Le transport, qu’il soit terrestre ou maritime, est une activité presque aussi vieille que le monde, et bien avant l’antique civilisation égyptienne, l’entreposage des marchandises se pratiquait déjà avec beaucoup de technicité. Or, la logistique est un concept récent, d’une quarantaine d’années au plus et au domaine plus large que ces techniques.