De grandes figures de soldats du siècle dernier comme celles des maréchaux Foch, Lyautey, Kœnig ou du général de Gaulle ont illustré de la meilleure manière, certes au regard de circonstances exceptionnelles, la place et le rôle que pouvaient jouer les élites militaires dans la Nation et dans l’État français. En ce début de XXIe siècle, la situation semble bien différente. Pourtant, la place des forces armées dans la gestion des crises ne cesse de grandir. D’autre part, la formation de haut niveau et la sensibilité des emplois qu’occupent nos élites militaires aujourd’hui ne peuvent être niés. Dès lors, il paraît légitime, après avoir dressé un état des lieux, d’apprécier un certain nombre de pistes qui devraient permettre de repositionner les élites militaires dans la Nation et dans l’État français.
Place et rôle des élites militaires dans la Nation et dans l'État français
En 1958, le renouvellement de l’Assemblée nationale voyait se présenter 63 candidatures d’officiers ou d’anciens officiers des forces armées : 17 d’entre eux furent élus. En 2005, l’Assemblée nationale ne compte plus que 2 anciens officiers. Plus récemment, au cours des quinze dernières années, le nombre de postes de responsabilité dans la haute fonction publique (échelle A (1) et au-delà) a progressé de 118 % pour les fonctionnaires civils, alors qu’il est resté stable pour les militaires. Enfin en 2004, sur la quarantaine de postes à renouveler au Conseil économique et social, aucun des militaires présentés n’a été retenu. Ces différents exemples, parmi d’autres, illustrent, en ce début de XXIe siècle, le recul de la place et du rôle des élites militaires (2) dans la nation au regard de ce qu’elles étaient auparavant.
Fort de ce constat qui rejoint ceux d’analyses voisines (3), cette étude se propose, dans une première partie, de faire un état des lieux historique et stratégique, sociétal, politique et interne. Cependant, en raison des formations de haut niveau qu’elles ont suivies et de la diversité ou de la sensibilité des emplois qu’elles ont tenus, les élites militaires d’aujourd’hui aspirent à voir leur position davantage reconnue par leurs concitoyens. Cette reconnaissance est attendue aussi bien dans l’exercice de leurs responsabilités propres qu’au travers de fonctions élevées exercées hors de l’institution militaire.
Cette ambition paraît aujourd’hui légitime. Elle bénéficie, de surcroît, d’une opinion publique plus favorable sur le rôle et la place des élites militaires dans la nation et l’État français en raison d’une implication croissante de la Défense dans le règlement de nombreuses crises et du sentiment d’insécurité générale qui s’en dégage. C’est pourquoi, dans une seconde partie, l’étude formulera des propositions, assimilables à des objectifs à atteindre et constitutifs de plus-values potentielles, afin de mieux repositionner les élites militaires dans la nation et dans l’État français.
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