Avant la dissolution de l’Union soviétique, l'auteur avait beaucoup écrit dans notre revue sur cette superpuissance et sa stratégie : sa carrière l’avait conduit à devenir un spécialiste de ces questions. Il reprend la plume pour évoquer sa vision de la Russie dans un proche avenir : il nous semble à la fois pessimiste sur la situation actuelle, et optimiste quant à la puissance russe. Qui vivra verra !
La Russie dans l'attente de Pierre le Grand
L’effondrement de l’URSS a laissé la place à une république fédérative de Russie et à une Communauté des États indépendants regroupant douze des anciennes républiques autrefois constitutives de l’Union soviétique avec les trois républiques Baltes. La Russie a plongé dans un marasme complet, aussi bien politique qu’économique et social. La situation des États souverains de la CEI n’est guère meilleure. La crise gouvernementale ouverte en avril 1998 par le renvoi du Premier ministre russe Victor Tchernomyrdine ajoute au marasme, ou plutôt le souligne. L’opinion publique russe, désorientée, désillusionnée, se cherche un sauveur suprême, place ses espoirs dans un second Pierre le Grand. Un tel personnage charismatique se profile-t-il à l’horizon ? L’élection au poste de gouverneur de la région de Krasnoïarsk du général Alexandre Lebed apporte-t-elle un élément de réponse ?
L’une des clés du problème se trouve dans les raisons de la chute de l’URSS. C’est pourquoi l’examen porte en premier lieu sur les conclusions fondamentales tirées de cet événement et les analyse à la lumière de la situation russe telle qu’elle se découvre en 1998. Puis l’examen s’efforce de dégager la signification de la percée d’Alexandre Lebed sur la scène politique.
La chute de l’URSS
La Russie, qu’il s’agisse de la Sainte-Russie des tsars, de l’Union soviétique ou de la république fédérative d’Eltsine, partage avec la France la redoutable caractéristique d’être un État qui a construit une nation autour de lui. Il y a particularité, en ce sens qu’historiquement, c’est en général le processus inverse qui s’est déroulé. Les nations ont commencé par se reconnaître comme telles, puis se sont donné un État. Or, la première Russie, celle des villes, la Russie kievienne, a sombré au XIIIe siècle dans la nuit tatare.
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