Prix Nobel de la paix, Yasser Arafat cultive l'image du guide charismatique du peuple palestinien dans sa quête historique, mais n'a pas renoncé aux oripeaux du révolutionnaire. Ainsi, l'échec des négociations de Taba et de déclenchement de la deuxième Intifada ont sonné le glas des espoirs suscités à Oslo. La politique de Y. Arafat s'apparente à une fuite en avant, mais le chaos engendré par ses choix stratégiques obéissent à une rationalité cohérente, visant à légitimer par le feu la création du futur État palestinien. Enrayer la dynamique de l'affrontement passe par la compréhension des réelles intentions du leader palestinien. La question de son avenir politique est alors posée.
L'an prochain à Jérusalem
L’an prochain à Jérusalem (1), ce témoignage d’espoir en un avenir meilleur a entretenu la ferveur de générations de Juifs depuis la destruction du second Temple. Il semble depuis quelques années constituer le credo de la rhétorique du chef de l’Autorité palestinienne, Yasser Arafat, révolutionnaire charismatique, romantique et contesté.
Son combat pour l’établissement d’une entité politique voisine d’Israël, en Judée-Samarie et à Gaza, semblait, depuis Oslo jusqu’au fiasco de Taba, mener inéluctablement à la création d’un État palestinien. La guerre de l’image et l’exploitation de l’émotion aux dépens de la raison lui ont permis de retourner une fois encore la situation, et de ternir un peu plus la réputation d’Israël, notamment en Europe, terre d’élection de l’antisionisme démonologique (2) s’appropriant l’imagerie simpliste et réductrice d’un David arabe faisant face à un Goliath hébreu. Or, la lecture attentive des propositions du gouvernement Barak nous permet de faire une analyse fort différente, et il devient alors difficile de comprendre pourquoi l’Autorité palestinienne a refusé ce qu’apparemment elle avait toujours officiellement réclamé : la restitution de la quasi-totalité des territoires occupés selon les termes de la résolution 242 ; une souveraineté relative, et partagée, sur Jérusalem ; une solution équitable pour les populations déplacées de 1948 et de 1967. Ayant a priori obtenu davantage que ce qu’auraient espéré les plus optimistes défenseurs de la cause palestinienne, pourquoi Y. Arafat a-t-il préféré le chaos, seule perspective qu’il offre à son peuple, au compromis historique ? A contrario, peut-on échapper au désastre annoncé ?
Derrière une apparente irrationalité, Y. Arafat déploie une véritable stratégie cohérente, la fuite en avant obéissant à la logique du mythe et au refus du principe d’altérité visant à légitimer par le feu la création du futur État palestinien. Seule une prise de conscience des réelles intentions du leader palestinien pourrait permettre d’enrayer la dynamique de l’affrontement et du chaos attendu.
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