Grâce à l’intelligence artificielle et aux nanotechnologies, les biotechnologies vont considérablement se développer dans les années qui viennent, pour le meilleur et pour le pire. La bio-révolution va s’inviter dans de nombreux domaines de la vie de nos sociétés, y compris celui de la défense et de la sécurité. Si les biotechnologies portent de grands espoirs de l’humanité, leur caractère dual et leur militarisation lui posent également de grands défis. Une compétition acharnée est lancée entre les États-Unis et la Chine pour obtenir l’avantage stratégique qui manquera à l’Europe si elle reste la spectatrice naïve et inutile de cette course à la nouvelle bombe.
La militarisation de la bio-révolution : un défi de défense et de sécurité
Le XXIe siècle marquera sans aucun doute un tournant dans la façon dont les hommes se font la guerre. Le doux rêve de la paix éternelle promise par la supposée « fin de l’histoire » (1) chère à Francis Fukuyama en 1989 a fait place à un état de confrontation permanente, où les limites traditionnelles de la guerre ont disparu. Jadis limitée aux espaces terrestres, maritimes et aériens, la conflictualité gagne de nouveaux champs, comme l’explique Mark Galeotti dans The Weaponisation of Everything : A Field Guide to the New Way of War (2) : tout, désormais, semble pouvoir devenir le lieu de la contestation, de la compétition et de l’affrontement. Si l’hybridité est aussi ancienne que la guerre, elle s’étend à présent avec la rapidité qui caractérise les bouleversements de notre monde, profitant notamment des progrès des biotechnologies dont le mouvement transhumaniste prédit les plus heureuses conséquences (3) et qui s’offrent toutes entières à elle.
Qu’on adhère ou pas aux délires transhumanistes sur les possibilités offertes par le développement spectaculaire des biotechnologies, il faut reconnaître que nous n’avons probablement pas encore bien pris conscience de ses enjeux en matière de défense et de sécurité. Ainsi, comme l’avènement de ChatGPT en 2022 fut « l’instant Sputnik » de l’intelligence artificielle (IA), l’épidémie de Covid-19 aurait-elle dû sonner le réveil de nos sociétés sur la manipulation du vivant qui connaît une accélération sans précédent. Il n’en fut rien. Qu’une probable mauvaise manipulation de laboratoire (4), ayant engendré des conséquences colossales sur toute l’humanité, ait eu finalement si peu d’impact sur notre appréhension des risques et opportunités liés aux biotechnologies est un fait qui peut laisser perplexe.
Pourtant, la révolution biotechnologique est en marche. Avant vingt-cinq ans, elle aura bouleversé nos économies et nos modes de vie. Weaponised (5), elle aura profondément changé la donne stratégique et le visage des conflits, qu’ils soient « sous le seuil » ou non. Alors que les États-Unis et la Chine se livrent déjà une bataille sans merci pour acquérir une supériorité qui leur conférera un avantage militaire décisif, il est urgent que la France et l’Europe se mobilisent pour garantir leur sécurité.
De quoi s’agit-il ? Petite histoire des biotechnologies
L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) définit les biotechnologies comme « l’application de la science et de la technologie à des organismes vivants, de même qu’à leurs composantes, produits et modélisations, pour modifier des matériaux vivants ou non vivants aux fins de la production de connaissances, de biens et de services ». En considérant que les processus de fermentation visant la production de pain, de fromage ou d’alcool relèvent de cette définition, on peut dire que les biotechnologies sont aussi vieilles que l’humanité. Cependant, si le terme de biotechnologie fut utilisé pour la première fois en 1919 (6) par Karl Ereky, un ingénieur agronome hongrois considéré comme le père de cette discipline, les biotechnologies entrèrent dans l’ère moderne dans les années 1950 lorsque les enzymes qui assurent la synthèse de l’Acide désoxyribonucléique (ADN) furent isolés par Severo Ochoa et Arthur Kornberg. Leurs travaux de biologie moléculaire, récompensés par le prix Nobel en 1959, ouvrirent la voie à la synthèse de polynucléotides et au génie génétique, qui est la base de l’industrie des biotechnologies. Celle-ci prit un essor considérable après l’invention en 1983 par Kary Mullis de la Polymerase Chain Reaction (PCR), bien connue désormais du grand public pour avoir été utilisée en masse pour la détection des cas de Covid-19, technique d’amplification exponentielle de l’ADN permettant d’en obtenir de grandes quantités à partir d’une seule molécule. Par la suite, le séquençage de l’ADN est devenu possible et l’établissement progressif du génome des espèces a été entrepris. Ainsi, lancé à la fin des années 1980, le Human Genome Project (HGP), piloté par le National Institute of Health (NIH) américain visait à établir le séquençage complet du génome humain dans une coopération scientifique internationale.
Un potentiel largement inexploré
Si la recherche n’a cessé de faire progresser les biotechnologies depuis le premier séquençage de l’ADN, elle connaît depuis une dizaine d’années une accélération spectaculaire, portée par des enjeux économiques colossaux (7). La meilleure compréhension des systèmes biologiques au niveau moléculaire grâce à la génomique, l’ingénierie génétique ou la conception de protéines trouvent déjà de multiples applications dans des domaines aussi variés que la santé, l’agriculture, la protection de l’environnement, la police scientifique ou la paléobiologie, parmi de nombreux autres. Leur potentiel reste cependant encore largement méconnu et inexploité, comme celui des ressources quasi inexplorées de l’océan dont on estime connaître à peine 10 % des organismes vivants (8). Ainsi, l’histoire des biotechnologies ne fait que commencer.
Convergences et révolution biotechnologique
C’est désormais la convergence de cette discipline avec d’autres technologies de ruptures qui produit aujourd’hui une véritable révolution. Appliquée à la biotechnologie, l’émergence des nanotechnologies et de l’intelligence artificielle (IA) va transformer tous les aspects de notre vie avant 2050. La petite taille des premières, dont les diamètres sont semblables aux protéines et aux ribosomes, les rend particulièrement adaptées à l’échelle cellulaire et capables de traverser les membranes pour interagir avec les biomolécules. Par exemple, les nanotechnologies pourront être utilisées pour la mise au point de minuscules bio-robots destinés à la surveillance des fonctions biologiques d’un individu, ou encore la création de nouveaux types de bio-matériels. L’IA, quant à elle, a de multiples conséquences sur les biotechnologies et est de nature à accélérer considérablement les avancées scientifiques de diverses manières comme le traitement de masse des données biologiques et l’analyse des génomes, la meilleure compréhension des systèmes biologiques ou la conception des systèmes de bio-ingénierie pour l’invention de nouvelles protéines (9).
Le caractère dual et l’accessibilité des biotechnologies : un enjeu de sécurité
Si les biotechnologies sont porteuses de grands espoirs pour l’humanité, notamment dans le domaine de la santé où les résultats déjà obtenus étaient inimaginables il y a à peine vingt ans, l’évolution rapide des connaissances en génie biologique et leur caractère éminemment dual imposent de s’intéresser à d’éventuels usages négatifs : l’avènement et les avancées des biotechnologies ont rendu la guerre biologique plus accessible et plus complexe (10).
Les travaux de génie génétique étaient jadis réservés à quelques grands laboratoires bien dotés. De nos jours, l’IA et les Large Language Models (LLM) ont considérablement démocratisé l’accès aux biotechnologies. En outre, le séquençage d’un génome humain, dont le coût est passé de 100 millions de dollars en 2000 à environ 200 dollars en 2023, sera bientôt accessible à tous. L’émergence rapide de nombreuses techniques d’édition du génome, comme le Clustered Regularly Interspaced Short Palindromic Repeats (CRISPR) (11), augmente le risque de prolifération d’agents biologiques de ciblage génomique de précision. Ainsi, dès 2015, le directeur du renseignement américain estimait que l’édition du génome pouvait constituer une menace potentielle, par exemple en facilitant la mise au point de nouveaux agents pathogènes ou en renforçant la virulence d’agents pathogènes naturels (12).
Cette affirmation est tout sauf fantaisiste. En 2021, constatant l’essor de la recherche dans le domaine des biotechnologies, le Conseil national consultatif pour la biosécurité (CNCB) alertait sur la nécessité d’une véritable prise de conscience des questions posées par les « recherches duales à risque » et leur encadrement, qui ne se limitent pas à des problématiques éthiques, mais qui constituent un enjeu de sécurité majeur (13). Dans de nombreux cas, en effet, les biotechnologies peuvent être classées dans la catégorie des biens à « double usage », susceptibles d’avoir une utilisation tant civile que militaire, dont l’utilisation est illégitime lorsqu’elle s’inscrit dans le développement d’armements prohibés par des conventions internationales comme les conventions d’interdiction des armes biologiques (CIAB) de 1975. Plus largement, la notion de recherche duale à risque couvre aussi bien les projets pouvant conduire à un « mésusage », c’est-à-dire à une utilisation inappropriée ou illégitime, consciente ou non consciente, à des fins malveillantes ou bienveillantes, que ceux qui, en cas d’incidence, auraient des conséquences inacceptables (14).
Dans son rapport, le CNCB pointe la multiplication des exemples de recherches duales inacceptables. Ainsi, dès 2005, des chercheurs ont réussi à reconstituer synthétiquement le virus responsable de la grippe espagnole de 1918, qui a fait 50 millions de morts. Une équipe du Massachusetts Institute of Technology (MIT) a récemment montré qu’il était aisé de reconstituer la séquence complète du génome de ce virus à partir de fragments facilement accessibles sur Internet, compte tenu de l’absence ou de la relative inefficacité des mesures de contrôle (15). En 2018, le virus de la variole équine, proche de la variole humaine (maladie très contagieuse et mortelle dans 30 % des cas), a été synthétisé par une équipe de chercheurs canadiens sous prétexte de servir à la mise au point de nouveaux vaccins, alors que ce virus a déjà été éradiqué par la vaccination. Dans un cas comme dans l’autre, la nécessité de telles recherches est sujette à caution. De la même manière, les processus visant à augmenter la virulence de certains agents pathogènes sont couramment utilisés dans la recherche à des fins thérapeutiques dans le but de mieux comprendre leurs mécanismes de fonctionnement (techniques de « gain of function ») (16). La protéomique (17), quant à elle, ouvre de nouvelles perspectives dans la mise au point d’agents visant spécifiquement les biorégulateurs et substances de l’organisme qui contrôlent les fonctions vitales telles que la pression sanguine, la transmission neuronale ou les réponses immunitaires (18). Plus subtil encore, l’association de la génomique et la protéomique permettent de cibler la structure primaire d’un gène ou d’une protéine et d’infliger ainsi des blessures « de précision », pouvant engendrer des dysfonctionnements physiologiques « programmés » éventuellement des semaines ou des mois après avoir été infligées.
Ainsi, les progrès en biologie permettent désormais de reconstituer ou d’inventer facilement des virus ou des bactéries, d’en augmenter la virulence, de les rendre éventuellement contagieux chez l’homme, de cibler une espèce, une population ou des fonctions particulières, le tout à moindre coût et à faible délai. La disponibilité de l’information et les possibilités offertes par l’IA laissent penser que les connaissances et les techniques peuvent être aisément utilisées (19) par des États mal intentionnés ou des organisations terroristes ou criminelles, via des AI drug discovery platforms (20), des laboratoires amateurs ou des associations de type Do it yourself bio. Dès lors, le risque de prolifération et de dissémination d’armes biologiques nouvelles et très perfectionnées a changé d’échelle.
Une arme d’un nouveau type
La menace biologique à laquelle devaient faire face les armées de la coalition internationale lors de la première guerre du Golfe en 1991 n’a pas disparu. Elle est désormais supplantée par une menace nouvelle liée au développement spectaculaire des biotechnologies et à leur démocratisation qui ouvre la voie à la production d’armes particulièrement sophistiquées. Dans un article paru en 2005, le colonel Guo, de l’Armée populaire de libération (APL), explique dans quelle mesure la biotechnologie moderne offre un avantage militaire « potentiellement énorme » (21). Il précise que les armes biotechnologiques, par la précision du ciblage qu’elles offrent comme par les dégâts limités qu’elles peuvent infliger à l’ennemi, permettent des destructions « à la fois plus puissantes et plus civilisées » que la poudre ou le feu nucléaire… Guo explique en quel sens l’avènement des armes biotechnologiques annonce une révolution dans l’art de la guerre : si, jusqu’à présent, la force reposait principalement sur des éléments mécaniques, avec la biotechnologie elle s’appuie désormais essentiellement sur l’information, c’est-à-dire sur la donnée. Il qualifie les armes biotechnologiques d’armes « à effet dirigé » : parmi elles, la « transfection » (ciblage par rétrovirus, adénovirus ou virus adéno-associé), la mutation induite par énergie directe, « l’intégration directe » par injection d’ADN dans les cellules cibles via la circulation sanguine. Il souligne la différence fondamentale entre les armes biologiques traditionnelles et les armes biotechnologiques : les premières, conçues comme des armes de destruction massive blessant ou tuant de manière indifférenciée, affectant les écosystèmes naturels, sont difficiles d’emploi et ont des effets souvent irréversibles. Les secondes, au contraire, seraient développées pour des frappes ciblées, « chirurgicales » si l’on ose dire, avec des effets potentiellement non définitifs. Ce sont des armes d’un type nouveau, qui se caractérisent d’abord par la capacité à infliger des blessures de précision et d’effets limités, rendues possibles par l’exploitation des données de génomes individuels ou ethniques et visant éventuellement des fonctions physiologiques ou comportementales élémentaires comme la capacité d’apprentissage, la mémoire, la motricité fine ou la maîtrise de soi. En outre, elles se démarquent des armes biologiques traditionnelles d’une part par une plus grande facilité de conservation, de transport et d’emploi et, d’autre part, par une meilleure « crypticité », dans la mesure où leur emploi est plus difficile à anticiper ou à détecter. Enfin, les dégâts causés sont contrôlables et réversibles dans le cas, par exemple, de fourniture d’un bio-antidote ou d’un vaccin, donnant par là l’occasion, selon Guo, d’accomplir un acte de miséricorde envers son ennemi tout en contribuant à la disparition définitive des armes biologiques classiques, devenues obsolètes…
De là à ce que leurs promoteurs qualifient les armes biotechnologiques d’armes « propres », il n’y a qu’un pas, en opposition à l’arme « sale » par excellence qu’est l’arme biologique. En réalité, la panoplie d’armes biotechnologiques n’a de limite que la créativité de leurs concepteurs et rien n’indique qu’ils s’astreignent de leur propre chef à répondre à des impératifs philanthropiques qui ne figureront probablement pas toujours au cahier des charges de leurs commanditaires. Cette présentation faussement naïve du problème pourrait d’ailleurs constituer le signe d’une volonté de contourner la CIAB. En outre, rien ne garantit que l’emploi de ce type d’arme soit limité aux conflits armés conventionnels. Au contraire, il se prête particulièrement bien à l’hybridité ou au terrorisme et peut par conséquent, bien au-delà des forces armées, viser la société tout entière.
Bien loin de la vision idéaliste du colonel Guo, qui prêche cependant pour l’encadrement de l’utilisation des biotechnologies à des fins offensives, certains y voient plutôt l’arrivée de la « nouvelle bombe », plus puissante, plus durable, plus insidieuse et au moins aussi terrifiante que l’arme nucléaire. La comparaison a ses limites, mais il faut reconnaître que la possession d’une telle arme confèrerait probablement une capacité dissuasive à des États ou organisations terroristes auxquels l’arme atomique restera pour toujours inaccessible.
Des opportunités à saisir
Parallèlement aux nouvelles menaces qu’elles font peser sur notre sécurité, les applications militaires des biotechnologies sont aussi porteuses de perspectives capacitaires qui conféreront un avantage décisif à celui qui les maîtrisera : il ne s’agit pas seulement de s’inquiéter des conséquences d’un usage négatif des biotechnologies, il faut également en tirer parti.
Dans un rapport paru en 2022 (22), le Department of Defense (DoD) américain estime que la contribution de la révolution biotechnologique aux capacités des forces américaines va significativement augmenter d’ici à 2050, en exploitant les possibilités offertes par la biologie synthétique, les nanotechnologies, l’impression 3D et les biotechnologies de pointe, qui permettront la mise au point de nouveaux matériaux, senseurs et applications thérapeutiques. Il identifie deux principaux champs de déploiement des biotechnologies dans le domaine de la défense : l’amélioration des équipements (Enhancing Warfighting Systems – EWS) et l’optimisation des performances du combattant (Optimizing Warfighter Performance – OWP).
Selon le DoD, les biotechnologies devraient constituer un game-changer dans la conception des équipements, la logistique et de soutien, la production et le stockage d’énergie, la surveillance de l’environnement du combattant, la médecine militaire et l’amélioration des performances du soldat. De fait, les cas d’applications militaires avérées ou potentielles sont légion. Il ne s’agit pas ici d’en faire une liste exhaustive, mais d’en donner un aperçu grâce à quelques exemples.
Ainsi, les biomatériaux pourraient être utilisés pour développer des réactifs pour les explosifs de nouvelle génération, remplacer une partie des terres rares dont les systèmes modernes sont gourmands, renforcer les blindages, mettre au point de nouvelles résines et polymères de performance supérieure. Par exemple, s’agissant de l’équipement individuel du combattant, un laboratoire américain, Kraig Biocraft Laboratories, a créé des vers à soie transgéniques pour produire de la toile d’araignée en quantité industrielle. Celle-ci intéresse particulièrement le DoD, qui a passé un contrat avec cette entreprise afin d’explorer les possibilités offertes par cette innovation. En effet, la « soie » d’araignée produite, appelée Dragon Silk par ses concepteurs, à la fois très légère, d’une résistance exceptionnelle (trois à quatre fois supérieure à celle du Kevlar, donc idéale pour les équipements pare-balles), remarquablement élastique et biocompatible (portable à même la peau), pourrait constituer la base textile de la tenue de combat du futur (23). Par ailleurs, en matière de camouflage infra-rouge, l’US Army’s Living Material Program étudie l’utilisation de biomatériaux masquant la signature thermique individuelle des soldats. Les recherches en bio-mimétisme laissent entrevoir quant à elles de nouvelles possibilités dans le camouflage adaptatif.
Les biotechnologies permettent également d’envisager l’augmentation de la durée de vie des matériaux et structures existants. Ainsi, la Defense Advanced Research Project Agency (DARPA) (24) mène actuellement une étude visant à ralentir le vieillissement du béton par l’insertion de capacités auto-réparatrices à partir de systèmes biologiques (25). Dans un autre domaine, le développement des bio-antifouling marine est très prometteur pour la protection des œuvres vives des navires (26).
Dans le domaine de l’énergie, les bio-batteries, « DNA powered » ou bio-enzymatiques, les systèmes de récupération d’énergie de type « Energy Harvesting » associés aux nanotechnologies ou la production d’électricité par procédé bio-photovoltaïque sont autant d’exemples de projets qui trouvent de multiples applications militaires, par exemple pour les drones aériens ou sous-marins ou pour l’autonomie énergétique de petits groupes de combattants projetés. Par ailleurs, alors que les armées font partie des plus gros consommateurs de carburant (27), le développement des biocarburants constitue un enjeu important de la transition énergétique, tant pour réduire leur dépendance aux énergies fossiles que pour décarboner autant que possible leur activité. Ainsi, en janvier 2025, Lockheed Martin a approuvé l’utilisation de carburants synthétiques comme le biokérosène dans le F35 Lightning II, dont plus de 1 100 exemplaires sont en service dans le monde. En outre, le transport du carburant vers les théâtres d’opérations consomme lui-même beaucoup de carburant : les biotechnologies offrent l’opportunité de réduire drastiquement leur coût logistique en localisant la production de biocarburants à proximité immédiate des utilisateurs. De manière générale, qu’il s’agisse d’énergie, d’alimentation ou de vaccins, le développement du biomanufacturing de l’avant, c’est-à-dire proche de la ligne de contact, permettra de réduire sensiblement les contraintes logistiques des forces.
En matière de surveillance de l’environnement opérationnel, les biotechnologies sont au cœur de nombreux projets, comme ceux relatifs aux applications de type « tag-track-locate » (28), aux biosenseurs destinés à la détection des bio-contaminations et des signatures complexes (acoustiques, électromagnétiques, radiations) ou à l’exploitation des bio-signatures. Ainsi, par exemple, la DARPA envisage de surveiller les océans via l’étude du comportement d’organismes marins : c’est le projet « PALS » (« Persistent Aquatic Living Sensors »), dont les avancées pourraient à terme modifier sensiblement la donne en matière de surveillance et de maîtrise de l’environnement opérationnel, notamment au regard de l’activité des sous-marins.
Les biotechnologies offrent également des perspectives intéressantes dans le développement de la bio-informatique. Ainsi, la capacité quasi-illimitée de stockage de données dans l’ADN synthétique, associée au développement de l’IA, permet d’envisager de relever les défis du stockage et de l’exploitation des données de masse dont les armées sont gourmandes, avec une faible consommation d’énergie et à moindre coût.
Par ailleurs, le développement des biotechnologies étant très majoritairement porté par le domaine de la santé, il existe de nombreuses applications militaires pour le soutien médical des forces. Les avancées du génie génétique et des nanotechnologies ouvrent la voie aux biosenseurs capables non seulement de détecter et d’identifier les bactéries, toxines ou virus auxquels le soldat ou son environnement sont exposés, mais aussi de surveiller, prédire et optimiser la santé et la performance du combattant. Portables ou implantables, les biosenseurs convertissent les processus biologiques, chimiques ou physiologiques en données électroniques transmises en temps réel (RT-PSM) (29) à un état-major ou un centre médical, qui peut dès lors adapter sans délai la manœuvre tactique ou le soutien des forces. De même, les progrès dans la connaissance du microbiome humain permettront de concevoir des bactéries « intelligentes », capables de détecter et traiter au plus tôt les maladies, de secréter des anti-inflammatoires ou encore de réguler les désordres intestinaux, les humeurs et le comportement. En matière d’alimentation, l’utilisation d’organismes génétiquement modifiés (OGM) à la valeur nutritive décuplée ou contenant des antimicrobiens (concept de nourriture « multifonctionnelle ») peut réduire l’empreinte logistique, améliorer les performances du combattant et réduire sa vulnérabilité (30). Des interfaces neuronales sophistiquées sont par ailleurs développées pour augmenter son niveau de compréhension de l’environnement et son aptitude décisionnelle. Pour le traitement des blessés, les pansements « auto-réparateurs », la production de sang artificiel (Fieldable Solution for Hemorrhage with bio-Artificial Resuscitation Products – FSHARP) (31) pouvant être facilement conditionné et transporté, l’utilisation de gènes synthétiques ou de cellules souches pour la régénération cellulaire et la réparation des organes, les prothèses d’interfaçage cérébrales à destination des amputés (32) ne sont que quelques exemples parmi d’autres d’applications des biotechnologies à la médecine militaire.
Chine et États-Unis : la bataille stratégique a commencé
Qu’on le veuille ou non, au bénéfice ou au détriment de notre sécurité, les biotechnologies vont s’imposer à nous. Elles vont s’inviter dans la conflictualité hybride, sur le futur champ de bataille et bien au-delà. C’est une rupture technologique majeure dont les conséquences stratégiques ont été anticipées depuis longtemps par les États-Unis et la Chine, qui l’ont intégrée dans leur stratégie de défense et se sont lancés dans une véritable course de vitesse pour gagner un avantage qu’ils estiment décisif.
Déjà, en 2005, Guo écrivait : « Today, modern biotechnology […] can directly explore the main entity of war —human beings themselves— thus taking precise control of the battle effectiveness of enemies. We [China] can use many modern biotechnologies direct as a means of defense and attack, and with further development, they probably will become new weapons systems. (33) » Depuis le XVIIIe congrès du Parti communiste chinois (PCC) en 2012, lors duquel Xi Jinping avait explicitement engagé la Chine dans la bataille des technologies clés, la place des biotechnologies dans la stratégie générale chinoise n’a fait que se renforcer, au même titre que le nucléaire, le cyber, l’espace, l’IA ou le quantique. Ayant fait l’objet d’investissements de l’ordre de 100 milliards de dollars dans le plan quinquennal 2016-2020, réaffirmées dans son successeur comme une priorité nationale avec 10 % d’augmentation de crédits annuelle d’ici 2035 (34), elles sont identifiées par la Chine comme un moyen de dominer la future révolution dans les affaires militaires (RMA), par le biais de sa stratégie de « fusion civilo-militaire » (35). Celle-ci organise les liens étroits qui existent entre l’APL, la China’s Academy of Sciences (CAS), le système universitaire chinois et des champions industriels nationaux comme BGI et son ancienne filiale MGI-tech, l’ensemble de ces acteurs étant étroitement contrôlés par le parti (36). L’APL a inclus la guerre biotechnologique dans sa stratégie dès 2017, comme un nouveau domaine de lutte pouvant jouer un rôle offensif décisif. Elle envisage ainsi officiellement une guerre biologique d’un nouveau type, qualifiant par exemple le CRISPR de « technologie de dissuasion militaire » ou citant dans son manuel Science of Military Strategy des attaques génétiques visant des groupes ethniques spécifiques (37).
La Chine n’est pas la seule à investir massivement dans la révolution biotechnologique et à l’avoir intégrée dans sa stratégie générale. Les États-Unis disposent dans ce domaine d’une longueur d’avance qu’ils entendent bien conserver. Pionniers dans la recherche en biotechnologie, les pandémies de la dernière décennie (Ebola, Zika, Covid-19, variole du singe) leur ont fait prendre conscience de leur faible niveau de préparation à la menace biotechnologique, d’une part, et du formidable potentiel industriel, commercial et militaire des biotechnologies au service de la suprématie américaine, d’autre part. Depuis, ils ont pris des mesures énergiques pour investir dans le champ des biotechnologies au service de leur sécurité, notamment à travers le Bioeconomy Executive Order (38) de 2022 qui vise à organiser la coopération inter-agences et à mobiliser des ressources financières pour doper la Recherche et développement (R&D). En deux ans, les investissements fédéraux ont augmenté de 30 % pour atteindre 3,5 milliards de dollars et l’administration Biden affirme avoir suscité près de 50 milliards de dollars d’investissements dans les secteurs public et privé (39). La National Security Commission on Emerging Biotechnologies (NSCEB) établie par le Congrès pour se pencher sur les conséquences du développement des biotechnologies sur la défense a émis de nombreuses recommandations (40) dont une partie a déjà été traduite sur le plan législatif et bénéficie d’investissements budgétaires importants (41). Le DoD a diffusé en 2023 sa Biomanufacturing Strategy, tandis que le Congrès demande au directeur national du renseignement de lui soumettre avant mars 2025 une stratégie visant à faire face aux menaces biotechnologiques (42).
Alors que les États-Unis privilégient une approche guidée par le marché et insistent traditionnellement sur les questions éthiques et juridiques, la Chine injecte massivement des capitaux nationaux dans l’économie des biotechnologies et adopte une méthode plus agressive qui s’embarrasse moins de ces considérations, créant dès lors un déséquilibre dans la compétition. Si les États-Unis disposent encore d’une relative avance, ils sont forcés à accélérer tant la Chine rattrape rapidement son retard (43). À l’instar d’autres secteurs sensibles, ils adoptent vis-à-vis de Pékin des mesures de protection de leur patrimoine matériel et immatériel, qu’il s’agisse des exportations d’outils utilisant l’IA pouvant servir à la conception d’armes biologiques (44), des données (45) ou des investissements chinois dans la bioéconomie américaine.
Sous les yeux du reste du monde, les deux superpuissances se livrent ainsi à une course de vitesse dans laquelle celle qui est en tête accélère pour conserver son avance. Sur le vieux continent, tandis que la Royaume-Uni dispose d’un secteur biotechnologique dynamique, les investissements de la plupart des autres pays européens restent relativement marginaux. Ailleurs, certains pays comme la Russie (46), l’Iran ou la Corée du Nord ont bien saisi les enjeux et opportunités portées par les biotechnologies en matière de défense et ont des programmes actifs.
Encadrement international des biotechnologies militaires
Dans nos représentations, les applications militaires des biotechnologies sont souvent associées voire confondues avec les peurs de la guerre biologique « classique » et de l’homme augmenté à des fins de domination de ses semblables. Cette vision est à la fois caricaturale et dépassée, en raison d’une grande difficulté à anticiper ces multiples applications et dans certains cas à juger de leur caractère désirable ou non.
Pourtant, on l’a vu, le développement prodigieux des biotechnologies et leur grande accessibilité font émerger de nouvelles menaces de prolifération d’armes « sales ». Or, il n’existe aujourd’hui aucun garde-fou de droit international permettant d’encadrer l’utilisation des biotechnologies à des fins militaires. Alors que l’approche occidentale, à l’instar de ce qui a prévalu pour les armes biologiques, est basée sur l’éthique et le droit international (47), la première est loin d’être universelle et le second est largement remis en cause ces temps-ci. Il est d’ailleurs probable que certains pays considèrent les biotechnologies comme un moyen de contourner la CIAB, quitte à mettre en avant le potentiel caractère prétendument « propre » des armes biotechnologiques. Réviser la CIAB pour tenir compte des évolutions technologiques et des risques de nouvelles proliférations serait sans doute souhaitable mais semble toutefois peu réaliste pour deux raisons principales : d’abord, parce que les enjeux économiques du développement des biotechnologies et leur caractère éminemment dual, qui rend très floue et subjective la frontière entre ce qui est souhaitable et ce qui est indésirable, laissent penser que personne ne se précipitera pour proposer des règles internationales susceptibles de freiner l’essor de ce secteur. Ensuite et surtout, parce qu’il est très improbable, dans la période actuelle de remise en cause du droit international, de parvenir à un consensus suffisamment large, notamment de la part de pays qui, avec une vision éthique qui leur est propre, chercheraient précisément à acquérir à moindre coût un avantage stratégique par l’utilisation des biotechnologies à des fins offensives.
(Re)venir dans le jeu
Le leader crée souvent la norme. Il serait risqué de laisser à d’autres le soin de le faire dans le domaine des biotechnologies. Pour les démocraties libérales, il est donc urgent de prendre conscience des enjeux de sécurité qu’il porte et qui ne se limitent pas à la sphère de la défense : il s’agit aussi de sécurité sanitaire, industrielle, agricole et alimentaire. L’investissement dans les biotechnologies constitue également une question de souveraineté, comme le souligne le rapport Draghi sur la compétitivité de l’Union européenne (48).
En France, pourtant, les conséquences de la révolution biotechnologique sur la défense et la sécurité sont l’affaire de quelques spécialistes et restent à ce stade un quasi-impensé stratégique. Pour s’en convaincre, il suffit de constater à quel point les productions en français disponibles sur Internet sur ce sujet sont rares. Il est également révélateur que les organisateurs de l’édition 2025 du Paris Defence and Strategy Forum, qui ont eu le mérite de proposer une conférence sur ce thème, n’aient convié que des intervenants américains, tous membres de la NSCEB. Le comité d’éthique de la défense ne s’est quant à lui pas encore penché sur cette question (49). La France possède pourtant d’importants atouts, notamment une recherche dynamique et de grande qualité et des entreprises qui sont en pointe dans ce domaine. Si le développement des biotechnologies est, comme ailleurs, principalement tiré par la santé, quelques initiatives et programmes sont suivis ou pilotés par la Direction générale de l’armement (DGA) (50), mais il manque au pays une stratégie générale, interministérielle, qui mobilise les acteurs publics et privés autour des enjeux de sécurité et de défense de la bio-révolution. La mise à jour de la Revue nationale stratégique offre une occasion d’orienter notre réflexion et notre action pour revenir dans une course que nous avons jusqu’à présent essentiellement ignorée. Cela nécessite des moyens que la France seule ne possède pas : elle doit s’associer au Royaume-Uni, qui a une longueur d’avance en Europe, éventuellement en faisant de ce sujet un nouveau domaine de coopération dans le cadre de la mise à jour des accords de Lancaster House. En s’appuyant sur le rapport Draghi, elle doit aussi entraîner ses partenaires européens pour investir ensemble dans la bio-révolution et établir une stratégie commune incluant les impératifs de souveraineté et de sécurité. Enfin, tous ces acteurs doivent coopérer avec les États-Unis, qui encouragent le réveil de leurs alliés sur ce sujet (51).
Conclusion
Le développement spectaculaire des biotechnologies engendré par leur convergence avec l’IA et les nanotechnologies va s’imposer à l’humanité à un point qu’il est encore difficile d’imaginer. Porteur du meilleur comme du pire, il fait d’ores et déjà émerger de nouvelles menaces et opportunités pour notre sécurité. Face aux défis posés par la bio-révolution en matière de défense et de sécurité, la France et l’Europe doivent prendre leur destin en main pour éviter de se faire distancer dans cette nouvelle course aux armements ouverte à tous. Comme d’autres innovations de rupture, les biotechnologies confèreront à ceux qui les maîtriseront un avantage stratégique important. Quoi qu’il en soit, peut-être ne gagnerions-nous pas grâce à elles seules les guerres de demain, mais les ignorer pourrait bien nous les faire perdre. There is time to act, but no time to wait (52).
(1) Fukuyama Francis, La fin de l’histoire et le dernier homme, Flammarion, 1992, 452 pages.
(2) Galeotti Mark, The Weaponisation of Everything : A Field Guide to the New Way of War, 2022.
(3) Roco Mihail et Sims Bainbidge Richard, Converting Technologies for Improving Human Performance, 2002.
(4) Haroche Quentin, « Origine du SARS-Cov-2 : l’Académie de Médecine penche pour l’accident de laboratoire », Journal international de Médecine, 3 avril 2025 (https://www.jim.fr/). Selon les conclusions de l’académie de médecine, « le SARS-CoV-2 est issu d’une erreur de laboratoire ». Voir aussi US House of Representatives, Final Report of the Select Subcommittee on the Coronavirus Pandemic Committee on Oversight and Accountability, 2024 (https://oversight.house.gov/).
(5) « Militarisée ».
(6) Ereky Karl, La biotechnologie de la viande, la graisse et la production de lait dans une agriculture à grande échelle, 1919.
(7) Le marché des biotechnologies, estimé en 2023 à plus de 1 500 milliards de dollars, devrait croître annuellement d’environ 14 % d’ici à 2030 (https://www.grandviewresearch.com/industry-analysis/biotechnology-market).
(8) Daniotti Sara, Re Iliara, Marine Biotechnology: Challenges and Development Market Trends for the Enhancement of Biotic Resources in Industrial Pharmaceutical and Food Applications. A Statistical Analysis of Scientific Literature and Business Models, 2021.
(9) Nuclear Threat Initiative, The Convergence of Artificial Intelligence and The Life Sciences, 2023.
(10) Bhutani Rajeev, Untapped potential of biotechnology for defence of India, 2021.
(11) Outil d’édition génétique permettant de modifier de façon spécifique la séquence des nucléotides d’un gène pour les rendre non fonctionnel.
(12) Esvelt Kevin et Millett Piers, Genome editing as a national security threat, 2017.
(13) Korn Henri, Pironneau Olivier, Fagot-Largeault Anne, Artemare (d’) Brigitte, Becard Nicolas et al. Recherches duales à risques. Recommandations pour leur pris en compte dans les processus de conduite de recherche en biologie. (Rapport du groupe de travail du CNBC). Académie des Sciences, 2019.
(14) Ibidem.
(15) Esvelt Kevin, « It shouldn’t be easy to buy synthetic DNA fragments to recreate the 1918 flu virus », STATnews, 8 mai 2024.
(16) Korn Henri, Pironneau Olivier, Fagot-Largeault Anne, Artemare (d’) Brigitte, Becard Nicolas, et al., op. cit.
(17) La protéomique est l’étude de l’ensemble des protéines d’un organisme, d’un fluide biologique, d’un tissu, d’une cellule ou même d’un compartiment cellulaire. Cet ensemble est appelé « protéome ».
(18) Egbe Nkechi, Biotechnology revolution and potential military applications, 2018.
(19) Soice Emily, Rocha Rafael, Cordova Kimberlee, Specter Michael, Esvelt Kevin, « Can large language models democratize access to dual-use biotechnology? », juin 2023.
(20) Plateformes communes utilisant l’intelligence artificielle pour accélérer et améliorer la découverte de nouveaux médicaments, en analysant d’immenses bases de données biologiques. Il en existe plusieurs dizaines dans le monde en 2025.
(21) Guo Ji-Wei et Xue-Sen Yang, « Ultramicro, Nonlethal and Reversible : Looking Ahead to Military Biotechnology », Military Review, 2005 (www.armyupress.army.mil/).
(22) US Department of Defense, Bio futures 2050 : defense impact and opportunities, 2022.
(23) Kraig Biocraft, Weaving Textiles from Recombinant Spider Silk, 2024.
(24) L’agence du département américain de la Défense pour l’achat d’armements.
(25) DARPA, Bio-inspired Reparation of Aged Concrete Edfices (BRACE).
(26) Romeu Maria Joao et Mergulhao Filipe, Developpement of Antifouling Strategies for Marine Applications, 2023.
(27) Le DoD est le plus gros consommateur de carburant au monde. À lui seul, il émet plus de gaz à effet de serre que des pays comme la Suède ou le Danemark.
(28) Littéralement : « marquer-suivre-localiser ».
(29) Real-Time Physiological Status Monitoring.
(30) Malet, Captain America in International Relations : the Biotech Revolution in Military Affairs, 2015.
(31) DARPA, DARPA Team Begins Work on Field Deployable Whole Blood Equivalent, 2023.
(32) Étudiées par exemple dans le cadre du programme « RE-NET » (Reliable Neural-Interface Technology » de la DARPA.
(33) Guo Ji-wei et Xue-Sen Yang, op cit.
(34) Singleton Craig, Biotech Battlefiled. Weaponizing Innovation in the Age of Genomics, 2025.
(35) US Department of State, Report on Biotechnology in the People’s Republic of China’s Military-Civil Fusion Strategy, International security board, octobre 2024 (https://www.state.gov/).
(36) Singleton Craig, op cit.
(37) Ibidem.
(38) The White House, Executive Order on Advancing Biotechnology and Biomanufacturing Innovation for a Sustainable, Safe, and Secure American Bioeconomy, 12 septembre 2022 (https://bidenwhitehouse.archives.gov/).
(39) The White House, « Growing U.S. Biomanufacturing Capacity for the American Bioeconomy », Communiqué de presse, 15 novembre 2024 (https://bidenwhitehouse.archives.gov/).
(40) National Security Commission on Emerging Biotechnology, Charting The Future of Biotechnology, 22 avril 2025 (https://www.nationalacademies.org/).
(41) National Security Commission on Emerging Biotechnology, Building Momentum : Congress advances numerous Commission Recommandations to strengthen US biotechnology, juillet 2024 (https://www.biotech.senate.gov/).
(42) Congress of the United States, H.R. 5009 To authorize appropriations for fiscal year 2025 for military activities of the Department of Defense, for military construction, and for defense activities of the Department of Energy, to prescribe military personnel strengths for such fiscal year, and for other purposes, 2024 (www.congress.gov/).
(43) Petit Zelie, The Strategic Imperative of Biotechnology: Implications for US National Security, 2024.
(44) Burnham Jack et Yang Johanna, « New US Export Control Seek to Prevent China From Weaponizing Biotech », Foundation for defense of democracies, 21 janvier 2025 (www.fdd.org/).
(45) The national Counterintelligence and Security Center, China’s Collection of Genomic and other Healthcare Data from America : Risks to Privacy and US Economic and National Security, février 2021 (www.dni.gov/).
(46) Warrick Jobby et Ley Jarrett, « Satellite images show major expansion at Russian site with secret bioweapons past », The Washington Post, 25 octobre 2024 (www.washingtonpost.com/).
(47) La stratégie de l’Otan publiée en 2024 présente ainsi une approche prudente fondée sur la bioéthique, les six principes d’utilisation responsable de l’IA (légalité, responsabilité, sécurité/sûreté, agentivité [sic] humaine, consentement éclairé, prise en charge dans la durée) et le respect de la CIAB.
(48) Draghi Mario, The future of European competitiveness (Rapport), Commission européenne, 9 septembre 2024 (https://commission.europa.eu/topics/eu-competitiveness/draghi-report_en).
(49) Il a cependant publié le 18 septembre 2020 un Avis portant sur le soldat augmenté (https://www.archives.defense.gouv.fr/), qui ne traite des avancées des biotechnologies que dans cette perspective.
(50) Jaouen Alain, « Accompagner la bio-révolution dans la défense », RDN, n° 875, décembre 2024, p. 100-105 (https://www.defnat.com/e-RDN/vue-article.php?carticle=23587&cidrevue=875).
(51) National Security Commission on Emerging Biotechnology, NSCEB Response to NATO’s Biotechnology and Human Enhancement Technologies Strategy, 24 avril 2024 (https://www.biotech.senate.gov/).
(52) National Security Commission on Emerging Biotechnology, Charting The Future of Biotechnology op. cit.









