Défense nationale et Secrétariats d’État
Étudié du point de vue des opérations, le « compartimentage » Guerre-Air-Marine ne présente plus le caractère absolu qu’il offrait encore en 1939. Le recours aux « opérations combinées » est devenu la règle la plus fréquente. Les enseignements de la dernière guerre à cet égard, ont été confirmés par les différentes manœuvres au cours desquelles on a fait intervenir l’arme atomique. En présence de cette évolution profonde de l’emploi des Armées, évolution qui met en cause la structure même de notre Défense Nationale aucune adaptation efficace n’a été tentée. Ce n’est pas que le complexe Guerre-Air-Marine n’ait pas fait l’objet de modifications. Un certain nombre de combinaisons ont été tentées, mais sans que les principes de base aient été renouvelés et toujours pour une courte durée de temps.
D’autres raisons pourtant imposeraient des améliorations. Les double-emplois vont, en effet, se multipliant. Un certain dossier du Rapporteur du Budget de l’Air est justement sévère à ce propos. En un moment où la complexité et le prix des armes font qu’un budget de Défense Nationale atteint la limite des possibilités d’un État, le maintien de la situation actuelle est inquiétant. Faut-il ajouter qu’elle est peu favorable à l’éclosion d’esprits orientés vers la combinaison des armes. Aussi bien, des problèmes de structure risquent-ils de se poser prochainement. Le développement de l’arme atomique et des engins à réaction non-pilotés, est accéléré. Ces nouvelles armes exigeront des regroupements d’ensemble.
Il ne fait donc aucun doute que l’ultra-modernisation de l’Armée ne peut se poursuivre dans le cadre actuel. Une question se pose de suite : faut-il détruire le particularisme de chacune des trois Armées ? Ceci ne doit même pas effleurer la pensée, car ce serait méconnaître ou méjuger un des ressorts profonds permanents des Forces Armées. N’oublions pas, en outre, que les Armées sont nées de la « puissance d’unité » qui émane de chacun des trois éléments qui leur servent de domaine. Les détruire artificiellement serait risquer de les voir se reconstituer spontanément par le jeu même du premier acte de guerre.
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