L’Éthiopie est restée longtemps dans l’impossibilité d’apporter le moindre aménagement hydraulique sur le Nil Bleu. Fleuve mythique, il baigne pourtant de ses eaux un cinquième du pays et représente le coeur historique de 30 millions de chrétiens. Égypte et Soudan, et avant eux la Grande-Bretagne, n’ont jamais laissé l’Éthiopie exercer le plus petit exercice de souveraineté sur ce fleuve d’une importance stratégique pour les pays situés en aval. Les enjeux démographiques de l’Éthiopie, et ses impératifs actuels de rentabilité agricole, changeront inéluctablement cet héritage contraint de l’histoire, quitte à déclencher une guerre de l’eau, si les organes de dialogue comme l’Initiative du Bassin du Nil, et l’intervention de pays tiers, comme la France, n’inversent pas une spirale qui peut s’avérer destructrice. Le rapprochement de l’Éthiopie et d’Israël dans le domaine de l’eau n’est en effet pas vu d’un bon oeil par les pays arabes voisins.
Géopolitique de l'eau en Éthiopie
Le décès de Doron Grossman, ambassadeur d’Israël en Éthiopie, retrouvé mort dans l’hôtel Hilton d’Addis-Abeba, le 30 mars dernier, peut avoir pour origine un suicide, une vengeance personnelle, un acte criminel ou terroriste. Les enquêteurs israéliens dépêchés sur place dresseront leurs conclusions, qui seront ou non rendues publiques, sous un vrai ou faux visage. Il est simplement à espérer que l’ambassadeur d’Israël en Éthiopie n’est pas une des premières victimes d’une guerre régionale de l’eau.
Enjeux des relations entre l’État d’Israël et l’Éthiopie dans le domaine de l’eau
Sous l’impulsion de l’ambassadeur Grossman, l’État d’Israël et l’Éthiopie ont accentué leurs échanges bilatéraux, et plus particulièrement dans les domaines de l’eau et de la valorisation des terres agricoles. En février 2005, l’agence israélienne de développement international, Mashav, adossée à l’USAid, signait un accord avec le ministre éthiopien de l’Agriculture et du Développement rural pour un programme de transfert de savoir-faire dans l’irrigation (1,2 million de dollars sur trois ans). Lors de son déplacement à Addis-Abéba, en mars dernier, le ministre israélien des Affaires étrangères Silvan Shalom, avait également salué les perspectives offertes pour les entreprises israéliennes de l’eau par le nouveau cadre d’investissement en Éthiopie. L’eau avait également été au centre des discussions lors de la première visite du Premier ministre éthiopien Meles Zenawi en Israël, en juin 2004.
Pourquoi une coopération d’Israël avec l’Éthiopie, considérée, à raison, comme un château d’eau régional ?
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