Qu’est-ce que la logistique ? Quel a été son rôle dans l’histoire ? Quelles évolutions a-t-elle connues depuis une vingtaine d’années ? Quelles transformations a-t-elle imposées au monde économique et industriel ? Quel est l’apport des militaires à la logistique ? Que sera-t-elle demain ? Autant de questions auxquelles cet ouvrage (Sandra Roumi et Gaël Thomas : En toute logistique ; Éditions Jacob Duvernet, Afilog, décembre 2004 ; 180 pages), avec clarté et simplicité, tente de répondre en les plaçant dans un contexte économique confronté à une demande de plus en plus précise, personnalisée, pressée et soucieuse d’économies.
Parmi les livres - En toute logistique
On définit couramment la logistique comme étant « l’ensemble des opérations nécessaires à la mise à disposition des produits sur les lieux de destination en partant de leur production » (1). Cet ensemble d’activités humaines n’est pas né avec l’économie de marché, mais bien avant, avec l’émergence des premières cités et la mise en œuvre des conquêtes militaires. Comment en effet conquérir le monde, bâtir des Empires, partir à la découverte de continents éloignés sans une organisation infaillible, assurant le transport des troupes, leur approvisionnement en équipement et leur ravitaillement ? Telles sont les questions auxquelles tente de répondre l’ouvrage En toute logistique (2).
Alexandre le Grand, puis, Napoléon et, plus près de nous, les alliés lors du dernier conflit mondial ont su bâtir des modèles logistiques performants s’adaptant aux capacités de leur époque et à la hauteur de leurs besoins. Ils ont ainsi donné ses lettres de noblesse à une mission bien souvent oubliée voire décriée.
L’histoire de l’humanité tout entière en est d’ailleurs marquée : Rome tout d’abord — superpuissance où la logistique sert tout à la fois les politiques de conquêtes et l’afflux des richesses ; puis des caravansérails aux foires de Champagne du XIIe au XIVe siècle — avec ses marchés symboles de la logistique médiévale ; l’ambitieuse politique commerciale lancée par Colbert au XVIIe siècle — où l’émergence d’un marché national rend nécessaire la constitution d’un important réseau routier et de voies d’eau et de cabotage ; la campagne d’Égypte de Bonaparte ensuite, qui constitue encore aujourd’hui une référence logistique militaire historique — car il s’agit là du débarquement d’une escadre de 50 000 hommes et d’une armada de 350 bâtiments de guerre à près de 3 000 kilomètres des rivages de la France ; enfin, les docks de Londres au XIXe siècle — au service d’une puissance économique et d’un Empire colonial à l’ère de la révolution industrielle ; le débarquement des forces alliées, pour finir, le 6 juin 1944 qui constitue la plus importante opération logistique jamais menée par des militaires — les moyens sont là : 130 000 combattants débarquent le jour J, sur cinq sites, accompagnés de 330 000 véhicules, ils seront plus de deux millions à peine trois mois plus tard. L’opération Overlord, à cet égard, est exemplaire, car pour la première fois, par la modélisation mathématique qu’elle induit, la logistique apparaît comme une science au service de la prévision et de la décision.
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