Ex-Yougoslavie : une paix bâclée
La guerre entre les peuples de l’ancienne Yougoslavie aura duré plus de quatre ans. Ce retour de la guerre en Europe ne peut qu’avoir des conséquences très graves pour l’entreprise difficile de construction et d’élargissement d’une Europe de la démocratie et de la paix. Le recul est sans aucun doute insuffisant pour écrire l’histoire de ce nouveau cyclone. Du moins est-il possible de prendre la mesure des dégâts irréparables et d’apprécier ce qui pourrait encore être sauvé.
Guerre impossible, guerre advenue
Les nationalistes de tous les bords, les Serbes loin devant les autres, ont manipulé l’histoire, la religion, l’information afin de convaincre leurs peuples respectifs et le monde que Serbes, Croates et Musulmans (1) se battent parce que c’est dans la nature des choses et ne seront en paix que s’ils sont définitivement séparés.
Entreprise criminelle : ces communautés sont toutes slaves et parlent la même langue. Après la tragédie de la Seconde Guerre mondiale, ils ont repris la vie commune. Ils se sont mêlés encore plus, au point qu’il est difficile aujourd’hui de trouver en Croatie comme en Bosnie-Herzégovine des familles « ethniquement pures ». La carte du recensement de 1991 montre bien cette extraordinaire imbrication des trois peuples constitutifs. La situation était analogue en Croatie. Un tiers seulement des 12 % de Serbes vivaient dans la Krajina et en Slavonie. Les deux autres tiers vivaient dans le reste de la Croatie. Rien, ni l’autonomie croissante des six républiques yougoslaves inscrite par Tito dans la Constitution de 1974, ni les indépendances proclamées, ne peut expliquer que des peuples aussi étroitement mêlés s’entre-tuent et s’excluent.
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