Otan - Les divergences franco-américaines
Ainsi que nous l’indiquions dans notre dernière chronique, le problème de la politique nucléaire de l’Otan (si tant est que l’Otan, organisation intergouvernementale, puisse avoir une politique nucléaire) demeure sans solution. Depuis la session d’Athènes du Conseil Atlantique, peu de faits nouveaux sont intervenus, mais il n’est pas sans intérêt de rappeler où en sont les discussions. Les Américains ont confirmé ce qu’ils disaient depuis la session d’Oslo, il y a un an, et ce qu’avait répété le Président Kennedy à Ottawa dans un discours le 17 mai 1961 : ils sont prêts, quand leurs partenaires auront rempli leurs normes en armements et effectifs classiques, à mettre à leur disposition cinq sous-marins nucléaires (puis plus dans l’avenir) ainsi que des fusées « Polaris ». Étant entendu que les acheteurs auront à en payer le prix (200 milliards de dollars environ pour la première partie du programme). Le mode d’emploi éventuel de ces armes fera, dans la mesure du possible, l’objet de consultations interalliées, étant entendu également que seuls les États-Unis possèdent le pouvoir suprême d’« appuyer sur le bouton ».
Ceci mérite qu’on s’y arrête – ou, plus exactement, qu’on précise trois points :
1. – Le problème de la création d’une force nucléaire qui serait propre à l’Otan et qu’elle contrôlerait demeure inchangé, et pratiquement insoluble : – d’une part en raison du caractère non supranational, mais intergouvernemental de l’Otan, qui ne dispose pas d’un véritable pouvoir politique ; – d’autre part de la législation américaine, qui réserve au Président des États-Unis le droit exclusif de prendre une décision en vue de l’utilisation éventuelle des armes nucléaires. La proposition américaine ne change pratiquement rien à cet état de choses, puisque les sous-marins et les fusées demeureraient sous l’autorité américaine. M. Stikker, secrétaire général de l’Otan, a d’ailleurs lui-même indiqué que ces cinq sous-marins ne constituaient en aucune façon un début de « force nucléaire Otan ».
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