Le plan de paix américain, perçu comme une capitulation ukrainienne, a provoqué une réaction européenne pour sauver l’Ukraine. Trump, pressé de négocier avec la Russie, ignore les Ukrainiens et fragilise l’Europe, qui doit renforcer sa défense. La guerre continue, Moscou visant toujours la soumission de l’Ukraine.
Éditorial – Week-end à Genève (T 1773)
© DR / AP - Martial Trezzini/AP/Keystone
Editorial —Weekend in Geneva
The American peace plan, perceived as a Ukrainian capitulation, provoked a European reaction to save Ukraine. Trump, eager to negotiate with Russia, is ignoring the Ukrainians and weakening Europe, which must strengthen its defenses. The war continues, with Moscow still aiming for Ukraine's subjugation.
Comme cet été avec la rencontre Trump-Poutine à Anchorage, l’Ukraine et l’Europe ont senti le vent du boulet de la défaite souffler. Le plan de paix en 28 points proposé par le Président américain jeudi dernier avec une « deadline » fixée au jeudi 27 novembre, le Thanksgiving day, n’était ni plus ni moins que la capitulation de l’Ukraine et, de ce fait, la satisfaction des exigences russes. Washington se faisait fort de régler directement ce trop long conflit en dealant directement avec Moscou, en se fichant bien du sort des Ukrainiens et en passant par-dessus les Européens.
Très clairement, un mauvais remake de Munich et de Yalta.
D’où l’urgence d’un nouveau sommet conduit ce dimanche à Genève entre les États-Unis, l’Ukraine et le groupe des E3 réunissant la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne pour essayer de « sauver les meubles » face au projet américain sur lequel on s’interroge toujours et la façon dont il a été construit ; et ce, sous la dictée des Russes ?
En ce lundi, il semble que la pression diplomatique européenne – traduisant la solidarité avec l’Ukraine – a permis une inflexion dans les propositions américaines. À charge de Marco Rubio, le secrétaire d’État, d’amadouer maintenant un Donald Trump, pressé d’en finir, à n’importe quel prix et pouvoir enfin faire du business avec la Russie, qui veut se présenter comme un Eldorado pour les entreprises américaines. Il faut cependant rester très prudent, d’autant plus que l’on ne connaît pas encore la position russe suite à la rencontre de Genève et les évolutions du projet. La seule certitude est que la guerre continue, tant sur la ligne de front qu’envers la population civile bombardée chaque nuit, alors que les émissaires du Kremlin ne cessent de proclamer qu’ils veulent la capitulation de l’Ukraine et le retour de celle-ci sous la tutelle de Moscou.
Une fois de plus, le locataire de la Maison Blanche a montré son impatience et sa détermination à vouloir régler le problème, comme s’il s’agissait d’affaires immobilières, avec des transferts de propriétés, des droits d’exploitation sur les ressources ukrainiennes, des agios (aux Européens de payer) et de communication à des fins de politique intérieure. En oubliant les populations ukrainiennes, notamment celles des régions que Moscou revendique. Là encore, le plan proposé jeudi dernier se serait traduit par un véritable exode vers l’ouest, pour éviter de tomber sous la férule russe. Un drame humain se rajoutant à celui provoqué depuis le 24février 2022.
Cela traduit aussi la fragilité de la considération du dirigeant américain à l’égard de l’Europe. Celle-ci a, encore une fois, failli être marginalisée alors qu’il y va de sa propre sécurité et de son avenir. Cela signifie aussi qu’il y a urgence à rehausser notre effort de défense, notamment dans le cadre du Projet de loi de finances (PLF) 2026. La détermination russe à saper l’unité européenne, à créer la peur et à manipuler les opinions est, non seulement intacte, mais a même augmenté. Tout ce qui peut diviser est bon à prendre pour Moscou. L’Ukraine est son champ de bataille et l’Europe sa cible, car l’ambition clairement affichée par Vladimir Poutine est bien d’arriver à ce triumvirat mondial incarné par lui-même, Xi Jinping et Donald Trump. ♦
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