L’auteur, qui enseigne l’intelligence économique à l’université de Poitiers-Futuroscope et à l’École de guerre économique, montre nos faiblesses dans un monde en pleine mutation. Il donne ensuite quelques conseils permettant de remédier à ces défauts rédhibitoires.
La France et la compétition économique
Depuis le début des années 90, la guerre pour le contrôle des marchés mondiaux auquel se livrent les États et les entreprises est d’une intensité sans cesse croissante. Elle se caractérise par l’entrelacement des données politiques, économiques et culturelles, lequel renforce l’opacité des compétitions commerciales et la complexité des enjeux. Ces transformations de l’environnement sont telles que s’y adapter est devenu un défi permanent. Dans ce milieu de concurrence débridée, la performance des acteurs paraît liée à leur capacité à maîtriser les processus d’information et à élaborer des stratégies compétitives afin d’anticiper sur la conjoncture comme sur la concurrence.
Dans cette compétition planétaire d’un nouveau type, dominée par les États-Unis, il n’est pas inutile de s’interroger sur les atouts et les faiblesses de la France. Comment réagissent ses élites et ses entreprises pour relever les défis qui leur sont lancés ? Quelle place accordent-elles en particulier aux processus de formulation stratégique et à l’information ? Les réponses, nous allons le voir, sont loin d’être satisfaisantes.
La France face aux défis des mutations internationales
En 1998, la France est encore la cinquième puissance économique du monde. Avec guère plus de 1 % de la population mondiale, elle réalise près de 5 % de la production de la planète, c’est-à-dire que chaque Français pèse dans l’économie mondiale cinq fois son poids démographique. Ce coefficient d’efficacité est à peine inférieur à celui des États-Unis, du Japon et de l’Allemagne. Ses exportations classent la France au cinquième rang mondial et la confirmation de l’excédent de sa balance commerciale prouve la qualité de ses performances en ce domaine. Par le niveau de vie, elle est encore devant le Japon et le Royaume-Uni, quoique loin derrière les États-Unis, l’Allemagne ou la Suède. La France n’est donc nullement un pays insignifiant, mais elle a le tort de croire que son rang est acquis. Or sa situation est peu satisfaisante si l’on en juge par toutes les variables importantes — l’activité économique, le produit national, le chômage, le déficit extérieur, la croissance —, et les positions françaises ne cessent de s’effriter, faute d’anticipation et de réactivité.
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