Politique et diplomatie - L'état des relations franco-allemandes
Au moment où se clôt à Bonn la discussion — dont l’issue ne faisait pas de doute — des accords de Paris, et alors que le Conseil de la République s’apprête à prendre sur ces accords une décision définitive, il est utile de résumer à très grands traits l’évolution des relations franco-allemandes au cours des dernières années.
D’abord, ces relations se sont transformées quant à leur cadre : de multilatéral qu’il était, celui-ci est devenu, ou tend à devenir, bi-latéral. Cette évolution s’explique pour deux raisons. Avant tout, le renforcement progressif de la capacité juridique de la République fédérale et de son « poids » international en ont fait un partenaire majeur, avec qui il devenait parfois nécessaire de discuter en tête à tête, et sur un pied d’égalité, des problèmes franco-allemands. Ensuite, l’affaiblissement de l’idée européenne entre 1950 et 1954, entre la naissance du plan Monnet-Schumann et l’enterrement de la C. E. D. par l’Assemblée nationale en août dernier, a laissé la France et l’Allemagne, face à face, pour un dialogue dont l’issue est décisive. Ces deux causes ne sont d’ailleurs pas indépendantes l’une de l’autre. C’est dans une large mesure en raison de l’autonomie croissante de l’Allemagne et du développement de la puissance économique allemande entre 1950 et 1954 que les chances de réaliser l’intégration européenne se sont progressivement réduites : l’intégration avec l’Allemagne de 1954 ne signifiait plus la même chose que l’intégration avec l’Allemagne de 1950.
Enfin il convient de noter que, pour la France, le bilatéralisme qui caractérise de plus en plus les relations franco-allemandes n’est rien de plus qu’une méthode de travail, une façon de poser les problèmes pour les mieux résoudre, et non pas une orientation de la politique internationale française. Tous les gouvernements français, aussi bien ceux qui ont précédé que ceux qui sont suivi le rejet de la C. E. D. par l’Assemblée nationale, étaient convaincus de la solidarité de toutes les Puissances européennes et du caractère indissociable des divers problèmes européens.
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