Institutions internationales - Le souvenir de M. Trygve Lie - Désenchantement à l'ONU - Espoirs et difficultés de l'Europe
Au moment où l’on apprenait la mort (30 décembre 1968) de M. Trygve Lie, qui fut le premier Secrétaire général de l’ONU, l’actuel titulaire de ce poste, M. U Thant, se déclarait en faveur d’une action des quatre « Grands » pour tenter de trouver une solution durable à la crise du Moyen-Orient. Certes, M. Thant envisagerait cette action dans le cadre, d’une part de la résolution du Conseil de Sécurité du 22 novembre 1967, d’autre part de la mission du représentant spécial de l’ONU au Moyen-Orient, M. Gunnar Jarring, mais le résultat n’en serait pas moins, dans son principe même, un dessaisissement de l’organisation internationale elle-même au profit des quatre grandes puissances membres du Conseil de sécurité. Si l’on tient compte en outre de la légèreté du bilan de la vingt-troisième session de l’Assemblée générale, on est amené à considérer, une fois de plus, les limites de l’action possible de l’ONU.
Le souvenir de M. Trygve Lie
Le nom de M. Trygve Lie restera associé aux espoirs qu’au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les hommes d’État placèrent dans une organisation internationale qui, tout en s’inspirant de certains des principes de la Société des Nations (SDN), disposerait des moyens nécessaires pour imposer la volonté de paix à un éventuel perturbateur. Ces moyens reposaient, pour l’essentiel, sur le Conseil de sécurité, qui avait le pouvoir de prendre des décisions, plus efficaces que les simples recommandations de l’Assemblée générale. Le premier Secrétaire général fut M. Trygve Lie, de nationalité norvégienne. Mais son élection fut le résultat d’un compromis, et de négociations qui mirent en lumière les difficultés devant lesquelles se trouvait l’Organisation. Le candidat américain était M. Lester B. Pearson, sous-secrétaire d’État canadien aux Affaires étrangères. L’URSS avait proposé M. Stanoye Simitch, ambassadeur de Yougoslavie à Washington, ou à défaut M. Wicenty Rzymowski, ministre des Affaires étrangères de Pologne. Les deux grandes Puissances rejetèrent réciproquement ces candidatures. Les États-Unis proposèrent alors le socialiste norvégien Trygve Lie, que l’URSS accepta – alors que beaucoup de regards se portaient vers le Belge M. Paul-Henry Spaak. M. Trygve Lie entra en fonctions le 2 février 1946.
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