Les élections de 2007 ont montré que les Français validaient une volonté de rupture dans le modèle de société issu de mai-68. La politique de défense était, depuis cette période, empreinte d’une idéologie pacifiste. La réécriture du Livre blanc, par ailleurs à l’ordre du jour, sera l’occasion d’exprimer cette rupture, par exemple en donnant une définition plus pragmatique de la menace terroriste et en redéfinissant le cadre juridique international d’intervention de nos forces armées.
La nécessaire réforme de la politique de défense de la France
The necessary reform of French defence policy
The 2007 elections showed a willingness by the French people to make a break with their model of society dating from May 1968. Since that date, defence policy has been stamped with pacifist ideology. Redrafting the defence White Paper is on the agenda: it will be the chance to make this break a reality by, for example, defining the terrorist threat more pragmatically and redefining the international legal framework for intervention of France’s armed forces.
Le 6 juillet 1830, l’amiral Duperré, commandant l’escadre devant Alger, envoyait la dépêche suivante au ministre de la Marine : « L’armée du Roi a triomphé. Le sort d’Alger est décidé depuis hier. Le pavillon du Roi flotte sur tout le fort et sur le palais du Dey. La question européenne agitée depuis des siècles est résolue ».
Cette opération, visant à contraindre le Dey à cesser tout acte de piraterie contre les intérêts européens, fut décidée dans la lignée d’une politique ayant pour ambition de stopper le processus révolutionnaire qui avait commencé en 1789. Si celui-ci avait continué, la France serait aujourd’hui un univers concentrationnaire dont les lois ressembleraient à celles décrites par Huxley dans Le Meilleur des Mondes, univers qui se serait en outre parfaitement accommodé de la piraterie barbaresque. En effet, toute révolution, lorsqu’elle n’est pas stoppée de manière volontariste, progresse de jour en jour dans une direction unique par un phénomène de cliquet. Depuis 1789, d’autres mouvements révolutionnaires se sont enclenchés. Le dernier date de mai-68, il est toujours en action.
Les dernières élections nationales ont montré la volonté forte des Français d’y mettre un coup d’arrêt ; en d’autres termes, pour employer le vocabulaire classique des idées politiques, de provoquer une « réaction ». Il convient alors de s’interroger sur la réforme qui doit être entreprise pour tenir compte de telles perspectives dans le cadre de la défense de nos intérêts vitaux.
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