L’enseignement de De Gaulle est à la fois transversal et central. Transversal, parce qu’il traverse le siècle de sa vie, de la génération du feu de la Première Guerre mondiale à la crise des années 1930, dont le Général est un témoin déchiré tout en s’efforçant de s’imposer comme acteur, de l’épreuve du second conflit mondial à l’épreuve de la reconstruction, de la crise algérienne à la modernisation du pays et à la restauration de son rang via la Ve République. En un sens, l’histoire française se confond avec le personnage central de son histoire contemporaine et ses idées, ses choix, ses décisions pendant l’essentiel du XXe siècle. Un homme, une Nation, une histoire. La force du destin.
De Gaulle. La force du destin
« Je retrouve enfin le général de Gaulle. Quoiqu’intellectuel de gauche et fort peu militariste, j’ai été impressionné par ce haut personnage marmoréen. Il parlait peu, ne se livrait jamais. Toujours distant, c’est-à-dire maintenant la distance entre lui – le général – et nous – les officiers de l’état-major – nous ne l’aimions pas mais nous le respections. Nous avions confiance en lui. Très courageux […], toujours calme, même dans les circonstances les plus difficiles, il nous a appris que la principale qualité d’un homme consiste à garder la maîtrise de soi au milieu des périls […]. Déjà le général de Gaulle était un personnage que l’on admirait, que l’on suivait, que l’on servait avec un dévouement total. (1) »
De Gaulle est, d’abord et avant tout, un militaire et un chef. Il est aussi et en même temps un homme d’étude, d’analyse, de décision. C’est l’histoire qui le construit, qui le décide, qui le met en mouvement. Il peut donc être paradoxal de vouloir l’enseigner, c’est-à-dire de prendre le risque de le figer, de le réduire ou, bien pire, de faire disparaître le sujet derrière l’objet de l’écriture et, ici, de l’enseignement. Ce serait le contraire de l’esprit et du sens de sa pensée et de son action que de les enfermer ou de les contraindre, tant le Général lui-même attachait « trop d’importance aux circonstances et trop de prix à sa liberté » (2).
L’enseignement, la formation, la transmission du savoir font partie du combat pour la Nation : prisonnier de guerre de 1916 à 1918, de Gaulle occupe son temps à préparer et à donner des conférences pour ses compagnons d’infortune. Il s’informe, il les forme et il les tient informés, notamment des faiblesses du système politique et militaire allemand, seul exercice utile rendu possible par la situation. Après la guerre et revenu de Pologne où il fait campagne en 1920 devant Varsovie, il écrit le récit qu’il vient de vivre, lui confère une profondeur de champ historique et militaire, prend et fait prendre la mesure de ce que ces évènements ont de tragique, de glorieux et de fondateur. Cette volonté d’enseigner, par l’étude et la pratique pédagogique passées au crible de l’expérience des combats le conduit dans les années 1920 et 1930 à occuper des postes d’enseignant d’histoire et de conférencier à Saint-Cyr et à l’École de Guerre, où il imprime sa marque, laisse sa trace, rédige des livres. Le fil de l’épée, Vers l’armée de métier, La France et son Armée.
Il poursuit ce travail par l’exemple ensuite, dont le verbe conçu, théorisé et exposé avec un style reconnaissable entre tous conduit aux Mémoires de Guerre et aux Mémoires d’Espoir, explication somme toute très pédagogique de l’action gaullienne, avant même et afin que d’« être source d’ardeurs nouvelles ». De Gaulle est ainsi le meilleur pédagogue de son œuvre et de son action parce qu’il s’appuie, comme toute pédagogie véritable, sur une parfaite maîtrise de la discipline qu’il expose et qu’il a, pour partie, composée.
L’enseignement de De Gaulle est à la fois transversal et central. Transversal, parce qu’il traverse le siècle de sa vie, de la génération du feu de la Première Guerre mondiale à la crise des années 1930, dont le Général est un témoin déchiré tout en s’efforçant de s’imposer comme acteur, de l’épreuve du second conflit mondial à l’épreuve de la reconstruction, de la crise algérienne à la modernisation du pays et à la restauration de son rang via la Ve République. En un sens, l’histoire française se confond avec le personnage central de son histoire contemporaine et ses idées, ses choix, ses décisions pendant l’essentiel du XXe siècle. Un homme, une Nation, une histoire.
Il faut en premier lieu se pénétrer des origines sociales et des attaches familiales du jeune Charles de Gaulle, né en cette fin du XIXe siècle dans une bonne famille bourgeoise où l’aisance relative ne se confond jamais avec une oisiveté condamnable. Enfant du Nord, dont il connaît l’histoire de terre de passage au moins autant que la forte identité, il est élevé dans une famille catholique et cultivée, fait des études solides, un peu à l’ombre d’un père enseignant et patriote, chrétien et républicain. Il en retiendra la pensée, la culture et la tradition. Après une scolarité de bonne facture dans un cadre confessionnel, il entre dans l’Armée et à l’École spéciale militaire. La vie militaire qu’il a choisie et à laquelle il s’astreint le conduit au 33e régiment d’infanterie que commande, alors, le colonel Pétain. Le tout jeune officier subalterne apprend le métier des armes sous les ordres d’un chef plus vieux que lui de trente-quatre ans, mais dont le caractère, l’expérience, l’indépendance d’esprit sont ceux d’un officier de troupe, d’un bon chef de corps, d’un professionnel réfléchi.
De Gaulle subit l’épreuve du feu dès l’entrée en campagne, et de Dinant à Verdun, de 1914 à 1916, il combat comme officier d’infanterie. Blessé sur le champ de bataille de Verdun, au début de l’offensive allemande, il est laissé pour mort et fait prisonnier. L’expérience de la captivité est un fardeau qui pèse sur les épaules du Général jusque très tard dans sa vie (3). Dès son retour de camp et aussi pour dépasser deux années perdues, il se porte volontaire pour l’Est, avec l’armée polonaise, où tout se joue pour arrêter la poussée militaire et révolutionnaire des Soviet sur la Vistule même, aux portes de Varsovie. Il alterne ensuite postes d’état-major, missions d’instruction et service dans la troupe, jusqu’au début des années 1930. La France, l’Allemagne, le Liban, pour un bien court séjour. L’appartenance ambigüe à la « Maison Pétain ». De longs et superbes exercices d’écriture comme terrain du retour de l’expérience, de maturation de la pensée, de l’élévation de l’esprit.
Les années 1932-1937 sont décisives. Affecté au Secrétariat général de la défense nationale, le lieutenant-colonel de Gaulle se trouve d’un coup placé au centre de cette administration d’état-major qui, réunissant départements ministériels et états-majors, civils et militaires, est chargée de préparer « l’organisation de la Nation pour le temps de guerre », pour reprendre le titre de la loi du 11 juillet 1938. Il y acquiert une culture administrative, institutionnelle, économique. Ainsi adossé à une connaissance d’ensemble des questions militaires peu commune et qui les dépasse largement, peu conformiste, partisan d’une armée de métier mécanisée et blindée, il rencontre des personnalités politiques qui pour certains l’écoutent, tel Paul Reynaud, ou moins, tel Léon Blum.
Vient le temps de guerre. Officier de chars, ayant commandé un régiment de chars de combat puis les chars de la Ve armée, il est appelé à prendre le commandement d’une des très rares unités où sont concentrés, mais bien moins que dans la Wehrmacht, les chars : la 4e division cuirassée de réserve (DCR), dont la formation est d’ailleurs inachevée. C’est à sa tête qu’il monte plusieurs contre-offensives pour arrêter la poussée des forces allemandes qui disloquent le front français (4). Il entre dans le gouvernement Reynaud le 6 juin 1940 et le quitte le 16. En dix jours, le Général est devenu politique. En un appel, il entre dans l’histoire.
Le général de Gaulle lance le 18 juin 1940 l’appel célèbre, alors que les conditions de l’armistice ne sont pas connues, que le gouvernement britannique n’a pas rompu avec le gouvernement français, que les ministres britanniques eux-mêmes sont partagés sur la ligne à suivre. L’appel, délibérément court, se veut rationnel : la France, avec son Empire demeure une force essentielle ; l’Angleterre « tient la mer » ; « l’immense industrie des États-Unis » rentrera dans le jeu, parce que « cette guerre est une guerre mondiale ». C’est aussi un appel calculé. Si l’on sait que Pétain demande l’armistice, nul ne sait quel pouvoir va se mettre en place en France. C’est donc sur le terrain de la lutte et aux combattants qu’il s’adresse. Pas de ligne de partage politique ou idéologique, ni même militaire ; c’est trop tôt. De Gaulle prend cependant date, en désignant les responsables de la défaite : « Les chefs qui, depuis de longues années, sont à la tête des armées françaises. »
Un mot, un seul, dans cet appel, éclaire le présent et l’avenir : « résistance » (5). Nulle connotation militaire ou politique, mais une posture morale. C’est cette posture morale qui inspire, de 1940 à 1944, De Gaulle et ceux qui le suivent, dans la France libre et dans la Résistance. C’est cette posture qui donne, par avance, la signification des années qui viennent. Moment assez rare dans l’histoire, pour qu’on y insiste. Il s’agit bien de la rupture d’un destin et d’un geste de fondation qui s’apprête à bouleverser autant le cours de la guerre que sa propre vie, marquant ainsi l’identification entre l’acte résistant et l’homme. Le refus de l’armistice et de la capitulation, c’est De Gaulle résistant et s’arrachant, par-là même, à ses origines, à son état d’officier, à sa carrière pour entrer dans la rébellion, dans l’indiscipline, dans la pleine conscience d’un individu qui fait le choix de cette conscience et de sa liberté face au collectif et aux corps constitués.
Si le discours du 18 juin n’est pas encore un discours politique, c’est déjà un discours de liberté, c’est-à-dire « un système de courage » comme l’écrivait Charles Péguy. Il est à la fois une anticipation et un calcul. Anticipation des conditions terribles et dégradantes de l’armistice, calcul sur le choix que l’Empire et, surtout, l’Afrique française du Nord (AFN) pouvait faire de continuer le combat. Ce n’est que lorsque les conditions de l’armistice sont connues, le 21 juin, et notamment celles relatives à la flotte de guerre française, que le Cabinet de guerre britannique ratifie, en quelque sorte le choix du Premier ministre : De Gaulle s’est engagé, il sera soutenu. C’est et ce n’est que dans ce contexte que l’on explique la reconnaissance du jeune général en qualité de « chef de tous les Français libres, où qu’ils se trouvent » le 28 juin, par le gouvernement de Sa majesté et les débuts de la France libre, « ces hommes partis de rien », selon la belle expression de René Cassin.
L’acte fondateur de la France libre, le 28 juin, rassemble en une unique autorité tout acte de résistance (6). Ainsi l’évoque, le 30 mars 1947, à Bruneval, sur la côte normande, le général de Gaulle. « En vérité, la Résistance française, c’était la défense nationale ! […] qu’elle luttât dans les rangs de nos troupes des maquis ou dans ceux de nos grandes unités débarquées sur nos côtes, ou sur les mers, ou dans le ciel, qu’elle servît à découvert ou en secret […], elle était l’effort de guerre de la nation luttant pour sa vie et pour celle des autres […]. Mais elle fut, et il fallait qu’elle fût, une et indivisible comme la France qu’elle défendait. C’est justement parce que la Résistance, c’est-à-dire la défense […], une fois de plus dans notre histoire mais dans le plus extrême péril, a finalement et pour un temps reforgé la solidarité française, qu’elle a sauvé non point seulement le présent, mais l’avenir de la nation, en faisant refleurir en elle, dans le sang et dans les larmes, la conscience de son unité. (7) »
Londres. De l’Angleterre qui résiste seule face à l’Allemagne nazie et ses vassaux, le général de Gaulle appelle à la résistance militaire, entraîne l’organisation d’une Armée, fait reconnaître la France qui reste libre avec le soutien de sir Winston Churchill, Premier ministre de Sa majesté. L’Angleterre et les territoires ralliés, au premier rang desquels les possessions de l’Outre-mer fournissent une base d’arrivée et de départ pour quelques milliers de Français libres, dont les victoires militaires sont aussi des symboles, telle celle de Leclerc à Koufra, en janvier-mars 1941 et au Fezzan en mars 1942 (8), à Bir Hakeim avec le général Koenig en mai-juin 1942. La question des relations entre la France libre et des résistants qui manquent de moyens mais ne veulent pas de tutelle est posée dès la fin de 1941. Mission de Jean Moulin en janvier 1942 ; création de l’Armée secrète ; rapprochement entre les mouvements dans un comité de coordination de la zone Sud, en novembre 1942. Les combats des Forces françaises libres (FFL), des Forces navales françaises libres (FNFL) sur et sous les mers, des Forces aériennes françaises libres (FAFL) dans les airs, renforcent la légitimité de l’action du général de Gaulle. Toutefois, le 8 novembre 1942 a lieu le débarquement anglo-américain en Afrique française du Nord. Ni le général de Gaulle, ni la résistance organisée ne sont associés, consultés, prévenus. À Alger, un piètre scénario se joue entre les Américains, les Britanniques, le général Giraud, c’est-à-dire Weygand sans Vichy et le général de Gaulle, c’est-à-dire la France qui se bat, de janvier à juin 1943. Le soutien de la Résistance à de Gaulle est un facteur véritablement capital dans la crise d’Alger, des mois de novembre 1942 à juin 1943. Devenir de Gaulle prend du temps (9)…
C’est en effet dans le même temps qu’ont lieu le tournant de l’organisation, des mouvements et des réseaux de la Résistance intérieure (10) et une mutation de la France libre : reconnaissance de la France libre (11), de la France combattante (à partir de juillet 1942) et de la Résistance extérieure, avec la création du Comité français de la libération nationale (CFLN) à Alger, le 3 juin 1943 puis, un an plus tard, du Gouvernement provisoire de la République française (GPRF). La compréhension fine, par le général de Gaulle, des relations entre les forces et les pouvoirs qui les composent, à partir de la problématique du contrôle politique et militaire de la Résistance et en contre-point de la création du Conseil national de la Résistance (CNR), dans l’étude de la pluralité des situations (Paris, la province, les zones Nord et Sud) permet d’éclairer la question du pouvoir à la Libération et de comprendre le rétablissement de la légalité républicaine.
Demeure la question des relations interalliées, en particulier avec les États-Unis d’Amérique, dans le domaine de l’exercice de la souveraineté politique. C’est la question, liée à la précédente, de la place et du rôle des armées françaises dans la Libération et dans la Victoire, jusque-là intégrées et soumises au commandement allié, c’est-à-dire américain et de la place et du rôle de celles-ci dans l’après-guerre (12).
La libération du territoire obtenue sans guerre civile comme cela peut se produire ailleurs, avec un jeu complexe vis-à-vis des communistes, avec le concours des armées de la liberté et avec la mise en place d’une administration française, le GPRF peut, sous l’autorité de son chef, engager des réformes conçues avant la guerre, puis à Londres et à Alger, enfin dans la Résistance, avec le concours pas forcément convergeant des anciens et des nouveaux partis, des syndicats et des résistants eux-mêmes, du moins ceux qui choisissent de poursuivre, après la lutte, une autre forme d’engagement (13).
Si de Gaulle, la République et la France libre composent une trinité singulière (14), le consensus se délite bien vite ; la question des institutions entraîne de rudes oppositions ; en janvier 1946, le général de Gaulle démissionne à la suite d’un débat houleux sur la reconstitution d’une véritable force armée et donc des crédits de la défense nationale, face à une Assemblée qui l’a défié à propos d’une question essentielle à ses yeux. Suivent dix ans de « traversée du désert », pendant lesquels le général de Gaulle constate l’échec du Rassemblement du peuple français, le RPF, son impuissance agacée de chef de parti, l’incapacité de ceux qui le suivent encore à changer le cours de la politique française. Le RPF ne parvient vraiment ni à incarner un gaullisme d’opposition, encore moins à disputer le pouvoir aux partis qui composent la IVe République (15).
Il n’empêche que durant ces années, une relation singulière et différente se noue avec les Français. La parution des deux premiers tomes des Mémoires de Guerre, en 1954 et en 1956 la conforte. La position du général de Gaulle, en retrait mais aussi en recours, l’autorise. Ses idées qui sont connues : attachement à l’indépendance nationale dans un cadre de liberté à l’Ouest et sans intégration dans une Europe vassale, décolonisation et association avec des peuples libres, réforme des institutions et progrès social, se diffusent largement et constituent non un corps de doctrine mais une pensée et des principes.
En 1958, le Général a 67 ans. Il a conscience du temps qui passe. Il sait qu’il est urgent d’agir. Est-ce trop tard ? La guerre qui dure depuis près de quatre ans, les événements d’Algérie et la prise du pouvoir par l’Armée à Alger, le 13 mai 1958 sont autant d’éléments qu’il observe, qu’il connaît de l’intérieur et qui lui donnent les moyens de rentrer dans le jeu. Revenu au pouvoir en juin 1958, il lui faut six mois pour changer de régime. Il lui faut quatre ans pour régler la question algérienne (16).
Gagner la guerre en Algérie puis négocier en position de force, sans qu’une issue seulement militaire puisse en décider, avec le concours de l’Armée et le soutien de l’opinion publique en métropole : rien n’est simple au printemps 1958. Le 16 septembre 1959, après une série de victoires militaires sur le terrain, de Gaulle met vingt minutes pour enterrer l’Algérie française en évoquant l’« autodétermination ». Le 29 janvier 1960, « les Algériens pourront librement décider de leur destin ». Faute de leur donner une égalité impossible à ses yeux, ils auront la liberté qu’ils réclament, comme le montrent les musulmans d’Alger et d’ailleurs, le 11 décembre 1960. La maîtrise du tempo et le croisement des courbes : celle des victoires militaires françaises et de l’échec de l’Armée de libération nationale algérienne, celle du soutien du Front de libération nationale (FLN) sur la scène internationale, celle du soutien de l’opinion publique au Général, font le reste. Le « pouvoir insurrectionnel » qui s’établit à Alger le 21 avril 1961, en pleine crise internationale, dure quelques jours. L’Armée, qui était restée dans le rang en juin 1940 malgré l’appel du 18 juin, rentre dans le rang en 1961 après l’appel du 23 avril. C’est la fin d’une longue séquence d’intervention des militaires sur la scène politique en France (17).
Le terme de la décolonisation de l’Algérie est à la fois nécessaire et tragique, fait de négociations qui aboutissent aux accords de cessez-le-feu d’Évian, le 19 mars 1962, d’assassinats, d’attentats, de déprédations perpétrés en Algérie et en France par l’Organisation de l’armée secrète (OAS) et par le FLN, y compris avant et après le 2 juillet et l’indépendance de l’Algérie. La fin de 130 ans de présence française et de huit ans de guerre en Algérie s’achève par le départ des Européens et la tragédie des harkis, auxquels le Général oppose un réalisme froid et un détachement impassible.
En avril 1962, Georges Pompidou est nommé Premier ministre. Les institutions de la Ve République, qui doivent tout au général de Gaulle et le reste à Michel Debré, Garde des Sceaux puis Premier ministre de juin 1958 à avril 1962, ont dessiné les contours d’un régime qui fait converger la majorité présidentielle, la majorité gouvernementale et la majorité parlementaire, en les inscrivant de surcroît dans la durée. Le tournant de la Ve République et l’élection de son Président au suffrage universel direct est cependant d’une autre nature : il réunit pour le général de Gaulle la double légitimité de l’histoire et du peuple, fondement du gaullisme. Opposition de l’Assemblée et vote de défiance, dissolution et réforme de la Constitution, reconduction du Premier ministre : c’est la deuxième naissance de la Ve République.
De Gaulle a toutes les cartes en mains au début des années 1960. Il s’appuie sur un entourage de fidèles (André Malraux, Pierre Messmer, Pierre Joxe, Christian Fouchet…), un cercle de barons (Jacques Chaban-Delmas, Michel Debré, Olivier Guichard…), un socle de grands commis (Pierre Guillaumat, Paul Delouvrier, Pierre Sudreau…) avec des liens et des passerelles entre les uns et les autres (18). Il peut engager un ensemble de politiques publiques bien souvent novatrices, qui remettent la France en mouvement : ainsi de la culture (19), ou de l’éducation (20). Ayant réglé la question algérienne, il peut s’appuyer sur la dissuasion nucléaire et l’indépendance nationale, tracer le chemin de la grandeur et de la souveraineté, imprimer sa marque, celle de la France, « au milieu des peuples du monde » (21). L’Europe en est le cadre et le moyen de peser vis-à-vis des États-Unis et face à l’Union soviétique. Oui à l’Allemagne du chancelier Adenauer, non à l’Angleterre du Premier britannique : Colombey et son accueil quasi-familial dès septembre 1958, Mourmelon et les chars de combat, Reims et la sacralisation du couple franco-allemand à l’été 1962. Quatorze discours en allemand et en Allemagne, du 4 au 9 septembre 1962. Le traité de l’Élysée du 22 janvier 1963 qui, même vidé d’une bonne part de sa substance par un préambule atlantique, fait du couple franco-allemand et jusqu’à nos jours, le moteur de l’Europe (22). Mac Millan confirme la relation spéciale entre l’Angleterre et les États-Unis à Nassau, en décembre 1962, en l’étendant à l’arme nucléaire.
Ni la botte communiste, ni le protectorat américain, mais une politique extérieure de la France dans l’Europe qui prend et assume une tonalité anti-américaine, malgré l’estime du Général pour Kennedy, trop tôt emporté par la mort. La Chine, reconnue en 1964, le défi lancé à la guerre américaine en Indochine et le discours de Phnom Penh de 1966, le discours de Montréal de juillet 1967, le recul et la prise de distance adossés à une profondeur de champ de la réflexion historique à l’égard de l’État d’Israël et l’attitude vis-à-vis du Proche et du Moyen-Orient en sont les manifestations. C’est aussi le cas des visites du Général en Amérique du Nord, en Amérique centrale et en Amérique du Sud, qui sont dans la même veine. En dépit de l’éloquence polyglotte du chef de l’État, si la France n’a pas toujours et partout les moyens de se substituer aux États-Unis, ni en même temps de contenir la Russie des Soviet, demeure l’incontestable popularité personnelle du Général, comme lors de ses voyages à l’Est. Le système bipolaire persiste et permet la stabilité du monde pour un demi-siècle, mais la France y joue une partition singulière, à la fois séparable et non-séparée comme les forces armées de la France dans l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (Otan).
Bayeux, le 14 juin 1952 : « La défense ! C’est la première raison d’être de l’État. Il n’y saurait manquer sans se détruire lui-même. (23) » La mise en ordre de la façon dont notre pays se défend découle, pour l’essentiel, de l’ordonnance de 1959 et des décrets des années 1960-1961. Le contexte des années 1960 est connu : une menace majeure, massive, militaire et mondiale, à nos frontières. Un acteur essentiel et quasi-unique : l’État. Une approche qui ne s’effectue plus armée par armée, mais par attributions ministérielles : à la Défense, la défense militaire ; à l’Intérieur, la défense civile ; à l’Économie, la défense économique. L’unité du tout est assurée par le gouvernement, sous l’autorité du président de la République (24).
Il s’agit d’une réflexion longue, dont les origines datent des années 1930 et dont les textes qui la portent ont été conçus et, pour une part, rédigés par le général de Gaulle lui-même. On sait l’importance, l’ancienneté et la maturité des analyses de De Gaulle en la matière, alors qu’il est l’un des chefs de service du Secrétariat général permanent de la défense nationale, de 1932 à 1937. D’avoir été, pendant les cinq années qui précèdent, au cœur de ce chantier que la guerre arrêtera, en septembre 1939, représente un élément important de la construction de la culture administrative, militaire et politique du Général. L’organisation de la défense de la France voulue et mise en place par le général de Gaulle est aussi une conséquence de l’« étrange défaite » de juin 1940 et de la conscience que celle-ci, pour une bonne part, résulte d’un grave défaut d’architecture gouvernementale et militaire (25), et de l’échec de la défense des frontières dont la matérialisation la plus achevée, sinon la plus excessive fut la ligne Maginot.
Ne nous y trompons cependant pas. Ce qui change fondamentalement la donne, dans les années 1960, c’est la force de frappe et la dissuasion : Mirage IV, missiles du plateau d’Albion, sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE). Il n’est plus question, dès ces années-là, de politique « navale », ou de l’armement terrestre, ou bien encore aérienne dans l’esprit du général de Gaulle, mais d’une seule et unique politique de défense, arrêtée au plus haut niveau de l’État et par son chef. La dissuasion, c’est l’indépendance nationale. Le nucléaire, c’est la dernière des armes, aux mains du premier des Français (26). C’est dans ce cadre et pour conférer une cohérence d’ensemble à la politique de défense nationale de la France qu’il faut resituer la volonté du Général de doter l’Armée de terre, la Marine nationale et l’Armée de l’air des matériels les plus modernes, dans le cadre de lois de programmation pluriannuelles dont les engagements budgétaires seront respectés durant sa présidence, conférant ainsi et de surcroît, à l’industrie d’armement française des vues sur l’avant, une assurance pour investir, une base pour exporter (27).
C’est dans ce contexte qu’il décide que le 7 mars 1966, les troupes de l’Otan qui stationnent en France devront l’avoir quittée, comme les militaires français auront quitté, au même moment, les organismes de planification intégrées de cette organisation. Il aura mis huit ans pour y parvenir, sans pour autant cesser d’être, pour les États-Unis et nos Alliés, dans le cadre de l’Alliance atlantique, le plus sûr soutien dans les crises majeures des années 1960, comme Cuba ou Berlin (28).
Tout se tient donc : le général de Gaulle met en place un État fort et respecté, des institutions solides et stables, un outil militaire efficace et dissuasif, qui garantissent pour trente ans l’indépendance nationale, le rang de puissance de la France, une place singulière sur le plan politique et militaire. Cette approche est énoncée et, en quelque sorte, silicifiée par le Livre blanc sur la défense nationale de 1972, auquel Michel Debré, ministre d’État et ministre de la Défense nationale, apporte la légitimité et la tonalité de celui qui s’estime et qui se pose comme le dépositaire de la pensée et de l’action du général de Gaulle en matière de défense (29). La défense, c’est la défense des frontières (30) de la France et le respect de ses engagements.
En 1965, le général de Gaulle a 75 ans. La vieillesse et la succession : deux questions qui se posent et qu’il se pose, plus qu’on ne les lui pose. Entré tardivement en campagne, lui que François Mitterrand a accusé l’année précédente d’être l’instigateur d’un « coup d’État permanent » est mis en ballotage, puis élu avec 55 % des suffrages. De la mystique à la politique : l’après-De Gaulle s’annonce.
La France du général de Gaulle a épousé son siècle (31). D’une société rurale, provinciale et boutiquière, la France évolue vers une société urbaine, industrielle et ouverte. Elle change plus en dix ans que depuis le XIXe siècle. Une monnaie stable et solide, une industrie lourde à base de regroupement d’entreprises, des infrastructures nouvelles : les autoroutes, les voies ferrées, les ports et les transports. Le France et le Concorde. Un État stratège, l’ardente obligation du Plan, une recherche scientifique encouragée au plus haut niveau de l’État, avec quatre fois plus de chercheurs en 1968 qu’en 1958.
Avec un taux de croissance de 5 à 6 % par an, le niveau de vie et la consommation s’élèvent. La France du Général, c’est l’automobile et l’urbanisation. Plus de 1 400 logements construits par jour, avec des résultats pas toujours très heureux, comme les villes-dortoirs, les ZAC et autres ZUP qui donnent naissance à des maladies nouvelles qui affectent les habitants de ces grands ensembles, comme la « sarcellite » ! Une partie des territoires reste cependant à l’écart de ce grand mouvement, comme des pans entiers de l’Ouest, du Sud-Ouest et du Massif central.
Cette France moderne couvre une société en crise. La crise est couverte en 1967, ouverte en 1968. Les causes en sont plurielles. C’est une révolution démographique et sociale, en même temps. Un quart des Français a moins de 20 ans en 1968. Ces enfants du Baby Boom composent une vague nouvelle, qu’annoncent les Godard et les Truffaut et un acteur nouveau : la jeunesse. Hausse sans précédent des effectifs scolaires, puis universitaires. Évolution, puis révolution des mœurs ; 2 500 collèges construits en dix ans et loi Neuwirth. C’est à l’Université que le choc est le plus fort. Les enfants des classes nouvelles composent les plus gros effectifs d’un enseignement supérieur dont la dernière grande réforme remonte à Ernest Lavisse (début du XXe siècle !). Un tiers de boursiers, des comportements nouveaux pour des codes anciens, un malaise et un mal-être (32).
On connaît la suite (33). La Sorbonne occupée, évacuée, réoccupée et réévacuée. Une crise étudiante qui dégénère en affrontements violents, du 6 mai au 10 mai 1968. Un Premier ministre qui comprend que l’ordre ne suffit plus (34), un chef de l’État qui n’évoque que l’autorité de l’État, une génération vite cimentée par la répression. L’opinion publique et les syndicats se solidarisent avec un mouvement qui s’étend. Le 13 mai 1968 est un 13 mai 1958 à l’envers : « Dix ans, ça suffit ! » ; 7 millions de grévistes paralysent le pays. Rentré d’une contrée où l’ordre règne, le général de Gaulle entend à la fois montrer qu’il entend le mouvement qui s’est levé, affirmer l’autorité de l’État, rétablir l’ordre. Pour la première fois, ses réactions sont à contre-temps. La magie du verbe n’a plus de prise. Le discours du 24 mai est juste, mais il sonne faux. Est-ce l’heure de Georges Pompidou ? Le Premier ministre, solide à son poste, négocie à Grenelle le 25 mai. Rien n’y fait : les communistes sont dans la rue le 29.
Le même jour, le Général disparaît. De Gaulle est à Baden-Baden, chez le général Massu. C’est l’Armée dont il s’assure de la loyauté, au cas où. Cette Armée qui avait été contre Dreyfus, puis pour Pétain, puis pour l’Algérie française. Est-ce Massu, est-ce De Gaulle lui-même qui évite un nouveau Varennes ? Le Général revenu à Paris reprend la main, parle à la radio, dissout l’Assemblée. Ce ne sera pas un 18-Brumaire ; pas plus qu’un nouveau 18 juin, cependant.
L’essence revient, les écoles rouvrent, la France se remet au travail. Les élections de juin sont une victoire pour la pouvoir en place. Quel pouvoir, et qui au pouvoir ? le couple De Gaulle-Pompidou s’est défait en mai. La faille s’élargit en juin. « Il paraît que votre mari a gagné les élections », comme le dit le Général à Claude Pompidou. De Gaulle entend relancer les réformes, engager la participation, réduire le Sénat. Il l’annonce à Quimper, le 2 février 1969. Ce sera un référendum. Un nouveau sacre. Une légitimité nouvelle. Lucide comme un astre déclinant, le Général énonce la fin le 25 avril à la radio : si la réponse est non, « je cesserai aussitôt d’exercer mes fonctions ». Il s’en va le 27. Le souverain de la Ve République, c’est le peuple. Le Général quitte le pouvoir et entre dans l’histoire (35).
Que retenir au présent de ce portrait d’un homme dans l’histoire ? En premier lieu, que De Gaulle est là où tout se joue et, d’abord, le destin de la France. Deux guerres mondiales, la Libération du pays et la refondation républicaine, la constitution et la reconstruction d’une puissance française. L’histoire de notre pays se lit, pendant les deux tiers du XXe siècle, à la mesure d’une histoire personnelle qui rencontre comme rarement et quelquefois façonne un destin collectif. Ensuite, que De Gaulle est l’homme des choix. Parfois déchirants, souvent risqués, mais à terme fondateurs. L’« âpre joie d’être responsable » permet aussi de comprendre le 18 juin 1940, à l’origine minoritaire, et qui ne devient choix de raison qu’avec le temps. Le choix de l’indépendance algérienne est un choix déchirant, pour lequel De Gaulle fait face à une forme de guerre franco-française. Ces choix se nourrissent d’une profonde connaissance de l’histoire de notre pays et d’une ambition de grandeur mue par la volonté de lui réserver un rôle ainsi qu’une place dans le monde à la hauteur d’« une certaine idée de la France ».
Ainsi, la Ve République réconcilie-t-elle deux traditions constitutionnelles nées de la Révolution : une tradition parlementariste et une tradition d’efficacité exécutive. De même, des choix de politique étrangère : les relations avec les États-Unis, avec la Russie, avec le monde arabe, avec l’Afrique, si l’on peut parler dans ce dernier cas de politique extérieure naissent à la fois de traditions séculaires de la politique étrangère de notre pays et d’une vision du général de Gaulle qui ne conçoit, dans les intérêts des États-Nations, que l’essentiel des permanences par-delà du plus ou moins éphémère, telles que la formation des blocs ou la coloration, par les idéologies concurrentes, des relations internationales. Il n’empêche qu’il aura toujours été aux côtés des peuples libres et qui entendent le demeurer.
Cet ouvrage repose sur un postulat, né de ces constats : De Gaulle, sa pensée, ses chemins et son œuvre composent une puissante clé de compréhension d’enjeux majeurs pour l’histoire de notre pays et pour son présent. Rendre au Général la continuité de son histoire présente ainsi l’avantage de lui donner toute sa cohérence : comment comprendre la Ve République sans connaître le De Gaulle confronté à l’inefficacité gouvernementale des années 1930 ? Comment comprendre la confrontation à la fois exigeante et complexe avec l’idée de modernité à la fois politique, économique et sociale, sans se replonger dans l’éducation du jeune Charles de Gaulle, sa formation d’officier, son expérience du feu et du commandement ? Cette continuité, qui suit un fil à la fois chronologique et thématique, rend au Général sa complexité, évoque ses doutes, n’élude pas les contraintes mais montre également que la pensée gaullienne est une construction permanente, nourrie de quelques principes simples, d’une vaste culture historique et d’un pragmatisme comme d’un sens du moment.
De ce travail et de cette histoire émergent quelques traits marquants.
Le premier est une ligne de force : la grandeur et l’indépendance de la France. Appartenant à la génération d’Agathon, De Gaulle est et demeure fidèle à cette certaine idée de la France. La place de la France dans le monde, la vision qui anime son action en politique étrangère, découle de l’expérience fondatrice du premier conflit mondial, mais l’acte de naissance du gaullisme est avant tout l’effondrement de 1940 et le refus de la défaite. La seconde idée, moins connue, est l’ouverture à la modernité, clé de l’indépendance dans la vision gaullienne. La force de frappe, la modernisation de l’État, l’éducation et la culture : les exemples sont nombreux qui démontrent ce lien. La volonté politique d’efficacité et de rationalité en découle : les institutions de la Ve République sont animées par cette vision héritée des temps militaires. Enfin, c’est le souci de l’homme, car s’il est vrai que De Gaulle a pu par moments préférer la France aux Français, il demeure intact et sous-jacent dans son combat en faveur des valeurs démocratiques, dans son très strict respect des institutions et de la légitimité populaire, que son départ de 1969 illustre, dans cette posture éducative qui ne l’a jamais quitté.
Au fond, par le verbe et par l’action, le général de Gaulle fut un professeur qui fit la leçon à la France. ♦
(1) Louis François, préface à Henri de Wailly, Weygand, De Gaulle et quelques autres. La Somme 16-28 mai 1940, Lavauzelle, 1985, p. XI. Agrégé d’histoire et de géographie, capitaine de réserve, Louis François servit à l’état-major de la IVe division cuirassée de réserve (DCR) commandée par le colonel, puis général de Gaulle en mai-juin 1940. Résistant et déporté, Inspecteur général de l’Instruction publique, il conçut et introduisit l’instruction civique dans les programmes de l’enseignement du second degré après la guerre.
(2) Guaino Henri, De Gaulle au présent, Fondation Charles de Gaulle et Éditions Cherche midi, 2015, p. 10.
(3) Néau-Dufour Frédérique, La Première Guerre de Charles de Gaulle 1914-1918, Tallandier, 2013.
(4) Huard Paul, De Gaulle et ses blindés. Laon, 15-20 mai 1940, Plon, 1980.
(5) Lecoq Tristan et Douzou Laurent (dir.), Enseigner la Résistance, Canopé, octobre 2016.
(6) La Gorce (de) Paul-Marie, Charles de Gaulle, tome 1 : 1890-1945, Nouveau Monde éditions et Fondation Charles de Gaulle, 2008.
(7) Charles de Gaulle, discours prononcé à Bruneval le 30 mars 1947, Discours et messages, t. 2, « Dans l’attente 1946-1958 », Plon, 1970, p. 44-45.
(8) Crémieux-Brilhac Jean-Louis, La France libre. De l’appel du 18 juin à la Libération, Gallimard, 1996.
(9) Barré Jean-Luc, Devenir De Gaulle 1939-1943, Perrin, 2003.
(10) Marcot François (dir.), Dictionnaire historique de la Résistance, Robert Laffont, collection « Bouquins », 2006.
(11) Muracciole Jean-François, Les Français libres. L’autre résistance, Tallandier, 2009.
(12) Lecoq Tristan, « Refaire l’Armée française (1943-1945). L’outil militaire, l’instrument politique, le contrôle opérationnel », Guerres mondiales et conflits contemporains, Presses universitaires de France (PUF), février-mars 2015, p. 137-153.
(13) Guillon Jean-Marie, « Libérer, restaurer, refonder », in Lecoq Tristan et Douzou Laurent (dir.), Enseigner la Résistance, Canopé, octobre 2016 p. 85-105.
(14) Crémieux-Brilhac Jean-Louis, De Gaulle, la République et la France libre 1940-1945, Perrin, 2014.
(15) Lachaise Bernard, De Gaulle et le RPF 1947-1955, Armand Colin, 1998.
(16) Thénault Sylvie, Algérie : des « événements » à la guerre. Idées reçues sur la guerre d’indépendance algérienne, Le Cavalier Bleu, 2012. Harbi Mohammed et Stora Benjamin, La guerre d’Algérie, Robert Laffont, 2004. Branche Raphaëlle, La guerre d’Algérie : une histoire apaisée ?, Seuil, 2005.
(17) La Gorce (de) Paul-Marie, La République et son Armée, Fayard, 1963, chapitre 19 : « La défaite de l’Algérie française ».
(18) Audigier François, Lachaise Bernard et Laurent Sébastien, Les Gaullistes. Hommes et réseaux, Nouveau Monde éditions, 2013. Berstein Serge, Birnbaum Pierre et Rioux Jean-Pierre, De Gaulle et les élites, Fondation Charles de Gaulle et éditions La Découverte, 2008.
(19) Comité d’histoire du ministère de la Culture, Les affaires culturelles au temps d’André Malraux 1959-1969. Journées d’étude des 30 novembre et 1er décembre 1989, La Documentation française, 1996.
(20) Un exemple parmi d’autres : Prost Antoine « L’Éducation nationale : cinq mois pour devenir un grand ministre » in Andrieu Claire et Margairaz Michel, Pierre Sudreau 1919-2012. Engagé, technocrate, homme d’influence, Presses universitaires de Rennes, 2017, p. 99-107.
(21) Vaïsse Maurice, La Grandeur. Politique étrangère du général de Gaulle 1958-1969, Fayard, 1998.
(22) Maillard Pierre, De Gaulle et l’Allemagne. Le rêve inachevé, Plon, collection « Espoir », 1990.
(23) De Gaulle Charles, Discours et messages, tome II : « Dans l’attente 1946-1958 », Plon, 1970 p. 527.
(24) Lecoq Tristan « De Gaulle et la défense nationale. Un modèle de gouvernement » RDN, n° 848, mars 2022 et « De Gaulle et Ailleret » Intervention lors du colloque « Le général Ailleret et la modernisation des armées françaises » (20 mai 2021).
(25) Bloch Marc, L’étrange défaite, Albin Michel, 1957 (1re éd. 1946, éditions Franc-tireur).
(26) Vaïsse Maurice, La France et l’atome. Études d’histoire nucléaire, Bruylant, 1994.
(27) Vaïsse Maurice (dir.), Armement et Ve République. Fin des années 1950-fin des années 1960, CNRS éditions, 2002.
(28) Vaïsse Maurice, Mélandri Pierre et Bozo Frédéric, La France et l’Otan, André Versaille, 2012.
(29) Livre blanc sur la défense nationale, CEDOCAR, 1972 (tome I) et 1973 (tome II).
(30) Lecoq Tristan, « France : de la défense des frontières à la défense sans frontières », Questions internationales n° 79-80, « Le réveil des frontières », La Documentation française, mai-août 2016.
(31) Berstein Serge, La France de l’expansion, Seuil, 1989, tome I : « La République gaullienne (1958-1969) ».
(32) Aron Raymond, La révolution introuvable. Réflexions sur les événements de mai, Fayard, 1968.
(33) Loyer Emmanuelle, « Mai 68 et l’histoire : 40 ans après », Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique, n° 107, 2009, p. 13-22.
(34) Lachaise Bernard, Georges Pompidou et mai 1968, Peter Lang, 2009.
(35) Rotman Patrick, « De Gaulle, le dernier roi de France », Documentaire FR3/Production France télévisions, 27 mars 2017.







