Dans l’ensemble Europe-Afrique-Asie, la mer Méditerranée occupe une place d’une importance considérable. Nœud des communications maritimes d’Ouest en Est, entre l’Europe et l’Orient (Proche et lointain) et du Nord au Sud entre l’Europe et l’Afrique, la Méditerranée est aussi devenue une zone stratégique de premier ordre par les bases aériennes et maritimes que les puissances occidentales y ont installées. La valeur de ces bases s’est trouvée accrue du fait que leur nombre a sensiblement diminué depuis la fin de la dernière guerre, et en raison du recul des positions occidentales en Europe Centrale et dans les Balkans. La conservation de ces bases est donc pour l’Occident un impératif catégorique, et le maintien de l’ordre et de la paix en Méditerranée une précaution nécessaire.

Or, en Méditerranée occidentale, la France doit rétablir l’ordre dans ses départements d’Algérie et dans le protectorat du Maroc. En Méditerranée orientale des incidents se sont à nouveau produits dans le corridor de Gaza entre les forces égyptiennes et les troupes d’Israël. L’Égypte, de son côté, a dû envisager l’éventualité d’envoyer des troupes dans le Soudan méridional, où des unités soudanaises s’étaient mutinées ; le Soudan va bientôt se prononcer sur son indépendance ou son rattachement à l’Égypte, et à cette occasion se ravive l’antagonisme latent entre le Nord et le Sud du pays. Enfin, conflit mineur sans doute, mais qui ne mérite pas moins, par ses conséquences politiques et psychologiques de préoccuper les chancelleries de l’Occident, le sort de l’île de Chypre est officiellement mis en question par la Grande-Bretagne, la Grèce et la Turquie.

Ces événements préoccupent les trois grands alliés occidentaux ; mais elles les intéressent plus ou moins directement. La France est tenue de concentrer toute son attention et toutes les forces requises par la situation en Afrique du Nord. Les États-Unis bien qu’ils suivent de très près l’évolution des affaires marocaines — ils disposent au Maroc de cinq bases aériennes — font actuellement une nouvelle tentative pour améliorer les relations entre Israël et les pays arabes, et pour ainsi écarter cette pierre d’achoppement de toute alliance arabo-occidentale. La Grande-Bretagne seule, traite la question de Chypre.