Malgré les efforts de l'Ukraine et le soutien des Européens pour parvenir à un cessez-le-feu, la Russie de Vladimir Poutine, reste inflexible et ne voit comme issue que la capitulation sans condition de l'Ukraine. Les récentes conditions posées par Moscou pour un cessez-le-feu sont jugées inacceptables, incluant des demandes de démantèlement territorial, de démilitarisation, de neutralisation, et de russification de l'Ukraine. Pendant ce temps, le nouveau silence de Washington sur le sujet devient assourdissant.
Édiorial – Ukraine : une impasse sans fin
Editorial —Ukraine: A Never-Ending Impasse
Despite Ukraine's efforts and European support to achieve a ceasefire, Vladimir Putin's Russia remains inflexible and sees no solution other than Ukraine's unconditional surrender. Moscow's recent conditions for a ceasefire are deemed unacceptable, including demands for territorial dismantling, demilitarization, neutralization, and Russification of Ukraine. Meanwhile, Washington's new silence on the matter is becoming deafening.
Plus que jamais, les armes parlent en Ukraine. Malgré la volonté affichée d’aboutir à un cessez-le-feu de la part de Kyiv, avec le soutien des Européens, rien n’y fait, Moscou reste droit dans ses bottes et ne conçoit pas autre chose que la défaite de l’Ukraine avec sa capitulation pour envisager alors un éventuel arrêt des combats. La hausse des bombardements sur les villes est à cet égard significative et démontre le cynisme russe.
Selon la vision géopolitique de Vladimir Poutine, il veut aboutir exactement à l’équivalent de ce que l’Allemagne nazie a dû accepter en mai 1945 avec une capitulation sans condition. Punir les Ukrainiens qui, depuis 2014, refusent de se soumettre au Diktat russe. La présentation récente, le 2 juin, du mémorandum concernant les conditions pour un cessez-le-feu sont exorbitantes et totalement inacceptables tant pour l’Ukraine que pour les alliés européens. Moscou ne fait aucune concession, bien au contraire : démantèlement du territoire, démilitarisation, neutralisation, russification avec le retour de l’autorité du patriarche de Moscou sur l’Église orthodoxe ukrainienne… et une nouveauté, l’instauration de zones « tampon » le long des frontières et de la ligne de front, privant encore plus Kyiv de souveraineté sur son sol.
Ce dimanche, l’armée russe a annoncé sa volonté de rentrer dans l’oblast de Dnipropetrovsk pour y établir, là aussi, une zone tampon. Cet affichage d’un objectif tactique – loin d’être atteint au regard des capacités actuelles des forces de Moscou – est avant tout d’ordre politique et confirme bien que la Russie n’est pas dans une perspective de faire baisser la pression mais, bien au contraire, d’accroître encore son effort de guerre et d’obtenir la victoire « décisive » qui échappe depuis plus de trois ans au commandement russe.
Pour les Ukrainiens, c’est l’obligation de disperser ses forces pour tenir la ligne de front avec les zones où le combat fait rage et d’autres où il y a obligation de maintenir un rideau défensif pour prévenir toute tentative de percée alors même que le rapport de force reste, bien sûr en leur défaveur.
Or, depuis l’annonce russe, le plus troublant est le silence américain. À vrai dire, le dossier – trop complexe pour une administration brouillonne – semble éclipsé par la crise intérieure autour de la chasse aux migrants illégaux en Californie. Pour la Maison Blanche, cela est bien plus important que la guerre en Ukraine, car il faut satisfaire un électorat qui commence à s’inquiéter du bazar déclenché depuis le 20 janvier. Entre droits de douane, compétition économique avec la Chine, mépris à l’égard des Européens, guerre au Proche et Moyen-Orient et, maintenant, contestation interne, cela fait beaucoup pour Donald Trump, dont l’action est guidée par des intérêts immédiats et visibles sur tout type d’écran.
Tant pis pour l’Ukraine, considérée il y a quelques jours comme un « gamin » se disputant au parc avec son voisin russe. Dès lors, pour celui-ci, il suffit de rester patient et de poursuivre son offensive d’autant plus que l’été est là avec ses longues journées d’autant plus propices à la guerre. ♦