Marine - Professionalisation et lien Marine-nation
L’idée générale que la professionnalisation, en réservant le métier des armes à un petit nombre de spécialistes volontaires, risque de détruire à long terme l’esprit de défense chez les autres citoyens, bouscule les habitudes et inquiète les militaires. Depuis Valmy, ils s’étaient habitués à se rassurer en ayant l’impression, justifiée ou non, d’être soutenus par la totalité de la population puisqu’elle participait, dans sa grande majorité, au service national obligatoire. Cette perception, qui concernait un peu moins la marine dont le taux d’appelés était plus faible qu’ailleurs, conduit à se demander dans quelle mesure le lien entre la marine totalement professionnalisée et la nation est encore d’actualité et s’il y a lieu de se battre pour le conserver dans le nouveau contexte législatif.
Ce ne serait pourtant pas le premier corps de métier dont l’action serait capitale pour la vie de la nation et toucherait toutes les couches sociales, sans pour autant nécessiter l’investissement personnel de tous les citoyens. Il n’est que de considérer l’importance du travail fourni par les agents du Trésor public dans la collecte des impôts pour songer à remettre en question le réel besoin d’assise civique pour un dispositif de l’État totalement professionnalisé. Quant aux côtes de France, elles sont remarquablement sécurisées par un service des Phares et Balises dont l’efficacité n’est pas discutable, mais dont le recrutement se passe facilement d’une adhésion massive des électeurs. On pourrait ainsi multiplier à l’envi les exemples d’institutions nationales qui ne se sont jamais trop préoccupées d’assurer un support populaire à leur existence et à leur pérennisation.
Puisque la suspension de la conscription a objectivement supprimé l’obligation de concrétiser l’esprit de défense du citoyen par une action tangible individuelle, il faut donc se poser la question des moyens à mettre en œuvre pour que la défense armée (et non seulement l’esprit de défense) reste une priorité nationale, lorsque la disparition des appelés aura été consacrée par le temps.
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