En mars 2008, la Russie pourrait connaître une alternance à l’occasion d’un scrutin présidentiel. Le président Vladimir Poutine semble organiser sa succession entre les deux hommes forts du régime, Sergueï Ivanov et Dmitri Medvedev, représentant respectivement deux clans kremliniens, la force publique et les libéraux centristes. Il n’est pas exclu que V. Poutine, malgré tout, pourrait se succéder à lui-même cédant ainsi à une forte pression de son entourage et de l’opinion publique, qui lui reste largement favorable.
Succession de Poutine
Putin's succession
The March 2008 presidential election in Russia could see a change. President Vladimir Putin is apparently organising his succession in the shape of the two strongmen of his regime–Sergei Ivanov and Dmitry Medvedev, who represent two clans in the Kremin, the silovikifrom the FSB and the liberal centrists respectively. Yet it cannot be ruled out that, despite everything, Putin becomes his own successor under pressure from his entourage and a broadly favourable public.
Qui sera le nouveau président russe en mars 2008 ? Conduira-t-il la Russie sur le chemin tracé par Poutine en renforçant un régime autoritaire et une démocratie contrôlée et en s’opposant à l’Union européenne ? Ou se rapprochera-t-il de l’Europe en rétablissant les libertés fondamentales ? Les Européens se sont habitués à l’image de Vladimir Poutine qui dirige la Russie d’une main de fer depuis 2000 et pensent qu’il va se représenter et se faire réélire. Or, le président russe ne cesse de répéter qu’il respectera la Constitution et qu’il ne se représentera pas aux élections présidentielles de 2008. Il est impossible de répondre avec certitude à toutes ces questions car la transition se présente comme une équation à plusieurs inconnues dont la plus importante reste les intentions de Vladimir Poutine, lui-même, incompréhensibles si elles sont considérées en dehors de son bilan politique.
Le bilan des deux mandats de Vladimir Poutine
Il existe deux représentations de l’action politique du Président russe.
De l’extérieur, les observateurs occidentaux réduisent traditionnellement la période Poutine à plusieurs faits plus ou moins médiatisés généralement à l’extérieur de la Russie : la seconde guerre de Tchétchénie, abondante en violations des droits de l’Homme ; le démantèlement du système multipartite et l’absence au Parlement de partis orientés vers les valeurs démocratiques occidentales ; la disparition progressive des médias indépendants du Kremlin et l’instauration de « la censure politique implicite » ; la brutalité avec laquelle la Russie se comporte à l’égard de certaines républiques ex-soviétiques dirigées par des hommes politiques pro-occidentaux tels l’Ukrainien Viktor Iouchtchenko ou le Géorgien Mikhaïl Saakachvili ; la politique étrangère ambiguë combinant le dialogue avec l’Occident et la collaboration avec le leader iranien antioccidental Mahmoud Ahmadinejad et le héraut de l’antiaméricanisme Hugo Chavez ; le renforcement continu de la mouvance néo-impérialiste et antioccidentale, tolérée et parfois encouragée par le régime ; la généralisation de la corruption, devenue systémique, qui compromet sérieusement la mise en œuvre des réformes ; enfin, le renforcement disproportionné de l’État conduisant à des pratiques arbitraires du pouvoir à l’égard des opposants politiques, emprisonnés sous prétexte de délits économiques (comme Mikhaïl Khodorkovski), ou harcelés régulièrement (comme le leader actuel de l’opposition Garry Kasparov).
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