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Dans le prolongement de son précédent texte relatant la crise en elle même, l'auteur dézoome pour observer les autres données de l'affrontement entre l'URSS et les États-Unis.
Les données stratégiques de la crise de Cuba (T 1436)
Drapeaux soviétiques et américains (© Onur , Adobe Stock)
Dans le prolongement de son précédent texte relatant la crise en elle même, l'auteur dézoome pour observer les autres données de l'affrontement entre l'URSS et les États-Unis.
En 1962, faisant mentir les inquiétudes américaines relatives à un potentiel « missile gap » (déficit en missiles) en leur défaveur compte tenu des succès ininterrompus des vols habités soviétiques dans l’Espace, l’Union soviétique se trouvait en réalité très en retard sur son concurrent américain dans la course aux armements nucléaires. Selon l’Institut international d’études stratégiques de Londres (IISS), référence en la matière, en 1962, Moscou détenait seulement 75 missiles intercontinentaux terrestres (Intercontinental Ballistic Missile, ICBM en jargon spécialisé) et n’en produisait péniblement que 25 par an. Ces engins étaient très imprécis et si peu sûrs que la même étude faisait remarquer : « On ne pouvait déterminer avec certitude qui ils menacent en réalité ». Quant aux États-Unis, ils détenaient à la même époque 294 ICBM et leur programme d’équipement, avec la production de 100 engins par an, était quatre fois plus élevé que celui des Soviétiques. Leur parc allait passer de 62 en 1961 à 424 en 1963, 834 en 1964 et enfin, à 1 054 en 1967, date à laquelle le programme a été stoppé au plan quantitatif, le nombre ne représentant pas grand-chose en matière nucléaire.
La situation de Moscou était encore plus défavorable s’agissant des missiles embarqués sur les sous-marins lanceurs d’engins (SLBM). À l’époque de la crise de Cuba, l’Union soviétique n’en possédait pratiquement aucun, tandis que les États-Unis se trouvaient, dans ce domaine, en plein effort d’équipement, grâce au développement du programme Polaris : 96 systèmes d’armes de ce type étaient opérationnels en 1961, 144 en 1962, 416 en 1964, pour être stoppé à 856 en 1967, embarqués à bord de 41 SLBM.
Si l’on ajoute que les États-Unis disposaient encore en 1962, de 2 000 bombardiers intercontinentaux (Boeing B-47 Stratojet et B-52 Stratofortress), contre moins de 150 appareils soviétiques équivalents, la supériorité américaine était écrasante. Si Kennedy, au même titre que l’ensemble des dirigeants américains, même s’il en avait conscience globalement, n’en avait pas une connaissance chiffrée précise, ignorant la réalité du déficit soviétique, en revanche, Khrouchtchev, lui, en était pleinement conscient, ce qui explique peut-être ses rodomontades récurrentes.
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