Déjà, à la fin de la guerre froide, les dénonciations des atteintes aux droits de l'homme étaient fréquemment contradictoires, hypocrites, sélectives, et fort médiatisées. Les bouleversements internationaux de 1989-1991 ont fait apparaître ces contradictions sous une lumière crue, d'autant plus que massacres, génocide, exactions en tous genres se sont inscrits dans une nouvelle conflictualité. ONG, mais aussi et surtout États et organisations internationales, portent une lourde responsabilité dans le discrédit grandissant à l'égard de la défense des droits de l'homme.
Feu les droits de l'homme dans les relations internationales
L’idéologie des droits de l’homme, par-delà sa dimension morale et ses effets bénéfiques que personne ne saurait nier, a vécu. Dans l’ordre des relations internationales, ce « puissant bélier » a été surtout victime de ses propres contradictions. D’une certaine façon, la rupture des rapports Est-Ouest en a sonné le glas. Alors que le nouveau système international se met lentement en place — unique superpuissance américaine, mondialisation confuse, régionalisations économiques et balkanisations complexes — les droits de l’homme ne sont plus un enjeu déterminant des rapports de force interétatiques. Pourquoi et comment ?
Les méfaits des années 80
Le passif ne laisse d’impressionner.
Certes, les Européens s’étaient mis en règle avec eux-mêmes, toute adhésion à la CEE imposant des règles démocratiques (Grèce des colonels de 1967 à 1974, Portugal salazariste jusqu’en 1968 et même d’une certaine façon jusqu’en 1974, Espagne franquiste jusqu’en 1975). Cela n’avait d’ailleurs pas empêché l’Europe des Neuf d’observer une réserve coupable, après l’invasion en 1974 de 38 % d’un État souverain (Chypre) par un membre fidèle de l’Otan (Turquie), lié par un accord d’association avec Bruxelles.
Il reste 93 % de l'article à lire
Plan de l'article