Pierre Messmer and the Revue Défense Nationale
Introduction – Pierre Messmer et la Revue Défense Nationale
À l’heure où le chaos géopolitique bouleverse l’échiquier du monde avec des États prédateurs et revanchards comme la Russie de Vladimir Poutine ou l’Iran des Mollahs, voire des compétiteurs stratégiques comme la Chine de Xi Jinping ou la Turquie ; et des États-Unis désormais imprévisibles depuis le retour à la Maison Blanche de Donald Trump, faisant oublier les « dividendes de la paix » qui ont durablement et profondément affaibli notre défense durant plusieurs décennies, il est nécessaire de revenir vers les fondamentaux de notre Ve République autour des notions de souveraineté et d’indépendance.
La RDN par son histoire, commencée en 1939, a accompagné en quelque sorte cette évolution de la France et sa transformation après le traumatisme de 1940 et l’impuissance de la IVe République – malgré la réussite de la reconstruction – à redevenir une puissance souveraine et crédible par l’action du général de Gaulle, fondateur des institutions de la Ve République. Celles-ci se devaient de redonner à notre pays les capacités et la volonté politique d’agir, ce qui avait fait défaut au printemps 1940.
Parmi ceux qui ont reconstruit la France défaite, il y a Pierre Messmer, dont le parcours est à la fois exemplaire, riche d’enseignements et porteur d’une espérance dans le destin de la France.
Né à Vincennes le 20 mars 1916, il se destine à l’administration outre-mer du fait de ses études. Mobilisé comme sous-lieutenant en 1939, il est dans l’Allier le 17 juin 1940 avec son ami le lieutenant Jean Simon (1912-2003). Refusant l’armistice demandée par le Maréchal Pétain, ils partent tous les deux à moto vers le sud de la France puis embarquent pour arriver à Gibraltar. Débarqués à Liverpool le 16 juillet 1940, ils s’engagent dans les Forces françaises libres (FFL) du général de Gaulle.
Pierre Messmer est un gaulliste « historique ». Fait Compagnon de la Libération dès le 23 juin 1941 à la suite de sa participation aux campagnes de la 13e Demi-brigade de Légion étrangère (13e DBLE), il est de toutes les batailles et reçoit la Légion d’honneur des mains mêmes du Général le 11 novembre 1944 au pied de l’Arc de Triomphe.
Après-guerre et sous la IVe République, il est administrateur de la France coloniale avec toutes les épreuves de la décolonisation, de l’Indochine à l’Afrique subsaharienne, puis avec le drame algérien.
Avec le retour du général de Gaulle aux affaires en 1958, il entame une très longue carrière ministérielle, avec notamment deux portefeuilles où il a pu exercer une influence durable.
Il est ministre des Armées de 1960 à 1969 et possède ainsi la plus longue longévité à ce poste depuis le début de la Ve République. Il va ainsi profondément transformer l’institution encore engluée dans le conflit algérien avec le putsch des généraux en avril 1961. Il fait basculer les armées dans la montée en puissance de la dissuasion nucléaire autour des Mirage IV, en accélère la modernisation avec l’arrivée de nouveaux équipements comme les chasseurs Mirage III, les chars AMX 13 puis 30, les sous-marins de la classe Daphné et de nombreux autres projets dont les nouvelles écoles de Saint-Cyr Coëtquidan ou l’École navale à Lanvéoc-Poulmic avec ses nouveaux bâtiments inaugurés par le général de Gaulle en 1965. On peut affirmer que Pierre Messmer a été le transformateur de nos armées en les faisant passer de la période douloureuse de la décolonisation à celle de la protection de nos intérêts vitaux autour de l’arme nucléaire qui est devenue opérationnelle durant cette période.
Il devient Premier ministre en 1972, succédant à un autre Compagnon de la Libération, Jacques Chaban-Delmas, en désaccord avec le Président Georges Pompidou. Après l’élection de Valéry Giscard d’Estaing en 1974, il poursuit sa carrière de parlementaire avant de se retirer de la vie politique en 1988. Il exerce alors un magistère d’influence, perpétuant l’esprit du gaullisme. Élu à l’Académie française en 1995, il est également président de la Fondation de la France libre et reste fidèle à la Légion étrangère où il avait servi notamment à Bir Hakeim. Il meurt le 29 août 2007 à Paris, à l’âge de 91 ans.
Ce parcours exemplaire s’est inscrit dans l’histoire de France avec la volonté de Pierre Messmer de ne pas subir mais bien d’agir, que ce soit sous l’uniforme ou, plus tard, sous les ors de la République. Son rôle dans la construction de notre défense telle que nous la connaissons encore aujourd’hui a été central sous la direction du général de Gaulle, président de la République.
En regroupant ici les huit articles et conférences publiés entre 1963 et 1998, dans ses colonnes, la RDN souhaite rappeler combien notre défense doit à Pierre Messmer et combien son rôle a été décisif dans la transformation de nos armées, alors même que celles-ci sont aujourd’hui confrontées à de nouveaux défis exigeant engagement, détermination et ambition. ♦








